Kid Cudi revient avec son huitième album : Entergalactic. Un projet musical accompagné d’une expérience visuelle du même nom, transformé finalement en film Netflix. Une œuvre d’animation qui aurait pu simplement n’être qu’un gadget marketing, mais se révèle un vrai film empli de tendresse et de sincérité en prenant le pouls des relations amoureuses contemporaines.
Après la conclusion de sa trilogie Man on the Moon en 2018, cela faisait déjà quelques années qu’on attendait le nouvel album de Kid Cudi. Après un petit aparté niveau acting en série (We Are Wo We Are de Luca Guadagnino) ou au cinéma (X de Ti West), le revoilà de retour avec Entergalactic dans un tout autre projet, à la frontière des mediums.
Initialement prévu comme une série d’animation pour adultes, le projet créé par Kenya Barris (black-ish) et Scott « Kid Cudi » Mescudi déboule sous forme de film d’1h30 directement sur Netflix afin d’accompagner la sortie de l’album du même nom. Produit via Netflix Animation et DNEG (spécialisé dans les CGI de bon nombre de films des 20 dernières années), le résultat est complètement rafraichissant !
Entergalactic prend place à New York, alors que Jabari (Kid Cudi) emménage à Manhattan. Cet artiste adepte de streetwear vient d’intégrer une boîte spécialisée dans les comics, afin de développer son personnage Mr Rager (les fans reconnaîtront). Habitué à chiller avec ses potes, ce dernier va voir son quotidien chamboulé par la rencontre de Meadow (Jessica Williams), une charmante photographe qui se révèle être sa voisine. Ainsi, Entergalactic nous fait vivre les premiers émois amoureux de ces deux personnages !
Rom-com Story
Les prémices de Entergalactic paraissent donc relativement communes (rencontre liée au hasard, conseils donnés par les amis, opportunités professionnelles en parallèle, évènements fortuits faisant office d’obstacle au grand Amour, affres des dating apps), via son pitch de comédie romantique ultra classique. Ce qui change la donne est bien évidemment l’exécution, allié à une vraie authenticité affichée dans le traitement de la romance, alliée à une emphase positive sur les relations humaines.
L’écriture évite tout gros stéréotype de ce type de récit, allié à des dialogues prônant là encore une certaine sincérité, ainsi qu’une maturité bienvenue (qui semble même héritée d’un vécu). On peut en effet noter l’évocation du sexe ou de la séduction de manière tout à fait intuitive et naturelle. Une plume solide, rehaussée par le talent des interprètes.
Jabari est clairement le boy next door charmant (sans être cheesy) auquel on peut facilement s’identifier, tandis que Jessica Williams participe grandement à donner un charisme immédiat à son personnage (qui s’avère sophistiqué, mais également bien détendu). Une alchimie s’opère assez immédiatement, tandis que le cast secondaire fonctionne tout autant.
On peut noter Ty Dolla Sign (qui a littéralement le même look pour son personnage) et Timothée Chalamet (lui-même très pote avec Cudi) qui proposent quelques tirades hilarantes, ou encore Vanessa Hudgens et Laura Harrier dans le lot ! Tout ce beau monde arrive à prendre vie grâce aux acteurs, mais également à l’animation de qualité d’Entergalactic !
Life into the Entergalactic Verse
Entergalactic est une nouvelle preuve que Spider-Man into the Spider-Verse a définitivement marqué l’industrie, alors que son mélange 2D-3D aura initié une vague de films d’animation au style hybride (Klaus, Les Mitchell contre les Machines, Le Chat Potté 2…). Ici, les tons pastels associés au jeu de perspectives sur les arrière-plans ou bien l’animation en 12 images secondes intermittentes rappellent forcément le film de Sony Imageworks, autant que le style d’un Life is Strange.
Gardant un ancrage réaliste inhérent à l’atmosphère de la Grosse Pomme, la mise en scène se déploie régulièrement dans des saillies lyriques permises par les possibilités infinies de l’animation. Une ballade en vélo, un coup de foudre en soirée ou bien une sortie sous la pluie prend une autre dimension poétique et émotionnelle, alors que la musique de l’album permet d’y apporter la touche finale.
Via des titres comme Angel, She’s Looking For Me ou bien Maybe So, Kid Cudi apporte un réel spleen romantique à plusieurs passages adéquats, tandis qu’on retrouve la vibe entrainante de ces premiers travaux via Livin’ My Truth, Ignite the Love ou Can’t Shake Her. On tient aussi quelques bangers plus rythmés tels que Can’t Believe It, Do What I Want et Willing to Trust.
Au final, Entergalactic se révèle à la fois un vrai bel album, en totale symbiose avec le projet d’animation éponyme. Une comédie romantique emplie de tendresse, de douceur et d’authenticité, boostée par une mise en scène réussie et un style d’animation qui flatte la rétine. On en redemanderait presque !
Entergalactic est disponible sur Netflix depuis le 30 septembre 2022
avis
Entergalactic est un retour en grande forme pour Kid Cudi. Ayant composé ces morceaux parlant de passion et de relation en ayant son récit en tête, on tient ici une conjonction parfaite des deux mediums. Une aura de folie plus prononcée aurait pu être la bienvenue, mais pas de quoi bouder le plaisir devant ce bonbon sucré et acidulé qui assoit encore une fois l'animation comme un formidable outil dramaturgique. Une très bonne pioche donc !