If there’s something strange, in the neighborhood, who you gonna call ? Ghostbusters évidemment ! Plus de trois décennies après les 2 opus d’Ivan Reitman (ainsi qu’un reboot féminin conspué en 2016), un troisième opus débarque. SOS Fantômes – L’Héritage est-il à la hauteur ?
En 1984, le phénomène SOS Fantômes/Ghosbusters fut un énorme succès surprise. Cette bande de scientifiques versés dans les phénomènes paranormaux se convertissant en chasseurs de fantômes aura su marquer la pop culture de manière instantanée. Une suite aura vu le jour en 89, sans le même succès, et aura plongé la franchise dans un long coma. Entre des séries animées et un reboot décrié, les tentatives de faire un 3e opus n’ont pas manqué (on tient même un jeu vidéo faisant office de suite).
Mais le retour Bill Murray, Dan Aykroyd, Ernie Hudson et Harold Ramis aura été contrarié par la mort de ce dernier, et il aura fallu encore une bonne décennie avant que ce soit ni plus ni moins que Jason Reitman (le fils!) décide de s’atteler à l’héritage familial. Une certaine dimension méta donc, sachant que ce Ghostbusters Afterlife, ou SOS Fantômes – L’Héritage, traite de ce dernier en plaçant de jeunes héros sur le sillage des ex-chasseurs paranormaux !
Le film nous introduit auprès de Phoebe (une jeune introvertie passionnée par la science), son frère plus impétueux Trevor (Finn Wolfhard de Stranger Things), et leur mère Callie (Carrie Coon de The Leftovers). Alors que les dettes s’accumulent, ils doivent quitter leur foyer pour l’Oklahoma rural. Héritant (ce mot revient souvent oui!) d’un mystérieux manoir appartenant à leur grand-père décédé, cette petite famille va découvrir leur connection vis-à-vis des Ghostbusters d’antan.
Alors que le dépaysement s’apparente à un choc pour les 2 ados, Phoebe va découvrir un étrange secret caché dans leur nouvelle demeure. S’alliant à son professeur passionné de sismologie (Paul Rudd), nos héros vont devoir faire face à d’étranges apparitions fantomatiques (pas de spoil, c’est dans le titre après tout), ainsi qu’à une ancienne menace anté-millénaire. Un postulat de base efficace, pour une aventure à l’ancienne !
Amblin-sploitation
D’entrée de jeu, SOS Fantômes – L’Héritage surprend par son ton et sa fabrication. Jason Reitman, contrairement à son paternel, est un réalisateur avant tout connu pour son appétence envers le cinéma indépendant (Juno, In the Air, Young Adult, The Front Runner, Tully). Pour son tout premier blockbuster, ce dernier amène sa sensibilité, un vrai travail sur l’atmosphère et une ambiance proche de l’Americana des productions Amblin de la belle époque (Gremlins, Les Goonies, Le Secret de la pyramide ou bien Small Soldiers). Un petit côté Strangers Things/Super 8 rencontre Ghosbusters donc, et ce mariage fonctionne à merveille.
Impression renforcée par la très bonne partition de Rob Simonsen (Stargirl), parfois dans la droite lignée des musiques d’Alan Silvestri (Retour vers le Futur, Ready Player One) via une utilisation des cuivres pas piquée des ânetons. La mise en scène se déploie notamment lors d’une très bonne course-poursuite au volant de la fameuse Ecto-1, proposant une certaine exigence de montage et de gestion du décor. L’occasion de saluer les effets spéciaux du film : que ce soit des CGI bien utilisés (voir et entendre les rayons à protons fait toujours son petit effet) ou surtout un beau recours aux practical effects. Sans spoiler, un des meilleurs (et courts) passages de SOS Fantômes – L’Héritage (semblant sortir d’un Joe Dante) implique de mini-bonhommes Marshmallow à la fois animatroniques et prenant vie via CGI ! Dommage de ne pas avoir diversifié et plus utilisé le bestiaire ceci dit (les fantômes apparaissent finalement assez peu) …
Avec une réalisation tenue, l’intrigue se suit avec un vrai plaisir, d’autant que le film porte un regard singulier et bien plus malin qu’il n’y parait sur son aspect nostalgique. Le scénario prend par ailleurs des airs de mystery story durant une bonne partie du métrage ! Parvenant à jongler entre références très bien utilisées, clins d’œil astucieux et énergie communicative, le tout est servi par un bon casting correctement utilisé. On retiendra avant tout une Mckenna Grace, qui après Moi, Tonya ou The Haunting of Hill House, crève littéralement l’écran en intello sarcastique et renfermée. Son capital sympathie n’est seulement égalé (voire surpassé) que par Paul Rudd (Ant-Man), définitivement un des gars les plus cools de la Terre.
Si certains membres du cast semblent plus en retrait une bonne partie du film, avant de revenir sur le devant de la scène (Celeste O’Connor et Finn Wolfhard), on notera le jeune Logan Kim comme un de ses gros atouts. Jouant un dénommé « Podcast », on tient là un comic relief hilarant, passionné lui aussi de phénomènes paranormaux, et parlant constamment à son micro en vue de sa propre émission sur le sujet. Évidemment, certains acteurs-surprises sont présents (dont une Olivia Wilde et un J. K. Simmons difficilement reconnaissables), et c’est l’occasion d’aborder les choses qui fâchent !
Les fantômes du passé
Alors que le métrage semble trouver sa voie, SOS Fantômes – L’Héritage convoque et reprend assez grossièrement tout un canevas narratif et mythologique du 1er opus. On reprochait par exemple à un Star Wars Épisode VII d’être dans la redite (alors que son aspect nostalgique était intégré au récit), ici l’hommage se change en fainéantise et en caméo de luxe (passion maison de retraite) lors du dernier segment. Un aspect programmatique beaucoup trop appuyé, sacrifiant sa singularité sur l’autel d’un sacro-saint fan-service on-the-nose. Pas de quoi saborder toute l’entreprise (d’autant qu’une ode touchante à Harold Ramis apporte un peu de cœur dans tout ce festival), mais nuit franchement à l’identité finale de ce Ghostbusters.
Malgré cet aspect putassier et terriblement fainéant (on se croirait presque dans un tout autre film), SOS Fantômes – L’Héritage vaut le visionnage pour ce qu’il à offrir. Du cœur, de l’humour (oui le film est très drôle), un soin de fabrication et une utilisation maline de la nostalgie (avant de vriller dans la redite fastoche) en font un nouvel opus plaisant et non dénué d’intérêt. Pas un home-run ceci-dit, mais on était pas très loin !