Après des détours vers le blockbuster avec Aladdin ou King Arthur, Guy Ritchie revient à ses premiers amours : le film de gangsters londonien ! Produit par Miramax, The Gentlemen est un retour aux sources plein de piquant !
Des voleurs à la petite semaine, un baron de la drogue, les rues grises des suburbs londoniens, une guerre de gangs…ça vous dit sans doute quelque chose et c’est normal ! The Gentlemen, en gestation depuis 10 ans, renvoie inévitablement aux films de gangsters sur lesquels Guy Ritchie a bâti sa filmographie. Il y a en effet un peu de Snatch, Arnaques Crimes & Botanique ou bien Rock’n’Rolla dans The Gentlemen, et ce n’est clairement pas pour notre déplaisir.
Centré sur un américain expatrié en Angleterre ayant créé un empire financier grâce à la marijuana, The Gentlemen nous présente un trombinoscope de personnages variés peu recommandables. D’un garde du corps à un détective privé en passant par une femme d’affaire ou un rédacteur en chef, on affaire à une pléthore de personnages plus ou moins centraux, allant de la petite frappe de quartier au mogul aristocrate bourgeois. Une histoire où les motivations de chacun se révèlent petit à petit, désireux d’obtenir la plus grosse par du gâteau, quitte à doubler tout le monde.
Si le fond global du scénario ne réinvente en rien la roue, avec ses chantages, ses coups dans le dos et ses guerres de gangs, The Gentlemen bénéficie d’une écriture de haute qualité aux dialogues brillants ! En effet Guy Ritchie abandonne quelque peu ses gimmicks de montage rapide pour laisser respirer l’image et les acteurs. Ces derniers habitent l’écran et délivrent des répliques acérées les unes à la suite des autres, offrant au récit un flow jubilatoire et truculent.
Voyous gentlemen
Le casting d’excellent acabit est un des gros atouts du film. Hugh Grant, principal narrateur du récit via un usage de la voix off constamment justifié, vole littéralement la vedette à chacune de ses apparitions. Il s’amuse comme un fou dans un rôle de beau parleur magouilleur, à contre-emploi total de ses rôles de british distingué, ou bien de sa précédente collaboration avec Ritchie sur Agents Très Spéciaux. On pourra parler également de Colin Farell en coach adepte de la punchline facile, totalement savoureux.
C’est aussi un plaisir de revoir Matthew McConaughey dans un rôle réussi au premier plan, où il impose sa présence avec classe, flegme et professionnalisme. Charlie Hunnam, tout aussi personnage central, retrouve la ferveur de Jax Teller dans Sons of Anarchy avec toujours un côté gentleman. Le reste du casting (Eddie Marsan, Henry Golding ou Michelle Dockery) ne démérite pas, bien qu’un peu plus en retrait !
Les costumes par Michael Wilkinson (Batman v Superman, Noé) respirent la classe, l’OST de Christopher Benstead (dont c’est la première composition après avoir été monteur son sur Gravity ou bien Black Swan) est discrète mais plaisante, et la soundtrack de The Gentlemen contient également du rap londonien qui envoie du funk, toujours pour conserver une certaine authenticité.
The Gentlemen est une vraie réussite de Guy Ritchie, qui revient aux sources et à l’essence même du cinéma qui l’a fait connaître, conscient du poids des années et désireux de revisiter son œuvre. Film de gangsters exploitant l’ambivalence liée à l’embourgeoisement croissant de criminels gardant toujours des mains dans le cambouis, The Gentlemen réussit aussi par instants un discours méta sur le monde du cinéma. Manipulation de l’audience et de la narration, nostalgie d’une époque révolue, Guy Ritchie semble lui-même s’exprimer à l’écran.
Une double lecture intéressante donc, saupoudrant le cocktail hilarant, mordant, sarcatisque et abondamment cool de cette nouvelle œuvre faisant office de retour en force pour son réalisateur. Si la fin se révèle peut-être moins forte et portée sur l’humour, ou que Ritchie use de nouveau de certaines ficelles scénaristiques issues de sa filmo, The Gentlemen demeure un plaisir du début à la fin. Un très bon cru !