Après le film de Bong Joon-Ho, Snowpiercer est maintenant adapté en série dont Netflix vient de diffuser les deux premiers épisodes, pertinents mais pas passionnants.
La planète gelée, l’humanité trouve refuge dans une arche mouvante, un train qui ne s’arrête jamais. Adaptée du comic français Transperceneige de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette, mais également du film de Bong Joon-Ho, Snowpiercer, produite par TNT et distribuée chez nous par Netflix, arrive sur le petit écran.
S’il est toujours compliqué d’adapter une œuvre déjà adaptée, la comparaison étant facilement dommageable pour l’une ou l’autre des transpositions, Bong Joon-Ho supervise directement l’intrigue d’une série qui tient plus de son long-métrage que de la bande-dessinée originelle. Si toutefois les références et hommages au matériel papier s’affichent lors d’une introduction animée, c’est clairement le film qui sert ici d’influence à l’histoire, même si l’intrigue semble trop peu originale et agrémenté de développements dispensables.
Trainspotting
Si le réalisateur de Parasite demeure à l’écriture de la série commandée par Josh Friedman et Graeme Masterson, c’est James Hawes qui est chargé de mettre en scène le premier épisode, quand Sam Miller met le second dans la boite. De quoi donner une allure identique au film de Ho dont la série se veut un reboot en bonne et due forme. Ce Snowpiercer télévisuel qui se pose presque comme un copier-coller du film, du moins dans le season premiere. De la révolte qui gronde aux différents protagonistes types, tout y est calqué.
De quoi perturber notre approche de la série où les différences semblent forcées, jusqu’à l’intrigue policière, la seule véritable divergence narrative avec le film. Car Snowpiercer fait le pari risqué (et facile) d’offrir au spectateur un thriller survivaliste avec la traque d’un meurtrier en prime. Un va-tout bien codifié qui permet de passer au second plan les dénonciations sociales en roulant dans une ambiance habituelle, servie par des décors aussi versatiles que des quartiers mal famés d’une cité cyberpunk. Du wagon de queue à celui du marché noir aux boites de nuit, difficile de ne pas retrouver l’iconographie des Blade Runner ou d’un Altered Carbon.
Du tout cuit donc, débarrassé de la rugosité donc faisait preuve l’œuvre de Bong Joon-Ho, presque anarchiste, et qui construisait une ambiance et s’articulait sur un genre cinématographique propre à chaque wagon rencontré. Ici tout est nivelé, épuré, bien sagement rangé grâce à un cahier des charges efficacement appliqué. Le contraste entre les différentes classes sociales s’image par la saturation (ou non) de couleurs vives au fur et à mesure qu’on avance, mais ça reste encore gentil. Même les rebondissements paraissent évincés, dévoilés dès le début quand le film n’hésitait pas à surprendre son spectateur aussi souvent que possible. Il faudra donc attendre le deuxième épisode de Snowpiercer pour découvrir des belles trouvailles et véritablement proposer une intrigue (un peu) originale.
Daveed Diggs troque ici le bonnet du révolutionnaire Chris Evans contre les dreadlocks du flic attachant pour offrir un jeu nuancé d’un personnage loin d’être désespéré. Par contre, si on déplore le manque de performance burlesque de Tilda Swinton, on reconnait que Jennifer Connelly joue parfaitement la « voix du train » tout comme l’ambivalence de son personnage flegmatique, même si la révélation qui la caractérisé méritait d’être réservée pour plus tard.
La série Snowpiercer commence plutôt bien, même si son manque criant d’originalité cristallise un peu la superficialité d’un tel projet. On verra bien.