Un des films les plus attendus de 2023 est enfin dans les salles obscures : Super Mario Bros ! Adaptation de la plus grande licence de l’histoire du jeu vidéo, le film d’animation produit par Illumination Entertainment (Moi, Moche et Méchant) conjointement avec Nintendo se veut avant tout une réussite en terme de fidélité. Mais est-ce suffisant ?
On revient de loin en terme d’adaptation de jeu vidéo. Entre les réussites de Castlevania, Arcane ou The Last of Us, la malédiction des transpositions vers le grand/petit écran semble prendre une tournure récente plutôt avantageuse envers les fans. Tous les yeux sont donc rivés sur ce Super Mario Bros, surtout après le souvenir encore douloureux du film live-action de 1993 (un nanar cosmique que tout le monde se doit de voir au moins une fois dans sa vie !).
Super Mario Bros : une histoire de tuyaux, de princesse et de plombier
Mais l’horizon est ici au beau fixe, alors que Nintendo et Shigeru Miyamoto donnent leur aval auprès du studio Illumination Entertainment (Moi, Moche et Méchant, Les Minions). Les réalisateurs Aaron Horvath et Michael Jelenic (Teen Titans Go!) ont donc un soutien de choix pour adapter fidèlement les aventures du plus célèbre héros de jeu vidéo. Un constat de fidélité et de respect sans appel, à défaut de réellement proposer quelque chose d’autre ?
Super Mario Bros débute à Brooklyn, alors que les frères Mario et Luigi décident de lancer leur propre petite entreprise de plomberie. Alors que la mayonnaise ne prend pas vraiment, nos deux compères découvrent un soir un mystérieux réseau de tuyaux sous-terrains, dont l’un se révèle être un portail inter-dimensionnel vers un autre monde : le fameux Royaume Champignon !
Alors que Luigi se voit séparé de Mario, ce dernier va tomber sur la fameuse Princesse Peach, souveraine du royaume, et convoitise principale de l’infâme Bowser. Mario va ainsi devoir braver les dangers pour non seulement sauver son frère, mais également l’ensemble du royaume face aux Koopas !
Déluge d’easter eggs
Une trame claire et simple, dont le déroulé ne laissera finalement que peu de place à la surprise ou la réappropriation de la licence : Super Mario Bros se veut avant tout un enchainement référencé d’easter eggs en tout genre, comme principal support narratif du scénario. Tout y passe : les cubes à pièces, les tuyaux de transport, le château incendiaire de Bowser, le royaume de la jungle, Bill-Balle le missile, la carapace bleue…
Super Mario Bros se veut donc un vrai festival dont la tâche est d’offrir un pur best-of aux néophytes comme aux joueurs plus vieux. On se plaira même à contempler un court passage en hommage à Luigi’s Mansion (Boo compris!), un parcours de plate-forme semblant hérité d’un niveau de SNES, une séquence de combat contre Donkey Kong qui émule Smash Bros, et bien sûr le passage obligé Mario Kart sur la route arc-en-ciel !
Tout ceci confère à ce film Super Mario Bros un aspect charmant d’entrée de jeu, dopé par une animation d’excellente facture. C’est coloré et techniquement assez irréprochable, tandis que les divers gros morceaux du film (jusqu’à son sympathique climax impliquant la fameuse super étoile) parviennent aisément à divertir avec comme maître-mot le fun avant tout.
Mi-champi mi-carapace rouge
Malgré tout, difficile d’y voir une vraie réussite dans ce Super Mario Bros animé, tant l’univers présenté semble réduit à une vitrine promotionnelle en l’honneur de l’imagerie Nintendo. On passe donc d’un setting à l’autre sans réel liant scénaristique, tandis que les divers personnages restent esquissés de manière beaucoup trop superficielles pour pleinement convaincre.
Le plus grand exemple reste Peach (exit la demoiselle en détresse, c’est elle la plus proactive du film), au passif d’adoption intéressant, mais jamais exploré, tandis que sa relation avec Mario est réduite à peau de chagrin. Même la fraternité centrale Mario-Luigi se voit contrariée par la mise à l’écart de ce dernier une bonne portion du film ! On se consolera par l’aspect rythmé global et sans temps mort, allié à quelques gags bien sentis et une BO qui titillera la fibre gamer.
Un petit bémol demeure pour cette dernière cependant, alors que les réalisateurs préfèrent agrémenter la soundtrack de quelques tubes pop connus (a-ah – Take on Me) semblant totalement déconnectés. Et alors que les personnages sont réduits au strict minimum (on devine un certain parcours héroïque pour Mario, mais là encore beaucoup trop chiche pour être incarné), on appréciera le bon casting vocal (réussi en VO comme en VF), avec un Bowser surplombant le reste de la distribution par son aspect machiavélique grandiloquent couplé à une bouffonnerie crasse de chaque instant !
Belle transposition mais plombée aux champis
En conclusion, Super Mario Bros n’est malheureusement pas la grande réussite attendue, la faute à un traitement au ras du sol de toute tentative dramaturgique, de construction de personnages ou d’exploitation d’univers. C’est bien dommage, car en contrepartie, l’imagerie globale des jeux vidéos y est respectée à 100%, via un travail de fabrication proposant divers séquences plutôt entraînantes avec quelques trouvailles. Un divertissement correct pour la famille est bien présent, mais pas certain qu’on en retienne quoique ce soit autrement que par le fait qu’il s’agit d’un film Super Mario Bros…
Super Mario Bros est sorti au cinéma le 5 avril 2023
avis
Super Mario Bros fait un boulot tout à fait correct dans la manière d'émuler, compiler et transposer tous les codes de la célèbre franchise vidéoludique de Nintendo. Enrésulte un film d'animation à la fabrication impeccable, mais au fond tout à fait creux et impersonnel, peinant à donner du corps et de la chair à un univers sentant parfois le désincarné.
Un visionnage pas forcément déplaisant heureusement, mais dont on ressort avant tout avec la simple envie de ressortir la console !