Présente au Festival de Cannes en Séance de Minuit, Exit 8 est l’adaptation du jeu vidéo éponyme où le protagoniste est coincé dans un corridor de métro. Une boucle infinie, tandis que des anomalies surnaturelles sont présentes empêchant toute sortie. Un film de genre plutôt réussi !
Exit 8 a beau être un petit film de genre présenté Hors Compétition au Festival de Cannes, il s’agit avant tout d’un petit jeu vidéo de type walking simulator sorti fin 2023. Un petit jeu japonais indé, finissable en un quart d’heures avec un concept simple : le joueur est perdu dans une boucle infinie, à savoir un couloir de métro affublé de 2 coudes.
Et comme bon nombre de jeux vidéos, les adaptations pullulent ces derniers temps en série ou en film (Castlevania, Arcane, Tomb Raider, Minecraft, Super Mario Bros, Uncharted, The Last of Us, Fallout..). Pourtant, rares sont celles qui savent justifier le passage vers le grand écran…. et Exit 8 est heureusement dans l’autre versant !
Une des adaptations de JV les plus honnêtes
Réalisé par Genki Kawamura (avant tout producteur de Kore-eda, Mamoru Hosoda et Makoto Shinkai), Exit 8 débute via le point de vue d’un jeune homme légèrement en froid avec sa compagne est dans une rame de métro surpeuplée ! Un bébé crie, un passager hurle et il doit vite trouver la sortie 8 pour sortir de cet enfer.

Sauf que le voilà dans un espace surnaturel seulement animé par le passage d’un même homme à l’allure neutre, et la présence de quelques affiches, casiers ou un photomaton. De plus, un panneau indique des règles simples pour venir à bout de ce puzzle, notamment celle édictant que chaque rencontre avec une anomalie doit engendrer un demi-tour… au risque de revenir à la case départ !
Exit 8 introduit donc de manière ultra efficace son concept, démarrant en plan subjectif (comme dans le jeu vidéo) telle la note d’intention d’un respect absolu. Même production design, mêmes anomalies (affiches mouvantes, fluides qui s’écoulent, cris de bébé, lampes à une autre place..)…. Bref, une transposition littérale mais qui a le mérite d’être réalisée avec soin ! De plus, le sound design se veut de grande qualité, nous immergeant un peu plus dans ce simili-Silent Hill nacré.
Exit 8 : sortie légèrement ralentie
La mise en scène délaisse rapidement la préciosité du plan subjectif, pour que divers plans-séquences extrêmement fluides viennent se coller au personnage. Par ailleurs, Exit 8 réussit à capter ce sentiment d’inquiétante étrangeté dans une première demi-heure assez exemplaire, usant notamment des angles morts de ce fameux couloir (ou même ceux du plan) pour créer une anxiété anticipatoire. Qu’allons-nous découvrir au prochain recoin ? Est-ce une progression ou un retour à la case départ ?

Un postulat admirablement tenu, d’autant que toute cette boucle basée sur l’angoisse tire sa force d’évocation d’un métro devenu un circuit sans fin pour toute personne de la middle-class : une dimension sociale proche d’un postulat dystopique mais pourtant bien universel, tandis que le personnage doit trouver le moyen de mieux se recentrer sur sa famille !
Une mécanique bien tenue, avant que ce train-fantôme ne s’essouffle légèrement, peu aidée par l’absence de réelle frousse ou mise en danger immédiate du personnage. Heureusement, Exit 8 parvient globalement à pallier ce défaut en renouvelant le point de vue de sa narration (et ce à 2 reprises), tout en offrant une lecture cathartique au protagoniste (notamment son rôle de futur père) de toute cette expérience. Pas un home-run complet, mais une adaptation qui a globalement fière allure !
Exit 8 sortira au cinéma le 3 septembre 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici.
avis
Exit 8 se révèle être une des meilleures adaptations de jeu vidéo sur grand écran, malgré une mécanique de train-fantôme qui tourne assez rapidement en circuit fermé. Mais en renouvelant son point de vue, en adaptant sa mise en scène à son medium et en portant un discours social métatextuel, Genki Kawamura réussit plutôt son pari de transposition avec les honneurs. Pas mal !