Halloween Ends est censé à la fois conclure la nouvelle trilogie initiée en 2018, mais aussi la série de 12 films entamée par l’indépassable chef d’œuvre de John Carpenter. Pour une fin à la hauteur ?
Halloween Ends décevra à coup sûr nombre de spectateurs. Mais la saga initiée par John Carpenter n’aura finalement connu qu’un sommet, issu de son inégalable et indémodable modèle originel, proposant pêle-mêle des suites efficaces (Halloween 2, Halloween Kills, Halloween, 20 ans après), à des navets complètement opportunistes (Halloween 4, Halloween 5 et le sommet Halloween : Ressurection) en passant par la sympathique anthologie d’Halloween 3 : La nuit du sorcier.
Passé la réécriture du personnage, injustement conspuée, de Rob Zombie, David Gordon Green réussit ici enfin à s’emparer du mythe après un hommage honnête, sa suite inutilement gore, et donc ce Halloween Ends, qui propose quelque chose de neuf malgré d’énormes défauts et un énième rétropédalage.
Fragile(s) reconstruction(s)
Halloween Ends trahit ainsi l’idée de suite directe instaurée par Halloween Kills. Quatre années ont passées depuis les évènements du précédent opus, et le calme semble enfin s’être immiscé dans la vie de Laurie Strode et de sa petite fille. Une ambiance détendue de façade qui trahit bien des maux : parce que la ville d’Haddonfield, elle, continue de porter bien des stigmates des multiples passages de Michael Myers. Et à l’opposé d’Halloween Kills, David Gordon Green Danny McBride, Chris Bernier et Paul Brad Logan ont ici enfin le temps de développer leurs personnages, moins nombreux et dénués du fan-service facile (et inutile) du précédent opus.
Resserré sur quelques personnages, le scénario fait ainsi pleinement honneur à Jamie Lee Curtis et Andi Matichak au détour de leur fragile reconstruction. Le personnage de l’officier Frank Hawkins, campé par Will Patton, offre ainsi à la scream-queen de très belles scènes d’émotion, où l’aube d’une vie nouvelle se voit soudainement rompue par un passé qui n’en finit plus de tout ronger. Mais cette thématique, riche et intéressante, se voit malheureusement amenée de manière bien plus maladroite, offrant à ce Halloween Ends sa qualité comme ses plus fragiles limites. Parce que toute la haine et l’amertume d’une ville se voit menée vers un jeune étudiant, rendu coupable à ses dépends d’un tragique accident. Et c’est là que le récit peut désarçonner, et en laissera ainsi nombre de côté.
La mort en héritage
Ce nouveau personnage se trouve ainsi être le véritable apport et la proposition neuve de David Gordon Green et de ses scénaristes. Construit comme un reflet de Michael Myers, on lui doit ainsi le surprenant retrait du boogeyman dans ce qui paraît d’abord sonner comme un passage de flambeau. Écrit comme l’avènement d’un serial-killer portant en lui toutes les tares et les blessures d’une ville malade, et d’un mal qui se transmet comme une maladie, tous les clichés y passent, de la mère castratrice aux méchants (et inépuisables têtes à claques) adolescents s’amusant à le faire souffrir. Souffrant d’un schéma scénaristique cousu de fil blanc, Halloween Ends doit à cet apport, malgré sa fraîcheur, d’inévitables maladresses, malgré une relation toxique intéressante nuisant à la reconstruction de Laurie Strode et de sa petite-fille.
David Gordon Green semble malheureusement très vite abandonner cette piste, pour nous faire revenir abruptement aux choses sérieuses. C’est ainsi l’empreinte que laissera le metteur en scène sur sa trilogie, d’ajouts maladroits aussitôt tués dans l’œuf pour finalement nous resservir la même tambouille. Heureusement, il reste les figures mythiques de Laurie Strode et de Michael Myers dont l’affrontement, déjà annoncé comme final 24 années plus tôt fait toujours autant vibrer notre corde sensible. Et c’est là qu’Halloween Ends l’emporte malgré tout. Parce que ce final, après autant d’errances, réussit pleinement son pari. Il demeure ainsi un sentiment d’infinie déception d’avoir tenté de modifier une partition qui n’en avait finalement pas besoin. Parce que comme d’indémodables tubes que l’on rejoue en boucle sans s’en lasser, certaines figures demeurent éternelles.
Halloween Ends est sorti le 12 octobre 2022.
Avis
Halloween Ends laisse ainsi un sentiment de déception. Le sentiment que cette nouvelle trilogie, malgré ses nouveaux apports, ne se sera finalement contentée que de nous rejouer la même partition. Perpétuellement tiraillée entre envie de neuf et l'inévitable hommage, Halloween Ends ne réussit finalement véritablement que sur un point : celui de nous rejouer un affrontement tant attendu une énième fois, mais avec une fois de plus, une émotion intacte.
2 commentaires
Il semble que vous n’avez pas vu Halloween 3 Le sang du sorcier: il ne s’agit pas d’une anthologie mais d’un film totalement différent, ce qui AURAIT (s’il avait marché au box office) dirigé la série Halloween vers la forme anthologie.
Merci d’avoir lu ma critique ! Alors étant donné qu’il ne fait pas partie des différentes timelines, on peut parler d’une anthologie parce que n’est repris que le nom de la saga pour raconter une histoire indépendante. Et l’on peut longuement parler de cet opus que j’apprécie beaucoup si vous le souhaitez, vous pouvez même retrouver mon classement complet de la saga Halloween sur le site, dont je suis un grand fan et ait vu jusqu’aux pires épisodes !