Atteindre non pas la grandeur, mais la justesse. Tendre par une exacte pudeur à la transmission d’un sujet fragile, sans effriter personne. Voilà bien une tâche qui dans le domaine cinématographique est souvent mal accueillie, alors qu’elle est sans doute la plus difficile de toutes. Voir comment Stephen Frears fut reçu avec dithyrambes pour un objet aussi juste et pudique que The Queen donne une idée de la réussite qu’il atteint.
Retraçant la mort de Diana et ses répercussions à travers d’une part la famille royale, de l’autre un Tony Blair fraîchement élu par le peuple, The Queen est un portrait de caractère à la fois caustique et respectueux, qui met en lumière des coutumes inadéquates à l’époque sans les mettre au placard avec brutalité.
Savant dosage qui transite autant par de brillantes idées narratives signées Peter Morgan (le transfert émotionnel par l’animal, formidable pied-de-nez au pathos redouté) que par l’incarnation majuscule d’Helen Mirren, méconnaissable jusqu’au phrasé. Et quand la caméra de Frears cinématographie les instants de deuil, c’est derrière le silence d’une porte vitrée, sans voyeurisme déplacé.
The Queen est sorti le 18 Octobre 2006 en salles.