Après une première saison exceptionnelle, une deuxième trop capilotractée, Westworld revient avec une saison 3 qui nous emporte loin du parc, dans un futur d’ores et déjà addictif.
90 jours après la destruction de la Forge et le massacre des employés de Delos dans le parc, dont Bernard est accusé, Dolores explore le monde réel, bien décidée à le dominer. HBO fier de sa poule aux œufs d’or nous propose de retrouver le monde complexe et fascinant de Westworld dont la saison 3 commence astucieusement sans trop nous prendre le melon. Enfin presque.
Les créateurs, scénaristes et showrunners Jonathan Nolan et Lisa Joy se préparent sans doute à nous retourner le cerveau mais pour l’instant, ce season premiere est assez facile à appréhender puisqu’il relie directement la fin de la saison 2 à ces nouveaux évènements. Encore faut-il se souvenir des précédents moments forts pour comprendre les enjeux qui se mettent en place doucement, dont l’introduction de nouveaux protagonistes, humains ou artificiels. Une sorte de mise à jour aseptisée, limpide et magnifique.
Welcome to the real world
Ce premier épisode, intitulé Parce Domine, est réalisé par Jonathan Nolan himself et nous aide à découvrir le nouveau monde qui s’offre à nous, le monde réel, à travers les yeux émerveillés mais déterminés de Dolores. Cependant le personnage campé par Evan Rachel Wood reste également imprégnée d’une conscience violente, celle de Wyatt dont la focalisation vengeresse et sans pitié se voit contrastée par celle désabusée d’un nouveau protagoniste campé par Aaron Paul. Une figure définitivement humaine, traumatisée et à la recherche de but, à laquelle on s’identifie immédiatement et qui remplacera subtilement le personnage de Teddy.
Pourtant, après l’éveil des consciences et la recherche d’immortalité, cette nouvelle saison de Westworld promet de s’intéresser à des sujets dramatiquement d’actualité dont notamment la collecte de données personnelles. Ainsi la narration tend à abandonner, temporairement du moins, le discours hermético-métaphysique pour verser vers un techno-thriller dystopique rafraichissant. Via une nouvelle multinationale, Incite Inc, et un MacGuffin artificiel, au centre de ce premier épisode, la lutte des classes fait toujours rage, un concept familier comme pierre angulaire d’une guerre imminente, entre humanité et son reflet perfectionné, au sein d’un monde réel effrayant de réalisme.
Filmée au drone et aux caméras louvoyantes parfaitement en adéquation avec le décor futuriste de Singapour, cette nouvelle facette de Westworld apparaît comme fascinante, à la production design toujours soignée, probante et réaliste. Un futur proche, dominé par les intelligences artificielles et une humanité toujours aussi prédatrice, à l’image d’un nouveau générique, aiguisé, sanglant. Mais si le monde réel semble devenir le nouveau terrain de jeu de nos joueurs invétérés, certains restent bel et bien cantonnés aux mondes créés par Delos. Par exemple, Bernard en fuite est bien décidé à retourner à Westworld, l’origine de tout, quand Maeve se retrouve à explorer un nouveau parc prenant place en pleine résistance face à l’Allemagne nazie. Nul doute que ces considérations ne seront que le reflet d’une lutte à venir, sociétale et forcément brutale.
Avec une narration plus fine et moins complexe que la saison précédente, ce nouveau run de Westworld s’annonce aussi enchanteur que prémonitoire avec une vision du futur technologique, apocalyptique mais diablement addictif.