Troisième volet de la trilogie de Ti West, MaXXXine complète ainsi un projet cinématographique initié par les réussis X et Pearl, revisites cinéphiles transgressives portées par l’excellente Mia Goth. Malheureusement, cet opus se déroulant à Hollywood ne sait sur quel pied danser, et se vautre les pieds dans le tapis rouge !
En l’espace de 2 ans, Ti West aura été sur les radars d’une renaissance du cinéma horrifique avec X et Pearl. Le 1er s’affirmait comme une plongée salvatrice dans le cinéma de série B des 70’s, pour un slasher graphique et réjouissant émulant Massacre à la Tronçonneuse ou La Colline a des Yeux ! Un exercice cinéphile surpassé par Pearl, résurrection des productions Technicolor des 40’s-50’s dans une satire acide de l’industrie cinématographique.
MaXXXine vient donc compléter la profession de foi de Ti West avec un plus gros budget, un plus gros casting et de plus amples ambitions ! Le film prend donc place 6 ans après X en 1985, après que Maxine Minx (Mia Goth) ait échappée au massacre de ses amis hardeurs. Désormais à Los Angeles dans le but de devenir une star de cinéma, cette dernière et son entourage vont rapidement être la cible d’un mystérieux tueur.
Yeux plus gros que le ventre
Avec MaXXXine, Ti West s’exerce à un hommage beaucoup plus appuyé et vaste qu’auparavant, piochant dans le cinéma des années 50 (le cinéma d’Hitchcock est même cité frontalement via l’usage de la maison de Psychose) jusqu’aux 90’s en passant par le thriller paranoïaque des 70’s (on pense aussi à Klute) ou bien le giallo (les apparitions du tueur n’étant parfois pas si éloignées de celui d’Inferno).
Un maelström d’influences assumées, tandis que MaXXXine veut afficher une identité mutante au fur et à mesure d’une intrigue étrangement cousue de fil blanc. Passée une première demi-heure sympathique et plus ou moins inspirée du cinéma hardboiled (les rues crasses n’auraient pas dépareillé dans du Paul Schrader tendance Hardcore), le métrage veut peu à peu sacrifier sa myriade de personnages pour une trame alambiquée malgré sa linéarité.
En effet, comme pour explorer un Hollywood vicié, MaXXXine multiplie les apparitions plus ou moins conséquentes, avec là encore un résultat bien discutable : si on appréciera que Lily Collins (Emily in Paris) et surtout Elizabeth Debicki (The Night Manager) offrent un regard adéquat sur l’alpha et l’oméga de la survie féminine au sein de l’industrie, on regrettera surtout le traitement du reste du casting.
Fourre-tout cinéphilique
Plus illustratif qu’incarné (et à l’image de la non-digestion cinéphilique de l’ensemble), le tout vire vite au dégueulis d’invités, à l’image du duo de flics Michelle Monaghan–Bobby Canavale rarement convaincants, d’un Giancarlo Esposito en acolyte rapidement évacué, Moses Sumney en caution LGBT sacrifiée, ou bien d’un Kevin Bacon émulant Jake Gittes antagoniste réduit à de la caricature.
Mais passé le murder mystery/slasher initial, le tout vire au sous-Scream 3 via la révélation de l’antagoniste, jusque dans un climax sans aucun poids qui flirtera dangereusement avec le Z. C’est d’autant plus regrettable tandis que Ti West offrait jusque là avec MaXXXine une certaine tenue technique et visuelle (même lors de rares accès gores telle une réjouissante séquence de testicules écrasés), jusqu’à une scène éloquente où l’actrice se retrouve piégé au sein même d’un moulage de sa propre tête (conjugué à des traumas passés répondant à ceux factices du cinéma).
Malheureusement, la mise en scène, l’écriture et l’ambition cathartique du projet sembleront aux abonnés absents au fur et à mesure, malgré la volonté prégnante d’un arc émancipatoire pour son personnage principal vis-à-vis du patriarcat et des conventions. Des exercices déjà appliqués dans X et (surtout) Pearl, de manière bien plus accomplie et maîtrisée que ce MaXXXine complètement oubliable. Reste la performance de Mia Goth, toujours aussi exemplaire !
MaXXXine sortira au cinéma le 31 juillet 2024
avis
Avec MaXXXine, Ti West se vautre dans les grandes largeurs d'une déclaration d'amour au cinéma plus illustrative qu'incarnée. Loin des réussites transgressives de X et Pearl, ce 3e opus se révèle avant tout comme un défilement de guests et d'hommages non-digérés pour pallier à une intrigue cousue de fil blanc. Se concluant vers du Z insoupçonné, MaXXXine peut au moins compter sur une bonne reconstitution d'époque allié au talent toujours aussi incandescent de Mia Goth. Pour le reste, un regrettable échec !