Nouvelle adaptation d’une attraction Disney, Le Manoir Hanté débarque dans les salles ce jour (pour nous jouer un mauvais tour). Un projet de longue date initialement réservé à Disney+ avant de voir son budget gonflé et une fenêtre de sortie au cinéma. En résulte une comédie bien trop timorée et qui manque de fantastique pour convaincre, malgré un bon casting !
Disney a déjà adapté ses attractions phares par le passé : Pirates des Caraïbes, Tomorrowland, La Montagne Ensorcelée, Jungle Cruise… C’est sans grande surprise que Le Manoir Hanté a aussi droit à son pendant filmique ! Mais c’est oublier le superbe nanar de 2003 avec Eddie Murphy, qui malgré tout n’a pas enterré le potentiel du projet.
Un projet qui fut un temps confié à Guillermo Del Toro dans l’optique de sortir un film tourné en 3D. Mais comme tout projet excitant Hollywoodien affilié à un illustre cinéaste, le résultat ne verra jamais le jour. Cette fois Le Manoir Hanté est confié à Justin Simien (le bien sympathique Dear White People), mais également à la scénariste Katie Dippold (le Ghostbusters de 2016)…
Bienvenue en Louisiane
Le Manoir Hanté se déroule de nos jours à la Nouvelle-Orléans, alors que nous découvrons une mère (Rosario Dawson) emménageant avec son fils (Chase W. Dillon) dans une grande demeure à l’abandon. Malheureusement, cet héritage se révèlera hanté par plusieurs fantômes, les empêchant de fuir. C’est donc avec désespoir que cette petite famille va demander l’aide de Ben (Lakeith Stanfield), un guide touristique ayant travaillé à la NASA pour objectiver la fameuse présence paranormale.
Lui-même hanté par un deuil insurmontable, ce dernier va rapidement être rejoint par un prêtre (Owen Wilson), une voyante (Tiffany Haddish) et un historien (Danny DeVito) pour contrer cette horde surnaturelle menée par le mystérieux fantôme à la boîte à chapeau (Jared Leto). Une équipe de bras cassés en quelque sorte, dans un mélange de comédie et de fantastique malheureusement déséquilibré.
Le Manoir Hanté aux décors inspirés
Le Manoir Hanté a des atouts dans sa poche et quelques qualités à apprécier : tout d’abord le setting en lui-même ! La Louisiane offre un décor référencé chargé en histoire, qui se révèle totalement adéquat pour conter une histoire évoquant l’occulte et le mysticisme. De plus, on peut saluer le bon travail du chef décorateur Darren Gilford (Tron Legacy, Oblivion, Star Wars VII, The King’s Man), parvenant à faire du fameux manoir un personnage à part entière.
Une production design globalement réussie, étendant ce que l’on connait de la fameuse attraction (couloirs jonchés de toiles d’araignée, portraits en tout genre, sous-sols pittoresques) alors que l’essentiel du récit s’y déroule. La contrepartie viendra malheureusement d’un certain manque d’idées dans la manière d’exploiter ce décorum, et par extension cette histoire !
Malgré 2-3 séquences bienvenues jouant avec les repères spatiaux ou modifiant complètement les pièces pour créer de nouveaux dangers, Le Manoir Hanté se révèle finalement bien chiche en surprises, la faute à un script ne parvenant jamais à atteindre une once de singularité. Tout paraîtra déjà-vu et cruellement quelconque, en particulier dans la caractérisation globale des fantômes : aucune once d’originalité, si bien qu’ils sont rapidement relégués au second plan !
Fantôme sans ectoplasme
Format familial oblige, le métrage évite évidemment tout effet de frousse possible pour avant tout être une comédie. Un parti-pris pas nécessairement dérangeant, mais qui ne subvertit jamais le genre malgré une mise en place tout à fait plaisante des enjeux. Le cœur du problème viendra même du fameux némésis à la boîte à chapeau : un fantôme au look générique, à la backstory rapidement évacuée, et sans réel impact sur nos héros !
Pourtant, Le Manoir Hanté peut au moins se targuer d’avoir un casting compétent au capital sympathie certain. Il y a quelque chose de réjouissant de voir ces individus de seconde zone (tous sont des ratés en quelque sorte) combiner leurs talents face à l’adversité (et via quelques gags bien portés par les comédiens et leur alchimie). Et outre quelques caméos oubliables (Jamie Lee Curtis, Winona Ryder..) c’est véritablement Lakeith Stanfield (Atlanta, Get Out, Judas & the Black Messiah) qui tire son épingle du jeu !
Ce dernier porte le (faible) cœur émotionnel du métrage, en individu brisé ayant renoncé à croire au surnaturel et à l’au-delà suite au décès de son ex-femme. Un arc rédempteur à peu près satisfaisant montre donc le bout de son nez, malheureusement gâché par un climax sans grande inspiration. Le Manoir Hanté réussit donc son trombinoscope humain, à défaut de correctement gérer le fantomatique.
Fantôme du dimanche aprem
Au final, Le Manoir Hanté laisse avant tout une impression de beau gâchis devant le potentiel de la chose. Justin Simien emballe le tout proprement (parfois même trop), porté par un score correct de Kris Bowers (Green Book). Malheureusement, difficile d’en garder quoique ce soit à l’arrivée, à part son casting réussi et quelques personnages bien croqués. Bien dommage !
Le Manoir Hanté est en salles à partir du 26 juillet 2023
avis
Le Manoir Hanté représente une occasion manquée de créer une vraie comédie horrifique familiale, fun et inspirée. Malgré de belles prémices, difficile d'en ressortir bien satisfait devant un script ne parvenant jamais à s'emparer des tropes du genre pour les subvertir. Le tout se suit sans gros déplaisir grâce à son casting réussi et une fabrication sans gras, mais on reverra aisément The Frighteners à la place !