Le Palmarès du Festival de Cannes 2025 s’achève, et le traditionnel Palmarès qui l’accompagne a été révélé par le jury présidé par Juliette Binoche. On revient ainsi sur chaque catégorie et leurs lauréats :

Palme d’or : Un Simple accident de Jafar Panahi. Un vrai geste de cinéma, mais aussi politique et résolument humain. Panahi revient ainsi par la grande force avec ce cri de rage ayant des airs d’acte de survie, mais prônant le pardon et la résilience. Un vrai thriller à la fois intime et ample dans son propos, qui nous intime de changer de paradigme. Sa structure narrative de (faux)revenge movie est sans doute classique (voire scolaire dirons certains), mais c’est dans sa pureté d’intention que le film convainc, jusqu’à un plan-séquence final relativement inoubliable donnant toute sa saveur à ce film iranien à la portée universelle.
Festival de Cannes 2025 entre habitués de la Croisette

Grand Prix : Valeur Sentimentale de Joachim Trier. On le voyait dans d’autres catégories, certains lui attribuaient la Palme… et le nouveau film du réalisateur de Julie (en 12 chapitres) repart avec le prix du meilleur film capable de toucher le plus grand nombre. Et si nous pensons que la seconde moitié du film n’est pas réellement à la hauteur de sa superbe première heure, on tient une nouvelle belle réussite à la fois impeccable en terme d’acteurs, de clarté de propos, d’amour de cinéma et de sensibilité. Bref, une prochaine Palme pour Trier après ce grand prix du Festival de Cannes 2025 ?
Prix de la mise en scène : L’Agent Secret de Kleber Mendonça Filho. Un des grands favoris de cette édition que film du réalisateur d’Aquarius et Bacurau. En résulte un nouveau mariage des genres, entre thriller, comédie et étude historico-sociologique et pamphlet politique où un agent retourne dans sa ville d’enfance à Recife. Le film nous ballade et nous immerge dans ce Brésil des 70’s en proie à la dictature dans un 2.35 de toute beauté. Un trip nostalgique mais aussi désenchanté, n’hésitant pas à être disruptif dans sa narration (et de proposer une séquence hallucinée avec une jambe amputée) !
Prix d’interprétation emplis de sensibilité
Prix d’interprétation féminine : Nadia Melliti dans La Petite Dernière. Beaucoup voyaient des actrices plus confirmées recevoir le prix (Jennifer Lawrence dans Die, my Love, Léa Drucker dans Dossier 137, Parinaz Izadyar dans Woman and Child..), mais la révélation minérale qu’est Melliti inonde le dernier film d’Hafsia Herzi d’une authenticité, d’une grâce et d’une emphase émotionnelle immédiate envers ce personnage que l’on voudrait suivre jusqu’au bout du monde. On voulait le film plus haut, mais La Petite dernière a tout d’une grande !

Prix d’interprétation masculine : Wagner Moura dans L’Agent Secret. On voyait sans doute Stellan Skarsgård et son impeccable performance remporter la mise, mais force est de constater que Wagner Moura est l’autre grand acteur de cette cuvée 2025. Un acteur qui n’a rien à prouver depuis Tropa de Elita ou bien Narcos, mais qui mérite enfin sa consécration dans un rôle faisant à la fois office de mise à nu mais aussi de démonstration du talent total de son interprète.
Prix contestables
Prix du scénario : Jeunes mères des Frères Dardenne. C’est désormais habituel qu’on refile un prix aux Dardenne, mais c’est clairement le vilain petit canard de ce palmarès. Certes, Jeunes mères tape juste niveau intention, mais lorsqu’à côté le Sélection propose Les Aigles de la République, Dossier 137 ou même Eddington, on se doit de gentiment souffler !
Prix du jury ex-æquo : Sirât de Oliver Laxe et Sound of Falling de Mascha Schilinski. Le prix qui encourage les cinéastes émergents, partagé par 2 plongées cinégéniques puisant leur sève dans le talent de mise en scène de leurs jeunes metteurs en scène. Que ce soit le convoi de la rave en plein désert post-apocalyptique (proposant parmi les meilleures scènes atmosphériques vues dans ce type de décor bien longtemps… sorry Dune!) ou bien cette immersion désenchantée dans l’Allemagne du siècle dernier à travers 4 générations, les noms de Laxe et Schillinski n’ont clairement pas fini de circuler sur la Croisette !

Prix spécial du jury : Résurrection de Bi Gan. Notre Palme d’Or, mais une œuvre ample de cinéma expérimental qui peut diviser. Le jury aurait sans doute pu donner un autre prix, mais selon Juliette Binoche le Festival a voulu marquer le coup de cette expérience poétique, inclassable et fou. De très loin l’OVNI total de Cannes 2025, mais qui a l’instar des Graines du figuier sauvage en 2024, méritait bien plus de reconnaissance ! Un film déjà culte !
Au rayon des court-métrages, I’m Glad You’re Dead Now de Tawfik Barhom remporte la mise, tandis que la Caméra d’or (le prix du meilleur premier film) est attribuée à The President’s Cake de Hasan Hadi, avec comme mention le sensible My Father’s Shadow d’Akinola Davies.