L’annonce de l’arrivée de Ridley Scott sur le petit écran nous hypait particulièrement. Les premiers épisodes de Raised by Wolves nous ont récompensé au-delà de nos attentes !
La Terre détruite par des guerres de religions, deux androïdes, Mother et Father, vont élever des enfants humains sur une planète désertique jusqu’à ce que les sectes ne finissent par les retrouver. On ne présente plus le grand Ridley Scott, le bonhomme qui a quand même créé la franchise Alien ou proposé avec Blade Runner le film de science-fiction ultime. Alors quand il décide enfin de passer sur le petit écran et de réaliser, en plus de produire, les deux premiers épisodes de Raised by Wolves, on crie au génie, tout simplement.
Créé, écrit et showrunné par le scénariste de Contraband ou Prisoners, Aaron Guzikowski, le show de HBO Max lance fort le démarrage de la jeune plateforme avec un sentiment d’excellence narrative et visuelle inédit. Raised by Wolves est, pour le coup, la série de science-fiction ultime, au même titre que Westworld l’était dans ses débuts avant une perte de régime. Une perle donc à ne manquer sous aucun prétexte tant le voyage y est novateur en même temps que savamment référencé.
Blade Prometheus
Durant l’entièreté de ces deux premiers épisodes, le troisième étant réalisé par son fils Luke Scott, Raised by Wolves transpire la patte du maître. Dès l’arrivée des androïdes sur leur nouvelle planète, les grands angles utilisés pour susciter l’impression de gigantisme rappellent sans aucun doute les atterrissages de Prometheus et les amerrissages de Covenant. Rien d’étonnant à cela puisque Dariusz Wolski, le directeur photo chéri du réalisateur, vient grossir l’équipe technique déjà monstrueuse, histoire d’apposer encore plus la marque de Ridley Scott sur cette merveille télévisuelle. Au plus près des personnages, la caméra prend son envol dès que les scènes intimistes et familiales deviennent d’épiques combats dantesques. Un déluge numérique qui nous offre une maestria visuelle ultra lisible, à la profondeur de champ hallucinante et aux effets spéciaux immaculés, qui n’a rien à envier à un récit pertinent.
De son ambiance et construction horrifico-dystopique à sa portée humaniste, le show commence sur les chapeaux de roues pour proposer une richesse scénaristique incroyable. Lancinante, l’intrigue se met en place au fur et à mesure que se déroule l’éducation des jeunes enfants et la narration alterne entre flashbacks, rites initiatiques et infiltration d’une société endoctrinée (avec un Travis Fimmel un peu fantomatique). Une plongée dans les croisades futuristes ou survivalisme en territoire hostile qui évidemment se référencent à Kingdom of Heaven, Seul sur Mars et même Blade Runner lorsque l’esthétique tutoie gentiment le steampunk alors que le propos des androïdes développe une pensée athée, pacifique et utopique. Une mise en garde contre le formalisme religieux et les folies que l’intégrisme provoque. Une sagesse sur l’humain d’autant plus touchante qu’elle est énoncée par des personnages artificiels, mécaniques.
A ce titre, il convient de noter l’extraordinaire performance de l’actrice danoise Amanda Collin, qui parvient de façon incroyable à donner vie à une androïde ambivalente. Tantôt figure maternelle touchante ou ange de l’apocalypse, Mother arbore en effet une palette d’émotions d’une justesse folle où la plus grande sensibilité côtoie non seulement la barbarie la plus impitoyable mais également l’incrédulité de la machine programmée. Un contraste qui illumine le personnage, déchiré entre son devoir protocolaire et des instincts personnels qui se développent, soit une nouvelle forme d’émancipation. Une maman loup qui supporte Raised by Wolves sur ses épaules androgynes, au physique charmeur mais acéré. Ses petits peuvent dormir tranquille et nous, on hurle au génie.