Morbius (notre critique) est sorti depuis mercredi dans nos salles, et malgré le fait que le nouvel anti-héros de Sony devrait rapidement pouvoir se rembourser, le film se heurte à un désaveu critique total. Attention, SPOILERS.
Morbius n’aura coûté que 75 millions de dollars à Sony, et en aurait déjà, au terme de sa première semaine d’exploitation, amassé près de 90 millions. Le film de Daniel Espinosa, suivant le modèle ultra-rentable de Venom, qui pour 100 millions de dollars au box-office en avait rapporté près de 900 millions pour le premier opus, et plus de 500 pour le second, se heurte pourtant à un rejet critique encore plus virulent que pour les deux longs-métrages portés par Tom Hardy. Morbius récolte ainsi un score un score de seulement 16% sur Rotten Tomatoes, face aux 30% et 58% des deux Venom, se rapprochant ainsi plus d’Elektra et ses 11%, mais dépassant heureusement Catwoman et ses 9%. On revient donc sur ce rejet critique, et si le vampire de Jared Leto mérite vraiment toute cette haine.
Le modèle pas vraiment modèle de Sony
L’accord trouvé entre le MCU et Sony aura permis à la firme d’Avi Arad de récupérer les droits de Spider-Man et de mettre en scène toute sa galerie d’anti-héros en vue d’une confrontation directe avec le super-héros incarné par Tom Holland. Après les succès des deux Venom avec Tom Hardy, l’antagoniste le plus célèbre et le plus apprécie du héros arachnéen, Morbius a donc débarqué, juste avant Kraven le chasseur de J.C Chandor, porté par Aaron-Taylor Johnson. Cette idée de Sony’s Spider-Man Universe, et d’ainsi pouvoir reformer les fameux Sinister Six, avec le retour de Michael Keaton dans la peau du Vautour semble donc bel et bien partie, les énormes succès publics aidant.
Mais si le modèle financier de Sony demeure infaillible, le côté artistique semble quand à lui plus que limité. Parce que comme les deux opus de Venom, Morbius, encore plus limité par ses moyens, semble n’être qu’un pâle ersatz de film de super-héros, fauché et aux effets spéciaux datés en plus d’être vraiment laids. Très loin de la surenchère d’effets spéciaux et des batailles intergalactiques du MCU, Sony vise l’économie en délivrant à la pelle des projets pauvres scénaristiquement et visuellement, ne comptant que sur sa marque et des acteurs venus cabotiner pour remplir ses caisses.
Pas d’art, surtout du cochon
Alors, si les errances alcoolisées dans un aquarium de Tom Hardy gardaient quand même un côté pétage de câble assez régressif bien que se prenant affreusement au sérieux derrière son humour débile, Morbius demeure tristement figé dans une premier degré ridicule au vu de son scénario. Parce que tout est cousu de fil blanc dans le film de Daniel Espinosa, et malgré son heure et quarante cinq minutes de métrage, demeure affreusement long. Et c’est bien normal : avec ses six personnages principaux d’une fadeur infinie (Qui a eu l’idée de caster Tyrese Gibson en inspecteur de police ?) et si peu de décors, tout paraît joué dès le départ, et la surprise ne viendra jamais qu’au détour d’effets spéciaux hideux ne suscitant, en plus, jamais le moindre sourire.
Morbius est ainsi un tout petit film, aux ambitions démesurées et complètement opportuniste. Tandis que beaucoup raillent le film, comme pour les deux Venom, en évoquant une véritable horreur capable de rivaliser avec le pire du genre super-héroïque, le film de Daniel Espinosa ne peut même pas y prétendre. Parce que le Catwoman, exemple charnière de ratage super-héroïque complet de Pitof, se trouvait quand à lui doté d’un mauvais goût total, de sa mise en scène jusqu’à ses costumes et ses acteurs, tandis que Morbius n’est qu’un pâle produit, moche et vide, qui ne marquera même pas les amateurs de nanars douteux.
Opportune : en CB, billets où en chèques
Une fois le « spectacle » terminé, l’arnaque ne s’arrête malheureusement pas là. En réintroduisant Michael Keaton dans la peau du Vautour sur ses deux scènes post-générique, tirant ainsi sur le succès phénoménal du multivers de Spider-Man : Far From Home, où le personnage n’était pas réapparu, Morbius, comme le dernier Venom, affirme directement son opportunisme. Parce que l’antagoniste n’apporte strictement rien à l’intrigue, qu’une rencontre molle et pas du tout préparée entre Le Vautour et un Morbius alors consacré en gentil vampire qui n’a jamais entendu parler de Spider-Man (on n’évoque que le Daily Buggle) se décide soudain à s’allier avec l’antagoniste pour défaire l’homme araignée.
Le personnage d’Adrian Toomes, n’avait ainsi lors de son emprisonnement dans Spider-Man Homecoming, aucune envie de s’en prendre à Spider-Man, refusant même de dévoiler son identité. Une raison de plus, parmi tant d’autres, d’alimenter le mépris envers ce projet vide uniquement porté par les billets verts. Ne soyons pas candides, les projets de cette envergure demeurent tous pensés pour encaisser le maximum de bénéfices et ressemblent parfois même plus à des opérations marketing plus qu’à de véritables longs-métrages. Mais Morbius, loin de la catastrophe totale et de l’horreur tant espérée, n’en a mêmes pas les épaules. Il n’en demeure qu’un film laid, bête et sans aucune saveur, dont les crocs du héros demeurent plus financiers que surnaturels.