La nouvelle série Star Wars propose de retrouver le fameux Obi-Wan Kenobi dans sa propre itération sérielle, laquelle nous laisse sérieusement dubitatifs.
Exilé secrètement sur Tatooine pour garder un œil sur le jeune Luke Skywalker, Obi-Wan Kenobi essaye de se faire oublier de l’Empire. Jusqu’à ce que le fun ne recommence ? Tout juste sortie sur Disney+, la mini-série estampillée Star Wars permet donc à Ewan McGregor de retrouver le manteau du Jedi qu’on adore tous, mais devant ces deux premiers épisodes… on a comme qui dirait « un mauvais pressentiment ».
La déconvenue de SOLO aura fini par calmer Lucasfilm de ses idées de spin-off cinématographiques et fut donc préféré le format de la mini-série pour Obi-Wan Kenobi, terrain propice et au combien addictif pour tous les fans de la licence Star Wars. C’est ainsi sous la plume et la direction de Joby Harold (Le Roi Arthur et la légende d’Excalibur, Army of the Dead ou le prochain Transformers) et devant la caméra de Deborah Chow (Le prix à payer, Mr Robot, ou The Mandalorian) que prend vie la suite de la prélogie, sans parvenir à se hisser à la hauteur des films.
L’attaque des clowns
Toujours dans un souci d’éluder les non-dits et les ellipses narratives, voilà que la firme de Mickey décide de développer la continuité de l’affrontement inévitable entre Obi-Wan et Anakin, puisque Hayden Christensen est également au casting de cette mini-série. Rien entre l’épisode III et le IV ne restera donc libre à interprétation puisqu’après la série animée Star Wars Rebels, nous voilà de retour juste après l’Ordre 66 et le massacre des Jedi. On retrouve alors quelques années plus tard notre bon Obi-Wan sur Tatooine, offrant au petit Luke des jouets qu’il conservera jusque dans la trilogie originale, menant une vie d’ermite pour se confondre avec le personnage reclus joué par le grand Alec Guinness.
Une transition imagée par un Obi-Wan moins fringuant que d’ordinaire, hirsute et tenue poussiéreuse de rigueurs alors que le bonhomme est incapable de manipuler la Force et n’est plus que l’ombre de lui-même. Heureusement pour Lucasfilm et Disney, il sera forcé de se salir de nouveau les mains en secourant cette fois non pas Luke mais sa sœur, Leia, incarnée ici par la petite (et crispante à souhait) Vivien Lyra Blair. L’occasion pour la franchise de retrouver la dynamique du Mandalorian et de Baby Yoda, au combien choyée par les fans. Un nouveau buddy movie avec un contraste appuyé entre deux protagonistes radicalement différents, l’un désabusé et en pleine dépression tandis que l’autre est impulsive et de noble éducation.
La revanche des nuls
Pourtant, malgré cette belle promesse de retrouver un personnage adulé par tous, son côté rebelle et incontestablement « cool » attestent de la hype portée tout seul par un McGregor en grande forme, le reste de la série Obi-Wan Kenobi semble, pour l’instant, mal s’agencer. Le duo avec la jeune princesse Leia est tout bonnement insupportable et s’il apporte son lot de comédie ou de décalage au show, on trouve dommage que les remords de Obi-Wan ne soient pas mieux mis en avant pour lui donner un côté sombre et racé. pourtant ce n’est pas faute d’appuyer sur les traumatismes passés à l’aide de flashbacks visuels ou sonores pour bien ancrer la prélogie comme Ainsi le show reste dans les carcans habituels de Disney, en jouant très fortement la carte de la nostalgie et en alternant entre des moments de bravoures mal fichus et un humour moribond pour satisfaire tout le monde. Et si la série tente de prendre son temps pour attester de la détresse de notre héros, alors que la saison se contente de proposer seulement 6 épisodes, il faudra attendre le deuxième pour qu’il embrasse à nouveau sa destinée, autant dire que ça ne bouge pas vite.
De même rien ne viendra secourir cette pauvre tentative du côté des méchants. S’ils ne servent qu’à détourner l’attention du véritable vilain, Dark Vador est pour l’instant seulement teasé, tous manquent cruellement de crédibilité et de charisme. Leur design est anecdotique, leurs motivations évidentes et si certains se tentent au parkour comme dans Matrix pour nous impressionner, il aurait mieux valu s’abstenir. Surtout que les scènes d’actions sont passablement risibles, de la course poursuite effarante dans la forêt quand le bassiste des Red Hot essaye d’attraper la petite Leia, aux gunfights minables sur les toits de la planète Daiyu, rien n’est convaincant si ce n’est l’introduction à Coruscant avec l’extermination des Jedi servie par un plan séquence savoureux. Sacrée déconvenue pour la suite, d’autant plus que la réalisation de Deborah Chow, bien qu’adaptée au style statique de Lucas et au stress post-traumatique de Obi-Wan, demeure inexpressive au possible malgré une sympathique photographie granuleuse et flatteuse. L’entreprise se contente de briller lorsqu’il s’agit de faire le point sur les rides du héros décidément toujours aussi cool mais le reste demeure par contre d’une tristesse absolue.
Parce qu’à part surfer sur une vague de fanservice nostalgique toujours à même de charmer le spectateur, cette série Obi-Wan Kenobi semble pour l’instant loin de proposer le divertissement qu’elle semblait nous destiner. A voir comment elle évoluera.
Obi-Wan Kenobi est actuellement diffusée sur Disney+
Avis
Obi-Wan Kenobi repose sur la seule présence du toujours très cool Ewan McGregor tout en surfant sur une nostalgie déplacée et pour l'instant qui nous parait très vaine, presque aussi artificielle que les implants de Dark Vador.