Squeezie voulait faire un album. Il a composé Ozyx, lequel vient de sortir après une longue et acharnée année de préparation.
Oxyz laisse lyriquement sceptique. Ne vous attendez pas à du grand lyricisme, ni même des touches d’humour. Ozyx évoque avec une platesse remarquable le thème le plus poncé de la chanson : l’amour. Squeezie concurrence alors sérieusement Vitaa et Hélène Ségara lorsqu’il évoque ses peines sentimentales dans Pourquoi et Elle menait la danse. A la nuance près que Squeezie se trouve loin de rivaliser vocalement avec elles. Heureusement conscient de ses capacités limitées, il n’en rajoute pas avec du vocodeur à outrance.
Ozyx se veut aussi album personnel dans lequel il évoque les travers du succès. Depuis près d’une décennie sur YouTube, Squeezie connait en effet que trop bien l’envers du décor. Traîter les dangers du web autrement qu’à travers des vidéos dédiées ou des ouvrages est une idée intéressante. S’il l’avait exprimé dans un style personnel… Podium et T’en fais pas évoquant la course au succès ou l’hypocrisie se vautrent malheureusement dans des formulations bateaux.
T’en fais pas, tout n’est pas tout noir
Côté instrumental, l’ensemble apparaît comme relativement soigné. Comme dans l’album Trinity du rappeur Laylow, une piste introductive intitulée Ozyx nous annonce une expérience psychique explorant les plus profonds méandres de l’âme. Un fossé s’installe toutefois rapidement entre ce qui est annoncé et le contenu. Aucune prise de risque n’a été prise, Ozyx ne présente que des instrumentals calquées sur les standards actuels de rap. La différence se ressent plutôt dans les effets électro ajoutés. Le morceau Années porté par une ambiance space electro se trouve dès lors en adéquation avec les ambitions de l’introduction.
Oxyz se veut en globalité un album décontracté assez en phase avec le personnage de Squeezie et les attentes de sa communauté. On retrouve alors Gambi, le rappeur feel-good de l’année, accompagné de son style instrumental dansant sur Servis. Au fait, tendez bien l’oreille à l’écoute de ce titre, une référence au fameux Here Comes the Hotstepper d’Ini Kamoze y est cachée ! Tandis que la grasse mat’ à 15h évoquée dans Pas maintenant et le MacDo’ de K.O., rappellent nostalgiquement les années collège lycée.
Squeezie se révèle au cours de ces 12 titres pas si mauvais chanteur. En dépit de sa faible capacité à proposer des notes diverses, sa douce voix nous porte agréablement sans vraiment agresser nos petits tympans. Même sa tentative de rap sur T’en fais pas, bien qu’il s’agisse de kick basique, satisfait les oreilles peu aguerries.
Manque d’Oxyzène
Tantôt envoutant (Guépard), souvent agaçant (Mario Kart) cette production laisse circonspect : Ozyx cumule paroles bancales et redondance instrumentale. Il se révèle somme toute typique de ce qu’on écoute en fond sonore en soirée pour instaurer une petite ambiance sans écouter les paroles. On accordera toutefois à Squeezie le mérite d’avoir osé s’éloigner de sa zone de confort pour s’accorder un petit plaisir.