Découvrez notre top 10 des affiches de spectacles les plus belles et/ou les plus réussies du Festival OFF d’Avignon 2022.
Les rues d’Avignon sont déjà tapissées d’affiches à l’heure qu’il est. La ville a revêtu son costume de scène. Et pour cause, le Festival OFF 2022 est sur le point d’ouvrir ses portes. Nous vous faisions découvrir il y a quelques jours notre sélection pour cette nouvelle édition, faite de coups de cœur et d’espoirs. Aujourd’hui, c’est une sélection un peu différente que nous vous proposons…
Car il y a bien des manières pour un spectacle de faire parler de lui, d’attirer l’attention. Il y a le thème qu’il aborde, bien sûr ; ses comédien(ne)s, sa mise en scène ; également le théâtre dans lequel il est programmé ; ou encore le très précieux bouche à oreilles… Et puis il y a aussi son affiche, objet visuel au rôle des moins anodins.
L’affiche, c’est en quelques sortes l’écrin d’un spectacle, sa parure, son habit. C’est la manière dont il décide de se présenter au public. L’occasion d’un coup de cœur au premier regard, d’un sentiment de curiosité, d’un sourire au coin des lèvres, d’un rejet net et brutal aussi parfois. Car une affiche en dit déjà long sur une œuvre, sur ce qui s’en dégage, ce qu’elle souhaite transmettre, de quelle manière elle désire nous toucher.
Au fond, les affiches sont un peu des promesses. Toutes ne seront pas tenues, tandis que certaines pièces viendront nous éblouir alors qu’elles n’avaient rien promis… Et c’est tout le charme du OFF d’Avignon : prévoir un peu, et se laisser surprendre beaucoup… Voici donc les dix affiches qui ont, plus longuement que les autres, capté notre regard et notre curiosité.
Alabama song, à La Manufacture
On commence par la dixième place de ce top. Il y a quelque chose d’hypnotique dans ce flou artistique, dans cette affiche aux airs de peinture à l’huile. Il s’en dégage un parfum de nostalgie, une liberté habitée, un souvenir pas tout à fait oublié. Ce mouvement insaisissable et vaporeux semble célébrer la vie et l’insouciance. Il donne envie d’y goûter, de s’en imprégner ou, au moins, de l’observer encore et encore…
Cette adaptation très musicale du Prix Goncourt 2007 raconte le destin sulfureux de Zelda, épouse de Francis Scott Fitzgerald, artiste oubliée, internée pour schizophrénie. Le portrait d’une femme libre, d’une vie sacrifiée, d’une histoire d’amour destructrice.
Moon, au Théâtre Al Andalus
L’ambiance est tout autre avec cette affiche façon dessin d’enfant dont les couleurs explosent, nous frappent, tandis que celles du fond semblent se diluer. Un peu comme s’il s’agissait de souvenirs. Et ces deux personnages qui semblent ne pas pouvoir se rejoindre sans que l’on comprenne vraiment ce qui les sépare ni ce qu’ils tentent de se transmettre… Pas évidente à comprendre en réalité, cette affiche, mais notre regard est happé.
Et c’est bien de cela dont il s’agit dans cette pièce : d’enfance, de séparation, d’impossibilité à se rejoindre. Une enfance racontée par une petite fille, Moon, dont la famille va être frappée par un drame. Et alors, quand le deuil s’installe c’est l’enfance qui s’arrête. Au vu de l’affiche, on ne peut pourtant s’empêcher de s’imaginer que c’est la vie qui triomphera…
Les chaises, au Théâtre du Chêne Noir
Plusieurs éléments interpellent sur cette affiche. Ces couleurs flamboyantes d’un ciel qui s’embrase au coucher du soleil, déjà. Une atmosphère rendue plus poétique encore par l’aspect peinture à l’huile qui nous donne envie de nous attarder un peu, d’observer les détails, de nous fondre dans le décor. Il y a ensuite la représentation intrigante de cet homme et cette femme assis à l’envers l’un de l’autre, dont les regards semblent ne pas vraiment se regarder. Des regards absents. Et puis il y a ce « H » subtilement typographié en forme de chaise que l’on aime beaucoup !
Et on peut dire que cette affiche reprend intelligemment tous les éléments principaux de l’histoire ! En effet, cette farce tragique d’Eugène Ionesco met en scène un couple de vieillards isolés sur leur île et repoussant la mort à coup d’amour et de tendresse. Une pièce qui interroge sur le sens de la vie et sur la solitude existentielle.
Believers, au Théâtre du Grand Pavois
Ce qui est drôle c’est que nous avons regardé de nombreuses fois cette affiche, et il n’a jamais fait aucun doute que ces deux mains s’unissant sur un fond maculé de projections de peintures étaient celles de deux êtres. Elles nous semblaient avoir déjà parcouru du chemin l’une dans l’autre ; nous devinions les souvenirs heureux mêlés aux épreuves de vie, comme des coups de pinceaux qui se balayent, se recouvrent, peignent la toile d’une existence à deux. On y devinait aussi la solidité, l’espoir, l’amour.
Jusqu’à ce qu’un ultime coup d’œil vienne semer le doute : et si ces deux mains conjointes étaient celles d’une seule et même personne qui espère, qui prie ? Cela semble finalement plus probable, et pourtant nous avons failli passer à côté ! Ceci dit, les deux lectures fonctionnent puisque cette pièce nous livre une tranche de vie d’un couple amoureux depuis vingt ans, et soudain confronté à un évènement tragique… Mais cette affiche nous laisse imaginer un dénouement fait d’espoir et de résilience.
Deux rien, à l’Espace Roseau Teinturiers
Voilà typiquement le genre d’affiche qui nous fait bousculer notre programme. Impossible de lui résister, de ne pas aller découvrir ce qui se cache derrière tant de poésie. En effet, entre ce titre tellement joli, sa typographie un brin naïve, ces deux silhouettes côte à côte partageant une évidente solitude, et ce mélange de couleurs… On ne sait pas de quoi ça parle que l’on est pourtant déjà touché…
Enfin, à présent nous savons. Car c’est en 2019 que nous avons cédé à l’appel de cette affiche qui est d’ailleurs la seule de cette sélection dont nous avons vue la pièce. Et nous ne l’avons pas regretté. La preuve : elle s’est naturellement fait sa place dans notre sélection de cette année. En effet, toutes les promesses de ce visuel sont tenues : de la poésie, de la délicatesse, de la mélancolie, de la solitude, de la pudeur… Ce spectacle alliant danse, mime et clown se tient au bord du rire et nage dans la tendresse.
Dernier verre, au Théâtre des Barriques
On entre dans le top 5 avec une affiche que l’on ne se lasse pas de regarder. L’agencement des éléments et les dessins sont modernes, mais c’est surtout cette colorimétrie très originale qui permet à cette affiche de sortir du lot. Pour ce qui est de l’histoire en revanche, on mise sur quelque chose de moins original et de léger.
Pas si sûr pourtant ! Car s’il s’agit bien d’un thème aussi classique que la rencontre entre un homme et une femme lors d’une soirée, c’est à une expérience interactive que nous invite cette pièce ! Et ça, pour le coup, c’est beaucoup moins banal. Aussi, préparez-vous à peut-être quitter votre siège pour contribuer à faire vivre l’histoire !
Britannicus – Tragic Circus, au Théâtre du Balcon
On adore le côté Tim Burtonesque de cette affiche très travaillée qui retranscrit à merveille l’univers du cirque. Les lumières, le chapiteau, la piste, les nuages de sable… Même la petite musique qui va bien semble retentir lorsqu’on la regarde ! Avec tout de même un soupçon d’inquiétude, d’angoisse amenée par ces étranges personnages… Car, que l’on ne s’y trompe pas : c’est d’un « tragic circus » dont il s’agit !
Les Épis noirs proposent une nouvelle création musicale rock déjantée, très librement inspirée de l’œuvre de Racine. Une troupe ambulante nous raconte la monstrueuse histoire de Britannicus. Voilà qui promet une approche originale et rythmée !
L’enseignement de l’ignorance, à La Chapelle des italiens
Ça c’est une affiche qui percute ! Parce qu’elle dit – pour ne pas dire dénonce – très simplement beaucoup de choses, tout en donnant immédiatement envie d’en savoir plus. Redoutablement efficace ce code-barre – symbole ultime de la standardisation et de la société de consommation – apposé sur le dos d’une femme devenue produit. Cela aurait d’ailleurs suffi ; on aurait pu se passer des câbles reliés à la tête qui viennent enfoncer le clou de l’ignorance apprise.
Ce type d’affiche laisse assez peu de place à la surprise : à priori, on sait à quoi s’attendre. Ce spectacle pose la question de la place du capitalisme dans l’intimité de nos intelligences. Autrement dit, une invitation plus que nécessaire à ouvrir ses neurones et à s’interroger sur notre fonctionnement et nos soumissions plus ou moins conscientes.
L’école des femmes, au Théâtre des Lucioles
À la deuxième place de notre top 10, une autre affiche qui reste en tête et interpelle, tant par le message qu’elle envoie que par les contrastes qui en émanent, aussi bien en termes de couleurs que de symboles. Cette main empoignant fermement une poupée Barbie – symbole de la société du paraître et de l’image de la femme objet – semble vouloir tordre le cou à ces clichés et ces normes du siècle dernier.
Et pourtant, loin du spectacle militant que l’on pourrait imaginer, c’est plutôt au titre qu’il faut ici se fier ! Car c’est bien de la pièce qui a rendu Molière célèbre dont il s’agit et que la compagnie Aqua aborde sur un ton burlesque. L’affiche n’en reste pas moins très réussie, et pas si hors-thème que ça lorsqu’on connait un peu l’histoire de cette œuvre.
Téléphone-moi, au 11. Avignon
Et à la première place de notre top : simple, efficace, et surtout très cinématographique, cette affiche nous plonge déjà dans une histoire, dans une époque, dans une atmosphère. Dans l’espace clos et étroit d’une cabine téléphonique, à l’abri de la pluie dont on percevrait presque la mélodie, on imagine l’étreinte secrète de deux amants… Un peu de romantisme, ça ne fait jamais de mal, non ?!
Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas d’une romance dont il s’agit mais d’une enquête familiale à travers les époques ! On serait presque un peu déçus… Et quel rapport avec l’affiche nous demanderez-vous ? Eh bien tout se déroule dans des cabines téléphoniques ! L’amour, la violence, la vérité, les mensonges, la vie, la mort… C’en devient beaucoup plus intrigant d’un coup…
Alors, certaines de ces affiches vous ont aussi séduits ? Certaines ont piqué votre curiosité ? N’hésitez pas à vous faire part de vos ressentis ! Car les goût et les couleurs, cela va sans dire…
Le programme complet du Off d’Avignon 2022 est disponible ici.
Retrouvez tous nos articles consacrés au Festival Off d’Avignon ici.
3 commentaires
Peut-être n’avez-vous pas encore vu la nôtre….
Bien à vous.
Compagnie Nava Rasa
Franchement ce post est une insulte au travail de tout les illustrateurs et graphistes qui ont travaillé sur les nombreuses affiches du festival. La logique des top c’est de infantilisme de cour de récréation.
Vous devriez interroger votre pratique éditoriale.
Bonne journée à vous.
Merci pour votre intérêt et votre commentaire. Il ne nous est malheureusement pas possible de mettre en avant les quelques 1540 affiches de ce festival, mais nous sommes toutefois heureux de pouvoir valoriser celles qui ont tout particulièrement attiré notre regard et attisé notre curiosité. Un point de vue qui – par définition – reste tout à fait subjectif et laisse chacun libre de s’y retrouver ou non. 🙂
Belle journée à vous également et bon festival !