La série Vrais voisins, faux amis (Your Friends and Neighbors) de Jonathan Tropper, diffusée sur Apple TV+, raconte la déchéance d’Andrew Cooper. Père de famille avec une carrière en or, tout lui sourit. Un jour, Cooper enchaîne les mauvaises nouvelles familiales et professionnelles, et c’est le début des problèmes.
Dans Vrais voisins, faux amis de Jonathan Tropper, Jon Hamm incarne Andrew Cooper. Cooper a tout pour plaire, aussi bien dans sa vie professionnelle que familiale. Mais après un divorce lié à un flagrant délit d’adultère et un licenciement plus que douteux, Cooper se retrouve vite dans les emmerdes. Il se met alors à prendre des décisions douteuses pour réussir à maintenir son train de vie.
Prison pas si dorée
Hollywood ne cesse de nous servir des images de quartiers résidentielles luxueux qui dégoulinent de superficialité. Le meilleur exemple c’est sûrement Desesperate Housewives. Wisteria Lane est un quartier calme et tranquille, mais tout ça, seulement en surface. Et c’est un peu pareil chez Cooper. Dans Vrais voisins, faux amis, les maisons sont belles, grandes. Les voitures sont rutilantes… (même si celle de Cooper a un coffre qui ne ferme pas, détail qu’on adore absolument). Au fil des épisodes, on se rend compte qu’il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Et notre raté en chef n’est en réalité pas si terrible, il est peut-être celui qui a le plus la tête sur les épaules. En un sens, les Américains n’ayant pas bonne presse en ce moment, il y a un petit côté jouissif à voir ces riches à la vie si parfaite se laisser aller à autant de bassesses.

Bref, tout ça c’est de la poudre aux yeux et c’est surtout rempli de cliché totalement irréalistes. Ou alors il faudra indiquer de ce pas où signer pour avoir des voisines comme Samantha (Olivia Munn) à côté de chez soi. Parce que sans surprise, tout le monde est beau dans Vrais voisins, faux amis. Raison de plus pour accentuer l’hypocrise globale de ce quartier peut-être… Ces vrais voisins, on a l’impression de les connaître. Celui qui est en plein divorce compliqué, le sportif chiant parce que trop parfait, la célibataire terriblement en manque de sexe. Et si sur le papier on a l’impression d’avoir déjà vu ce genre de série mille fois, Vrais voisins, faux amis parvient à se différencier avec un personnage principal très attachant.
Il est loin le temps des Mad Men
Commençons par évoquer l’évidence, il y a un petit côté ironique à voir Don Draper employé de l’agence Sterling Cooper devenir Cooper, magnat de la finance dans Vrais voisins, faux amis. Alors oui, Jon Hamm n’est pas un petit jeune à Hollywood, sa carrière est longue comme le bras. Mais il faut avouer que la classe naturelle de l’acteur nous fera éternellement penser à ce bon vieux Don Draper. De fait, c’est d’autant plus jouissif de voir le personnage s’enfoncer dans une telle déchéance. Andrew Cooper n’a en définitive aucun pif et ne cesse de faire des choix qui l’emmène dans la mauvaise direction. A la première seconde du première épisode, on comprend à quel genre de raté on a affaire. Dans les suivants, le générique de Vrais voisins, faux amis continue de donner le ton. Tout explose et s’effondre autour de Cooper.

Vrais voisins, faux amis, c’est un peu le journal intime de Cooper. On est dans sa tête, on entend toutes ses pensées. Si la voix off peut en énerver plus d’un, il faut avouer qu’elle est ici très intéressante. Par moment Cooper est à deux doigts de devenir un Patrick Bateman en puissance. Psychopathe par excellence, Bateman connaît par cœur des détails absolument futile sur la discographie de Phil Collins. On vous laisse le plaisir de revoir le film American Psycho pour vous remettre en tête la géniale prestation de Christian Bale. Avec quelques années de plus et des pulsions meurtrières en moins, Andrew Cooper ne peut s’empêcher de donner à foison des détails qui donne à la narration des tournures de pub de luxe, avec un dénouement légèrement plus joyeux. Mais là où Vrais voisins, faux amis réussit son coup, c’est que le réel n’est jamais bien loin. Parce que quand on est cinquantenaire et alcoolique certaines choses ne peuvent être oubliées !
Publicité mensongère ?
Vrais voisins, faux amis, c’est donc la désillusion d’un homme en apparence irréprochable. La preuve que l’habit ne fait pas le moine. Jonathan Tropper tape fort, d’une part avec un casting irréprochable. Les femmes sont géniales, Samantha (Olivia Munn) en parfaite rose vénéneuse, Mel Cooper (Amanda Peet) en éternelle indécise, Ali (Lena Hall), cette sœur fracassée pourtant terriblement attachante… Mais elles sont aussi absolument odieuses et on ne peut s’empêcher d’adorer les voir critiquer ouvertement la jeunette que s’est trouvé l’ex-mari de l’une d’entre elles. Magnifique caricature d’eux-mêmes, certains personnages restent pourtant relégués au rang d’éternels crétins. On aura une petite pensée pour Nick (Mark Tallman) qui jusqu’au bout restera ce sportif superficiel qu’on meurt d’envie de gifler.

D’autre part, Jonathan Tropper signe une mise en scène des plus soignée. Tout ce petit monde est en effet filmé comme un espèce de long spot publicitaire. En même temps, il faut dire que au vu de leurs maisons ça aurait été bête de rater l’occasion ! On suit donc le riche au bureau, puis le riche sur un court de tennis vêtu de sa tenue bien blanche et sans aucune tâche. Et on termine la journée sur le riche qui rentre dans sa villa avec piscine et immense jardin. En bref, Vrais voisins, faux amis est une longue publicité luxueuse aux allures bien aseptisées, le tout, saupoudré d’une bonne dose d’hypocrisie insidieuse et absolument délicieuse.
Vrais voisins, faux amis est un bijou d’humour grinçant signé Jonathan Tropper. Portée par un casting impeccable qui semble follement s’amuser, la série vient s’ajouter à la longue liste des très bonnes séries proposées par Apple TV+.
Vrais voisins, faux amis est disponible sur Apple TV+ dès le 11 avril 2025.
Avis
Vrais voisins, faux amis de Jonathan Tropper coche les cases d’une série que l’on espère voir durer. On attend donc de pieds ferme la saison 2 pour suivre les aventures d’Andrew Cooper.