Sortie en simili-catimini, Skeleton Crew est la toute dernière série TV de l’univers Star Wars. Une belle et charmante surprise qui nous renvoie à l’époque du Lucasfilm/Amblin des années 80, sans jamais être dans la citation racoleuse ou l’hommage facile !
Tout comme au cinéma, l’univers Star Wars semble désormais se chercher sur le petit écran. Le Mandoverse attend de revenir par la voie de la salle obscure, Ahsoka va bientôt débuter sa saison 2 pour tenter de nous convaincre, The Acolyte soufflait le chaud et le froid pour se voir annulée, et tous les espoirs sont tournés vers l’excellente Andor (dont la conclusion débarque dans 3 mois).
Pourtant, Skeleton Crew vient de se finir à l’issue de son 8e épisode, mais ce nouveau show Star Wars débarque sans grande pompe. Difficile de ne pas comprendre le scepticisme ambiant, alors que le show est piloté par Jon Watts (Spider-Man No Way Home), et semble complètement lorgner vers le 80’s revival bien doudou (dont Stranger Things est désormais le porte-étendard).
Jugez plutôt : Skeleton Crew se déroule 5 ans après l’épisode VI (donc comme toutes les autres séries Star Wars excepté Andor et The Acolyte) et nous présente la planète At Attin. Un monde en apparence tout à fait normal travaillant pour la Nouvelle République, et finalement proche du nôtre. Une banlieue digne des suburbs américains, les enfants qui vont à l’école, les parents fonctionnaires travaillant pour le bien de la République…
C’est dans ce contexte que nous découvrons Wim (garçon rêveur aspirant à devenir Jedi) et Neel (un alien éléphantesque au costume bluffant de réalisme), deux amis qui vont découvrir un ancien vaisseau spatial enfoui dans la forêt. Avec Fern (fille de l’enseignante en chef) et KB (amie de cette dernière et affublée d’implants cybernétiques), les enfants vont être embarqués dans une aventure galactique avec comme but de trouver le chemin retour vers leur monde.
Aventure à l’ancienne
Un synopsis qui sent donc bon les Goonies donc, d’autant que Skeleton Crew s’attarde à nous présenter le milieu de la piraterie au sein de l’univers Star Wars. Une dimension rafraîchissante, d’autant que les 8 épisodes de la série nous mène vers des mondes/personnages jamais rencontrés auparavant ! Une absence de fan service qui fait plaisir, tandis que ce voyage-retour contrarié s’articule dans sa structure comme une véritable chasse au trésor, personnifiée par le personnage de Jod Na Nawood !
En effet, cet ami-ennemi incarné par un excellent Jude Law distille à lui seul autant de mystère que la fameuse At Attin. Le premier semble être un Jedi devenu pirate alors que son équipage s’est rebellé contre lui. La seconde un monde figurant sur aucune carte, et potentiellement détentrice d’un trésor faramineux. Dès lors, Skeleton Crew propose un fil rouge qui nous tient en haleine, tandis que chaque épisode permet non seulement de solidifier les liens d’un quatuor de héros particulièrement attachant, mais d’amener un léger aspect feuilletonesque à chaque chapitre.
Un port de pirates spatial évitant la resucée de la Cantina, une planète montagnarde accueillant le spa le plus luxueux de la galaxie, une lune abritant la bibliothèque-observatoire d’une alien animatronique sous forme de chouette…Skeleton Crew bénéficie d’une fabrication chiadée et d’un artisanat qui transparaît à chaque épisode (on est loin du décorum sans âme de l’immonde Kenobi).
Skeleton Crew : l’artisanat Star Wars comme on l’aime
Un petit exploit que l’on doit non seulement à John Knoll (superviseur des effets visuels de Andor, Rogue One et Pirates des Caraïbes), mais également à tous le département de Lucasfilm consistant à fabriquer les costumes/créatures/décors et accessoires au maximum. Une symbiose parfaitement représentée au sein de l’épisode 6 via ce gigantesque crabe designé par Phil Tippett (Mad God), l’Onyx Cinder (on avait pas vu vaisseau aussi somptueux depuis très longtemps dans Star Wars) ou le truculent droïde-lieutenant SM-33 (telle une marionnette géante).
On regrettera cependant un épisode 4 un peu en-dessous en terme de programme (pourtant réalisé par les Daniels), plaçant les personnages sur un monde stérile en proie à une guerre de factions. Mais mis à part une étonnante apparition kamoulox de Kassovitz, difficile de ne voir dans cet interlude qu’un remplissage inexploité.
Néanmoins (et ce grâce à des réalisateurs compétents comme Jake Schreier, Bryce Dallas Howard, Lee Isaac Chung ou même David Lowery), Skeleton Crew parvient à un numéro d’équilibriste relativement impressionnant : créer une aventure Star Wars résolument familiale, capable de toucher petits et grands, mais sans jamais verser dans l’infantilisation.
Une chasse au trésor pleine de charme donc, semblant sortie des pages de Picsou et offrant de surcroît un regard inédit sur le contexte politique post-Trilogie Originale. Un récit contenu avec un épilogue légèrement abrupt, mais si l’aventure s’arrête là, le voyage en valait quand même la chandelle !
Skeleton Crew est disponible sur Disney+
avis
Skeleton Crew réussit où on ne l'attendait pas : convoquer l'artisanat propre à Lucasfilm pour concocter une aventure pleine de charme pour petits et grands. Quelque part entre Picsou et les Goonies, cette incursion singulière dans l'univers Star Wars propose même les jeunes héros les plus attachants de cette galaxie lointaine, très lointaine. Une chasse au trésor tenue et plaisante, on en veut d'autres !