Si elle commençait de façon originale (notre critique du season premiere), la saison 3 de Westworld s’achève en apothéose, même s’il ne se passe pas grand-chose entre temps.
Maintenant arrivée dans le monde réel, Dolores met en place sa révolution. Fier de développer l’intrigue imaginée par Jonathan Nolan et Lisa Joy d’après l’œuvre référencée de Michael Crichton, HBO met le paquet pour donner vie à cette nouvelle saison de Westworld. Entre anticipation et dystopie le show continue de suivre son chemin tout en se parjurant gentiment.
Fini les doubles temporalités, les différentes époques et les contrastes géographiques puisque la saison 3 de Westworld choisit une approche tout ce qu’il y a de linéaire. Que ce soit dans l’intrigue, la réalisation des huit épisodes, les révélations ou les rebondissements, tout est expliqué alors que l’on est soigneusement guidé à travers ce qui était autrefois un joyeux labyrinthe narratif duquel on ne voulait surtout pas s’extraire. On a certes critiqué l’excès de complexité stérile de la saison 2, mais on ne s’attendait pas un développement aussi plat et frontal, dénué des mindblown habituels (ou presque).
Some choose to see the ugliness in this world…
Pourtant, si on est relativement déçu du caractère presque désuet de ces nouveaux épisodes, Westworld demeure un monument télévisuel. Ancré à Singapour pour un tournage plus réaliste que jamais, on quitte les paysages poussiéreux et les laboratoires aseptisés pour se tourner vers l’architecture moderne et bionique. Un techno-thriller aux plans larges et généreux nous tend alors les bras avec véhicules autonomes et contrôle de l’humanité par un système quantique quand robots et humains marchent de concert, plus superficiels les uns que les autres, dans un monde voué au chaos.
On apprécie de voir que la collecte de données de Delos et d’Incite mettent en avant les failles de la violation des droits à la vie privée comme écho à notre futur immuable, terriblement d’actualité. Mais contrairement à cette dystopie inéluctable, on peine à établir clairement le propos de Westworld sous une intrigue révolutionnaire peu épique. Timorée, cette saison essaye des choses, souvent sous exploitées, comme la drogue « genre » ou la création d’un système schizophrène. Et si on retrouve les thèmes chers à la série de HBO, tels que le désir de liberté et l’éveil des consciences, tout paraît ici de faible densité. On ne va nulle part et on ne dit rien non plus, à part l’évidence même.
Quand la première saison portait sur l’avènement de l’intelligence artificielle et la seconde touchait à l’immortalité, le fil narratif de cette troisième saison reste vague. Une histoire de choix ? De libre arbitre ? Pourquoi pas. De quoi mettre en avant le problème d’une saison qui sert plutôt de préambule à la prochaine, apocalyptique, quand celle-ci se contente de poser les bases d’un soulèvement des machines. Les personnages semblent englués dans leur caractère original sans justement faire preuve de beaucoup de choix, de radicalité ou de personnalité à l’instar du très plat Aaron Paul. Pire, certains se retrouvent stéréotypés, enclavés dans leur propre boucle narrative qui est par ailleurs d’une lenteur éléphantesque, étirée à n’en plus finir pour tout donner dans deux derniers épisodes qui résonnent encore comme les plus beaux et intéressants d’une saison narcoleptique.
On attendait beaucoup de cette saison 3 de Westworld qui nous offre de beaux moments de science-fiction mais pâlit cependant d’une narration trop simplifiée et qui ne va pas bien loin. Mais si on choisit de n’en voir que la beauté, c’est pas si mal.