L’Empire, objet cinématographique non identifiable, est décrit par son réalisateur comme « La Guerre des Étoiles Chez les Ch’tis ». Bruno Dumont, réalisateur et scénariste français, n’est pas un inconnu dans l’industrie du cinéma. Son style est connu pour être particulier, provocant et décalé. On adore, ou on déteste, la demi-mesure est compliquée.
Un film de science-fiction, de comédie, de drame, difficile à dire tant le final en est étrange. Sur le papier, le scénario est plutôt binaire ; deux empires qui s’affrontent pour régner sur la terre. Les gentils et les méchants en somme, déguisés sous le nom de 1 et 0. Des guerriers qui promettent une guerre qui ne vient pas et qui connaît malheureusement un dénouement bâclé et franchement ridicule.
Une idée qui commençait pourtant bien
Bruno Dumont reste sur ses terres bien aimées du Pas-de-Calais avec L’Empire. À ces panoramas d’un paysage, plutôt triste, se mélangent des plans de space opéra et de vaisseaux spatiaux. C’est sûrement là qu’est allée l’entièreté des 7 millions d’euros de budget. En effet, si le choix de mélanger un univers connu et surtout très trivial est plutôt bien trouvé, il faut avouer que L’Empire ne sait pas du tout comment jongler entre les deux. On a plutôt l’impression de voir plusieurs films en un. Alors oui, c’est rigolo de voir les références non dissimulées à Star Wars au milieu des poissons et des mouettes. Mais quand c’est à ce point amené comme un cheveux sur la soupe, ça perd toute pertinence et devient juste totalement absurde.
Les transitions entre l’espace et le Pas-de-Calais sont extrêmement brutales. Au début, ce n’est pas choquant, ça peut aller dans le sens du propos. Petit à petit, ça perd tout son sens. Ce sont juste des coupes violentes dans l’histoire, déjà non-existante, qui donnent l’impression que le scénario ne sait pas où il va. A cela, on ajoutera des plans qui ne font pas vraiment sens avec le reste. En effet, certaines scènes semblent faire tampon, juste pour allonger de quelques minutes le film. On alterne entre un space-opéra poussif, un polar affligeant, un film érotique plus que mauvais, et un reportage sur les côtés du Pas-de-Calais. Le tout saupoudré d’une musique qui n’a absolument aucun rapport avec le thème et qui détonne fortement. Et tout ça, pendant deux heures.
Une direction d’acteur qui s’est faite la malle
Bruno Dumont est de ces réalisateurs qui aiment faire appel à des acteurs non-professionnels. Sur ce point, il est difficile de se sentir légitime pour le discuter, mais dans L’Empire, ce choix sonne faux, très faux. Brandon Vlieghe, personnage principal du long-métrage, campe sa première apparition sur le grand écran. On pourra se demander si c’est l’ambiance du film ou simplement le contenu du scénario qui sont à pointer du doigt. Mais il faudra se l’admettre, son personnage, Johnny, est définitivement creux, totalement inintéressant, et malheureusement mal joué.
À ses côtés, Anamaria Vartolomei, Lyna Khoudri et Julien Manier ne parviennent pas à insuffler de la conviction à l’histoire. Les trois jonglent entre des clichés quelque peu sexistes pour mesdames et celui du bon copain un peu crétin pour monsieur.
Si le personnage principal sonne creux, les autres sont au diapason. Aucun personnage ne semble convaincu de ce qu’il raconte. Sur le plateau de Quotidien, Fabrice Luchini racontait qu’il ne comprend rien aux scénarios de Dumont. Et c’est exactement cette impression qu’il transmet dans L’Empire. Il ne comprend pas ce qu’il fait là, et surtout, on a le sentiment qu’il s’en fout complètement. Son personnage est grotesque, sans queue ni tête. Camille Cottin paraît, elle, tout autant ravie d’être là. Son temps d’écran est certes très court, mais elle affiche un flegme qui pose question. C’est son personnage qui est ainsi, certes, mais cette froideur est une fois de plus à côté de la plaque et c’est un énième personnage qui ne sait pas où il va.
L’Empire, de Brunon Dumont s’adresse à un public de passionné du style du cinéaste. Pour le reste, c’est un film non convaincant et surtout, beaucoup trop long. On assiste à un mauvais collage de genres cinématographiques qui n’ont absolument rien à voir entre eux. À cela vient s’ajouter un scénario bien vide, le tout donnant un film plutôt inintéressant.
L’Empire de Bruno Dumont est disponible en DVD & Blu-ray depuis le 20 juin 2024.
Avis
L’Empire est à voir seulement si on a du temps à perdre. L’absurdité est telle qu’on ne comprend plus ce qu’on regarde… Ou peut-être si, on regarde une très longue farce qui n’en finit pas.