Ash est un film d’horreur-SF à très petit budget par Flying Lotus (Yasuke), avec Eiza Gonzàlez et Aaron Paul ! Un huis-clos parfois intriguant, mais qui demeure dans l’ombre de ses influences revendiquées.
Dévoilé au festival SXSW le mois dernier, Ash débarque en streaming chez nous. Un petit projet produit par Shudder (Mad God) à hauteur de 1 millions de dollars (une somme dérisoire) réalisé par Flying Lotus. Un nom avant tout dans la production musicale indé (on lui doit la BO de Blade Runner Black Out 2022), qui avait réinvestie le mythe de Yasuke dans une mini-série animée imparfaite il y a 4 ans.
Pot-pourri de SF-horreur
Le revoilà donc avec Ash, sorte de lettre d’amour à tout un tas d’influences chères au réalisateur, également fondatrices du genre qui investissent ce thriller SF-horreur en huis-clos. En effet, le film s’ouvre sur Riya (Eiza Gonzàlez), une astronaute se réveillant amnésique dans une station abandonnée sur la planète KOI-442. Surnommée « Ash » de par son décor de lune habillée d’un manteau de cendres, ce monde étrange semble dépourvu de vie malgré son atmosphère vivable.
Une aubaine, d’autant que Riya est arrivée ici avec un équipage dont les membres sont soit disparus, soit décédés (si l’on en croit les quelques cadavres présents). Tentant de découvrir ce qui a pu arriver, Riya va rapidement être rejointe par Brion (Aaron Paul), rescapé affirmant qu’il est là pour la secourir. Emprunte de paranoïa, notre héroïne devra démêler le vrai du faux et recouvrer sa mémoire morcelée !

D’entrée de jeu, Ash embrasse ses références de manière explicite, sans toutefois les digérer. Pêle-mêle, on pense immédiatement à Alien, Event Horizon, Dark Star, Pandorum, ou même du System Shock/Prey/Dead Space. Des noms illustres censés caresser le sens du poil du féru de science-fiction, dont le spectre et l’aura écrasent complètement les velléités de singularité de Ash, autant que sa volonté de suspense.
Le suspense enterre la Ash de guerre
Tandis que le récit se veut complètement passif pendant une bonne moitié de métrage, Flying Lotus loupe le coche pour installer « l’étrange étrangeté » nécessaire à une anxiété anticipatoire. Toute tentative de tension tombe ainsi à plat dans une première partie propice au pur délayage, tandis que les dialogues entre Riya et Brion sur-expliquent des enjeux qui ne seront finalement pas bien importants pour la suite.

Pire, tout se veut programmatique, de l’introduction du « mystérieux mais pas trop » Brion aux coursives d’une station spatiale ressemblant à n’importe quelle production design d’un DTV Syfy. Le faible budget est peut-être une des clés de compréhension du manque d’incarnation globale, pourtant Flying Lotus laisse peu à peu l’horreur contaminer le récit….à des fins plus enthousiasmantes dès que l’histoire abandonne toute esbroufe.
Dernier mouvement salutaire
Après avoir placé un contexte de technologie terraformatrice (sous-exploitée), Ash opère un changement de paradigme salutaire à mi-parcours, comme si tout ce à quoi on avait assisté ne servait plus à rien. Flash-backs montrant les évènements préalables à l’intrigue, construction d’univers avec un contexte d’exploration spatiale, séquence de combat en POV (avec Iko Uwais forcément) et irruption du body horror à la Carpenter.

Comme si Flying Lotus maîtrisait mieux Ash lorsque la trame se centre vers le régressif pur, proposant quelques instants de gore plus viscéraux que tout ce qui a été traité au préalable. Malgré tout, le résultat global confine à l’économie de moyens (malgré les lumières rouge/verte/bleue/orange censées amener un soupçon d’ambiance), ou bien d’idées globales. On saluera quand même ses quelques saillies de violence (nul doute qu’un format de court ou moyen-métrage aurait été plus pertinent), et une bande-originale immersive toujours aussi qualitative venant de Flying Lotus.
Ash sera disponible le 24 avril sur Prime Video
avis
Malgré ses illustres influences, Ash ne parvient pas à s'extraire des poncifs du genre. On saluera la BO toujours aussi atmosphérique de la part de Flying Lotus, et une violence régressive donnant de la chair au dernier mouvement du film. Néanmoins l'impression de trop-peu domine devant ce fan-film certes sincère, mais délayant son intrigue et son suspense sans réel focus narratif et thématique. Dommage !