Après un Aquaman qui se voulait épique et montrait la marche à suivre, Shazam! signe la mort du DCEU tel qu’il avait démarré et ce n’est en rien électrisant.
Un jeune garçon se voit confier les pouvoirs de dieux grecs et devra prendre ses responsabilités en main… Au visionnage de ce film, il semble bien loin le temps où Snyder proposait plus ou moins maladroitement un peu de noirceur et de profondeur à cet univers de personnage costumé. La scène où un jeune garçon lâche ses jouets Batman et Superman au profit de Shazam!, et le caméo “décapité” pré-générique marque insolemment le divorce avec la “Snyder Touch”.
Ici c’est définitif, Shazam! est là pour plaire à toute la famille et faire marcher les zygomatiques. Et en toute honnêteté, ça fait parfois mouche. En même temps, le sujet s’y prête : un enfant aux capacités égales à l’homme d’acier, c’est une source précieuse pour la plaisanterie. D’ailleurs Zachary Levi dans son costume rembourré joue plutôt bien le pitre juvénile.
Outre être le public visé, la famille est le thème central du film. Que ce soit donc le héros qui doit apprendre à s’intégrer dans sa nouvelle famille, ou le méchant qui est très méchant à cause d’un frère et d’un père pas très sympa, cet aspect déjà vu du cinéma mainstream est pourtant celui qui fonctionne clairement le mieux. La famille d’accueil est attachante, l’alchimie marche bien. Les acteurs enfants sont justes et touchants, les confrontations entre Billy et ses frères/soeurs d’accueil sont crédibles. Il semble y avoir un vrai propos directeur. Les bons sentiments et le minimalisme des enjeux aèrent cette saga qui avait tendance à un en faire un peu trop; le tout voulant avoir une certaine saveur de “Maman j’ai raté l’avion” avec son côté conte de Noël.
Un non film de non super-héros
Mais là est tout le problème. Le film a beau avoir des jolies intentions, une fois le générique de fin arrivé, il nous reste une amère impression d’avoir vu un téléfilm de Noël au budget XXL, qui ne méritait pas notre billet. On en attendrait quand même plus pour un blockbuster à 100 millions… La direction artistique et la réalisation sont fades au possible, dignes des “direct to dvd”. Et le scénario n’est pas là pour rattraper le coup : il n’est pas seulement simpliste et sans surprise, mais aussi peu crédible, notamment quant à l’origin story du héros et tous les enjeux l’entourant qui ne tiennent aucunement débout.
Mais là où le bât blesse plus encore, c’est que le héros tout autant que le film ne s’avèrent jamais super-héroïque. Il est en effet un chouilla amusant et original, sans être l’idée du siècle non plus. Voir le protagoniste jouer les saltimbanques de rue à coup d’éclair dans le ciel pour récolter de l’argent, ça va un moment. Mais pas pendant 1h40…
Par une mise en scène peu inspirée, à aucun moment le héros ne sera iconisé. D’ailleurs à aucun moment il ne fera d’actes héroïques. Il s’avère en fait plus une parodie presque méta, un “sous Deadpool”, quant au genre auquel il appartient. Le film se moquant de lui-même constamment, sans aller plus loin, son manque d’ambition en devient presque agaçant. Cela est clairement illustré dans un climax final frustrant qui, dès qu’une confrontation physique s’apprête à être enclenchée, passe en off le combat en changeant de scène; ou alors la désamorce totalement à coup de blague, laissant plus de place à l’humour qu’au spectaculaire.
Shazam! est-il une tentative désespérée de renouveler le genre en s’affranchissant des poncifs habituels ? Le film n’a clairement pas cette ambition. À l’inverse on dirait plus un triste retour en arrière, lorsque le genre n’avait le droit qu’à des productions nanardesques qui ne le prenait aucunement au sérieux.
Un commentaire
Si on en est là c’est à cause de ceux qui ont craché sur Snyder au final on a que les films qu’on mérite…….