Jurassic World Renaissance est un nouvel opus écrit par le scénariste des 2 premiers Jurassic Park, et mis en scène par Gareth Edwards (Star Wars Rogue One, Godzilla). Un épisode qui retrouve l’ADN aventureux des meilleurs films de la saga, malgré de fâcheuses facilités scénaristiques.
Jurassic World Renaissance semble avoir une tâche assez impossible au premier abord. En effet, malgré le gros succès commercial de la dernière trilogie, l’exploitation des dinos au sein de la franchise sentait soit le réchauffé (au mieux), soit l’effarant échec (au pire). En témoignait l’horrible Jurassic World Dominion, ne sachant pas user de son nouveau contexte (à savoir des dinosaures échappés aux 4 coins de la planète) pour en faire un vulgaire film d’action turbo crétin.

Et même lorsqu’un vrai cinéaste proposait quelques beaux morceaux de mise en scène (Fallen Kingdom), le script ne retrouvait jamais le savant mélange d’émerveillement, de dépaysement et de parcours de personnage admirablement compilé dans le Jurassic Park de Steven Spielberg. C’est donc avec un certain intérêt que ce Jurassic World Renaissance déboule : mis en scène par Gareth Edwards (Monsters, Godzilla, Rogue One et l’épatant The Creator), produit par Spielberg et écrit par David Koepp (The Insider, Spider-Man, Mission Impossible, L’Impasse et les 2 premiers Jurassic Park) !
Jurassic World Renaissance : retour aux sources survivalistes de la saga
Via une volonté de retrouver l’esprit des premiers films, ce legacy sequel n’est par contre pas un reboot total comme en témoigne l’introduction du métrage. Nous sommes 5 ans après les évènements du dernier film, mais l’essentiel des dinosaures n’a pas survécu face au climat terrestre et aux virus modernes. Ces créatures ne passionnent plus personne, et seuls les dinos situés autour de l’équateur (dont les conditions climatiques sont plus proches de celles du Crétacé) survivent.

Mandatée par un riche corporate (un Rupert Friend parfait dans ce type de rôle trouble) désireux de prélever de l’ADN de 3 mammifères colossaux (un marin, un terrestre et un évoluant dans les airs) pour étudier leur métabolisme myocardique et concevoir un remède cardiovasculaire, la mercenaire Zora Bennett (Scarlett Johansson) mène ainsi une dangereuse expédition clandestine au large de la Guyane française. Le théâtre de ce Jurassic World Renaissance abandonne Isla Nublar et Isla Sorna pour l’Ile St-Hubert, à savoir un lieu abandonné d’expérimentation génétique pour le tout premier parc !
Programmatic World
Rapidement, ce nouveau film semble globalement compiler tout le B-A BA de la franchise, à coups de barbouzes surentraînés devant se dépatouiller en pleine nature, affublés d’un paléontologue travaillant en musée (Jonathan Bailey est le personnage le plus attachant du métrage en héritier d’Alan Grant). Et pendant une bonne partie de la première demi-heure, Jurassic World Renaissance se contente de cet exercice un peu programmatique pour présenter ses personnages archétypaux globalement déjà vus.
Heureusement, Gareth Edwards a eu la belle idée de s’entourer d’un très bon casting compensant une présentation souvent légère (l’excellent Mahershala Ali en contrebandier capitaine de navire se contentera de regarder une photo de sa fille pour nous le faire acheter en tant que bon samaritain) par le charisme de ses interprètes (Scarlett Johansson en tête, qu’on pourrait suivre jusqu’au bout du monde tant elle s’implique à l’écran malgré son personnage uniquement motivé par l’argent et à l’évolution également programmatique).

Et lorsque le récit semble être sur de fâcheux rails empêchant toute réappropriation de son réal, Jurassic World Renaissance nous embarque peu à peu dans cette expédition retrouvant le caractère aventureux inhérent au matériau d’origine. C’est d’abord le cas via l’incorporation d’une famille de vacanciers (menée par Manuel Garcia-Rulfo) empêtrés malgré eux dans cette aventure, et la première grosse séquence d’action maritime.
Des set pieces impeccablement agencés
Encerclés par un gigantesque Mosasaure et plusieurs Spinosaures, l’équipe doit en plus se dépatouiller avec les rochers avoisinant les berges de l’île pour survivre. Un gros set piece inédit pour la franchise, tandis que le reste du métrage enchaînera justement les moments de bravoure étirés avec ludisme pour mieux iconiser les diverses bestioles rencontrés par les personnages.
Et c’est dans ce ride récréatif que le principal problème de Jurassic World Renaissance survient, alors que David Koepp déroule un récit de survie reprenant les codes de la saga et nous abreuvant de nombreux divers deus ex machina. Résultat, plusieurs personnages survivent in extremis par simple chance scénaristique, tandis que les quelques morts surviennent pour les besoins sensationnalistes du film. C’est bien dommage tant l’impression de dangerosité globale des diverses situations se trouve amoindrie par une petite pirouette extra-diégétique.

C’est parfois très bien amené de manière humoristique (une hilarante séquence où un personnage truculent se met à uriner alors que des dinosaures apparaissent dans son dos par exemple), mais parfois trop pré-fabriquée à l’image de retournements de situation dans le climax interdisant toute dimension sacrificielle.
Le coffre à jouets crétacé de Gareth Edwards
Malgré ce handicap, Jurassic World Renaissance communique un plaisir de chaque instant via la mise en scène investie de Gareth Edwards. Que ce soit une fuite sous tension face au T-Rex (ce segment directement repris du bouquin de Crichton est le meilleur passage du film), une séquence toute en verticalité dans un nid de Quetzalcoatlus ou bien son climax face à des espèces mutantes, le réalisateur s’amuse comme un gosse au service du fun en étirant les possibilités offertes par ses décors. De plus, il joue parfois même lors de l’installation d’une séquence à court-circuiter nos attentes comme dans la structure d’un slasher.
Même lorsqu’il affiche ici et là un petit hommage Spielbergien (une scène impliquant des titanosaures renvoyant à la rencontre avec le diplodocus par exemple), rien n’est dans le recyclage ou le clin d’œil facile. Jurassic World Renaissance se permet aussi de soit mettre en avant des espèces jamais vues auparavant, soit d’user des dernières découvertes scientifiques pour corriger la représentation de certains dinos iconiques (Tyrannosaure, spinosaure, dilophosaure..). On appréciera également le D-Rex final, sorte de croisement geek entre un T-Rex, un Xénomorphe et un Rancor absolument impeccable techniquement.

En définitive, ce nouvel opus profite beaucoup de l’amour de son réalisateur pour Jurassic Park et de sa maîtrise technique globale en tant que vrai artisan. On pestera sur quelques arrière-fonds CGI qui dénotent un tantinet pour 2-3 passages en plans larges, mais la photo de John Mathieson (Gladiator, Logan) en pellicule 35mm reste vibrante pour chaque photogramme, offrant un dépaysement de chaque instant !
L’émotion au milieu du guet
La bande-originale d’Alexandre Desplat est aussi à l’image de son compositeur : régulièrement efficace, mais finalement assez transparente ! L’émotion étant d’ailleurs prégnante lorsque les variations du thème culte de John Williams surviennent pour nous emporter. Une certaine ambivalence qui caractérise globalement ce sympathique Jurassic World Renaissance, qui malgré une écriture un peu fastoche, parvient avec son énergie communicative et son goût pour l’aventure à nous capter… sans toutefois transcender ses nobles intentions !
Jurassic World Renaissance sortira au cinéma le 4 juillet 2025
avis
Dommage que ce Jurassic World Renaissance soit pétri de deus ex machina pour ces personnages archétypaux. Car derrière cette relance programamtique, Gareth Edwards s'empare de ce nouvel opus comme de son coffre à jouets pour proposer un récit renouant avec le coté aventureux de la franchise et servi par un très bon casting. C'est très bien mis en scène et la place des dinosaures est à nouveau mise sur un piédestal. Reste le script facile de David Koepp, malgré la fabrication globale par un bel artisan du cinéma.