La Maison procède à un étalage nauséeux des pires mesquineries et coups bas des deux maisons de luxe les plus riches de Paris.
Vincent Ledu (Wilson Lambert), créateur de mode émérite, se fait évincer de sa propre maison par sa fille cachée, Paloma Castel (Zita Hanrot). En d’autres termes, le boomer a fait son temps et cède la place à la nouvelle génération de stylistes. Engagée contre les changements climatiques, Paloma se voit déjà révolutionner la mode avec son amie Ye-Ji Kang (Park Ji-Min). Mais la naïve ne sait pas encore qu’elle a intégré la famille Ledu, gangrénée par les non-dits et les coups bas. À ce titre, le frère de Vincent a trahi le clan en se mariant à l’héritière du groupe Rovel, la maison rivale tenue par Carole Bouquet. La saison 1 de La Maison, réalisée par José Caltagirone et Valentine Milville, étale avec indécence toutes les mesquineries de ses protagonistes pour grappiller la moindre once de pouvoir au sein de ces deux entités rivales.
Scènes de Ménage
La Maison repose sur des oppositions frontales et maladroites qui manquent de profondeur. D’abord entre Vincent et Paloma, mais finalement entre tous les personnages. Les épisodes se rythment au gré de jeux de pouvoirs et de rebondissements fort peu subtils. Si le quatuor principal (Lambert Wilson, Zita Hanrot, Carole Bouquet et Amira Casar) affiche une certaine prestance, il n’en est pas de même des protagonistes secondaires. Ces derniers accusent une rigidité notable dans leur jeu et dans leurs postures, en raison de ces répliques si creuses qu’elles en deviennent particulièrement difficiles à jouer. En résultent des personnages antipathiques dans ce genre de House of Gucci à la française, tout aussi barbant et ennuyeux.
Aussi, La Maison aborde la mode sous un angle peu séduisant ; le flouze, l’oseille, le pognon, le fric, le blé, les ronds, les actions… à longueur d’épisode. Elle met en lumière les travers bien prégnants de l’industrie de la mode. On pense à la mainmise de Bernard Arnault sur la maison Hermès, en ayant acquis progressivement assez de parts pour en devenir actionnaire majoritaire. Cependant, sur petit écran, la perspective capitaliste ne fait pas mouche. La troupe repoussante se dispute les parts de l’entreprise Ledu, comme des charognards autour de quelques bouts de barbaque. Et ce, malgré des entourloupes aux qualités notables d’imagination. Chaque épisode brouille davantage les pistes, si bien que le sort de la maison Ledu reste en suspens jusque dans les derniers instants.
La mode remisée au placard
Cette saison 1 ne cultive pas d’esthétisme, un comble pour une œuvre sur la mode. Ses péripéties en cascades ne font jamais poindre de tensions ou de rapport de force suffisant pour tenir en haleine, et encore moins pour donner envie de regarder la saison 2. Les dialogues somme toute très plats et ses acteurs engoncés la circonscrivent au registre de feuilleton télévisé. Et malgré certains décors très fastes, comme le manoir des Ledu, la réalisation ne suinte pas le luxe. Les querelles confinent le cadre à des gros plans oppressants sur les figures. Toutefois, les derniers épisodes voient poindre quelques procédés plus ambitieux, comme les jeux de lumière lors du défilé de Paloma.
Cette saison 1 compose aussi avec un univers hermétique aux néophytes. La série s’inscrit profondément dans l’histoire de la mode, au travers de moult références. Vincent a créé le sac Perle inspiré du personnage de Perle joué par Amira Casar, tout comme Jean-Louis Dumas, en 1984, avait lancé le sac Birkin en hommage à Jane Birkin. La série honore aussi les savoir-faire historiques français de la dentelle au travers des collections Ledu, bien que la marque se contente de créer des robes toutes noires et très fades. Cependant, ces références s’immiscent au gré des péripéties sans jamais être expliquées. Ainsi, la série ne valorise ni les héritages dont elle s’inspire, ni les références qu’elle mobilise. Elle se prive de la profondeur dont elle manque et laisse sur la touche les nouvelles recrues de la fashion sphère.
House of Ledu
La Maison fait des chamailleries de bourgeois fades et ennuyeuses son fonds de commerce. Les acteurs, malgré leur bonne volonté certaine, peinent à se montrer convaincants. Et ses sous-thèmes intéressants, comme la mode soutenable, dépêtrent difficilement la série de ce marasme. La série peut tout de même capitaliser sur ses points forts pour proposer une saison 2 plus à la hauteur. La réalisation plus ambitieuse des derniers épisodes et une meilleure explication des références pourront l’aider à se dépêtrer de cette mauvaise passe.
La saison 1 de La Maison s’est achevée avec son dixième épisode sorti le 15 novembre 2024. Cette série est diffusée en exclusivité sur Apple TV +.
Avis
La saison 1 de La Maison met en scène des jeux de pouvoir et des rebondissements peu subtils entre les personnages principaux. Et, malgré des décors fastueux, la réalisation manque d'esthétisme. Enfin, la série se nourrit de nombreuses références de l'histoire de la mode, mais hélas sans jamais les expliquer.