Après une première saison exceptionnelle, Amazon propose enfin le retour de The Boys qui s’offrent une rentrée salement jouissive.
Traqués, Hughie et les autres résistants tentent de survivre en l’absence de Butcher. Homelander joue au papa poule tandis que Vought accueille une petite nouvelle. Amazon Studio nous replonge instantanément dans l’intrigue sanglante et foncièrement iconoclaste de The Boys, toujours savamment galvanisée par la patte de ses producteurs déjantés Seth Rogen, Evan Goldberg et le showrunner Eric Kripke. Un délice, tout simplement.
Le trio infernal s’amuse de nous remettre le nez dans le format super-héroïque le plus irrévérencieux et (paradoxalement) le plus pertinent de tous ceux diffusés sur le petit comme le grand écran. Une virée maline, follement ingénieuse mais loin d’être tout public, aux antipodes des productions PG13 de Marvel et Cie. En bref, on désespérait de retrouver la vraie Justice League (pas celle de Snyder hein), sombre et sans concession, tant dans sa forme que dans son écriture. En cela Garth Ennis et Darick Robertson peuvent dormir tranquille, l’héritage de leur comic originel est toujours respecté à la lettre.
Bloody diabolical
En seulement trois épisodes (les prochains étant diffusés de façon hebdomadaire sur la plateforme), The Boys révolutionnent de nouveau le paysage télévisuel et en profitent au passage pour dépoussiérer Amazon Studios avec un logo (presque) inédit, qui n’est pas sans rappeler celui d’un autre service de streaming. Pourtant si le rythme se veut explosif, certains passages plus personnels pour développer les états d’âme des protagonistes alourdissent un peu l’écriture, surtout que les nombreuses bandes annonces et teasers proviennent tous de ces premiers épisodes. Certaines surprises et rebondissements tombent donc à l’eau.
Néanmoins on salive déjà en retrouvant cette dystopie particulièrement efficace qui recommence sans préambule en nous aspergeant d’hémoglobine et d’injures, sans que jamais le propos irrévérencieux de ces « super-héros » ne soit entaché par cette violence graphique. Sans épiloguer sur les explosions de cervelles ou de baleine, le show de Kripke est plus social que jamais. The Boys parodient avec intelligence le discours sur les diversités, avec des super-héros réduits à leur statut d’infirme, ou en illustrant le mouvement #MeToo, notamment via l’introduction de la nouvelle Stormfront (géniale Aya Cash).
L’occasion pour The Boys de remettre une couche de politiquement correct où sexisme, racisme, politique d’immigration ou secte religieuse en prennent gentiment pour leur grade. Une façon un peu clichée d’opposer héros et anti-héros à couvert d’une bien pensance peu originale où ces valeurs immuables rendent un poil stéréotypés ceux qui échappent à ces codes sociaux. Un constat ambivalent quand on voit comment le show tente avec un plaisir non feint de s’offusquer du puritanisme local, de mettre à mal une pensée conformiste typiquement américaine. A ce titre, Karl Urban ou Anthony Starr continuent de merveilleusement brouiller les limites entre bien et mal quand l’incontournable Giancarlo Esposito irradie la pellicule de sa présence magnétique.
Avec sa photographie désaturée très inspirée des films de Zack Snyder (tient donc), son récit agressif et pétrit de références sociétales et cinématographiques, The Boys promet une rentrée endiablée.