En deux décennies, Michael Giacchino s’est imposé (et ce très rapidement) comme un des grands noms de la musique de film. Ayant démarré dans le milieu du jeu vidéo ainsi que la série TV, il est aujourd’hui un des compositeurs les plus en vogue. Aussi à l’aise sur du gros blockbuster que dans l’animation, Giacchino se veut un digne héritier des grands noms de la composition orchestrale (John Williams étant sans aucun doute sa plus grande influence). Retour sur ses œuvres les plus notables, après la 1e partie de notre dossier !
Alors que Michael Giacchino a pu considérablement prendre son essor à travers le monde des séries, et surtout du côté de l’animation chez Disney/Pixar, ce dernier est rapidement entré dans l’univers du blockbuster populaire ! Tout comme son passage du jeu vidéo à la télévision, c’est via sa collaboration avec J.J. Abrams que Michael Giacchino s’inscrira comme un des grands noms de la composition des années 2000-2010. Et ce, en revitalisant des franchises cultes alors en perte de vitesse !
Mission Impossible magnifiée
Alors que les 2 premiers opus (par De Palma et John Woo) bénéficiaient de très solides scores par Danny Elfman et Hans Zimmer, la franchise va recevoir un joli coup de polish après un stand-by de 6 ans. Pour sa première réalisation cinématographique, Abrams accouchera d’un Mission Impossible III à la croisée d’Alias ou encore 24 Heures Chrono, en mode course-contre-la-montre. Outre un Ethan Hunt traité en vrai personnage, avec des enjeux plus humains et un super bad guy (RIP Philip Seymour Hoffmann), la BO de Giacchino va sur les territoires de Bernard Herrmann pour notre plus grand bonheur.
En résulte une musique diablement rythmée, exacerbant le suspense ou l’action, tout en proposant de très belles remasterisations du thème culte (pour le 3e et le 4e opus). « Hunting for Jules« et « Evacuation » sont des morceaux plein d’entrains aux cuivres appuyés (là encore Herrmann =-style), tandis que Shang Way High ou Bridge Battle jouent allègrement sur une tension métronomique (à l’instar de son boulot sur Lost). La BO du film suivant (Ghost Protocol, réalisé par Brad Bird) bénéficie de ce même soin, notamment via la célèbre séquence de tempête de sable à Dubaï (« Out for a Run« ). S’il ne reviendra pas pour les épisodes suivants, Michael Giacchino aura certainement su redonner un coup de fois à cette franchise, en plus d’en proposer les meilleures OST !
Star Trek, le son venu des confins de l’espace
Ce n’est pas chose aisée de faire sa place dans l’univers Star Trek ! En effet, on peut compter sur d’illustres musiques composées par Jerry Goldsmith (Star Trek le film, First Contact, Insurrection) ou bien James Horner (Star Trek II), qui ont pu apporter leur pierre à l’édifice musical du space opera ! Après avoir revigoré Mission Impossible, Abrams et Giacchino réussiront à offrir un autre coup de polish à cette saga en perte de vitesse, via un reboot en 2009, et les 2 opus qui en découlent.
Tout comme ses prédécesseurs, le compositeur parvient à offrir une grande majesté, en s’inscrivant dans la droite lignée des grandes musiques orchestrales. Le « Main Theme » de la trilogie (légèrement retravaillé sur Into Darkness et Beyond) est à ce titre un des plus beaux morceaux de toute la franchise. « Labor of Love » est par ailleurs une des meilleures compositions de Giacchino à cette période (en plus d’accompagner une superbe séquence sacrificielle du film de 2009). Comme « London Calling » le montre, il n’hésite pas à aller vers des sentiers plus singuliers (très Philip Glass dans l’âme). Mais c’est via des morceaux comme « Yorktown » ou « Logo and Prosper » que toute la grandeur de Star Trek se réaffirme. Et rien que pour ça, merci Michael !
L’Aube de la Planète des Singes
Après un reboot réussi (La Planète des Singes – Les Origines), Matt Reeves retrouve Michael Giacchino sur les 2 opus suivants, contant la rébellion simiesque porté par César. Ayant déjà collaboré ensemble sur Cloverfield et le remake Laisse-Moi Entrer (présentant des sonorités lancinantes héritées du cinéma d’horreur comme « Hammertime« et « Sins of the Father« ). Avec La Planète des Singes – L’Affrontement, (et notamment des morceaux comme « Level Plaguing Field« (super générique d’intro désenchanté) ou « Primates for Life« , les violons sont de sortie afin d’accentuer le versant tragique et paradoxalement humain de cette histoire.
De plus, on retrouve l’héritage de Goldsmith et les sonorités tribales du film de 68 (comme par exemple « Planet of the End« ). Néanmoins, et ce sera largement accentué pour La Planète des Singes – Suprématie, Michael Giacchino privilégie l’émotion et la mélancolie. En résulte une BO poignante, via des pistes au motif mémorable telles qu' »Exodus Wounds« , « Apes Together Strong » et « Paradise Found« . Une des plus belles musiques du maestro !
Bienvenue dans le Jurassic World
Tout comme pour les 2 précédentes franchises sus-mentionnées, Michael Giacchino va investir l’héritage musical de Jurassic Park (et notamment en réorchestrant le thème culte de Williams) pour la trilogie Jurassic World. L’occasion là encore de sortir les cuivres et de gonfler le tout avec majesté, et un soupçon de légereté. Si Fallen Kingdom s’aventurera (autant esthétiquement que musicalement) sur des terrains hérités du fantastique (« Thus Begin the Indo-Rapture« ), on reste sur une célébration de l’ère Jurassique en bonne et due forme, avec là encore le vecteur émotionnel au centre !
Chacun des films aura son morceau commémoratif de « longs cous » (« Pavane for a Dead Apatosaurus« , « Volcano to Death« ), mais Giacchino parvient à nous renvoyer à notre âme de gamin (avec la talent d’un Silvestri) par de simples mélodies enveloppantes (« As the Jurassic World Turns« , »Gyrosphere of Influence« ). La piste finale des 2 métrages est par ailleurs un condensé de toute la panoplie musicale déployée par le compositeur, non seulement à chaque film, mais également depuis le début de sa carrière !
Rogue One, le passage vers une galaxie pas si lointaine
Sans aucun doute LE compositeur sous influence du grand John Williams, le voir s’attaquer à Star Wars n’a pour le coup aucun réel effet de surprise. Pourtant, c’était bien Alexandre Desplat qui devait composer la BO de Rogue One, spin-off prélude aux évènements d’Un Nouvel Espoir. Et pour conter cette mission en apparence sans issue, Michael Giacchino investit cette bande-originale via 2 approches : des sonorités à base de cuivre très évocateurs de l’identité sonore de la saga, et bien sûr une bonne dose d’émotion à la Giacchino !
Cela se traduit donc par des thèmes cousins de la Marche Impériale (« The Imperial Suite« ), de la Force (« Jedha Arrival« ) ou des emprunts divers à base de chœurs (« Rogue One« , « Hope » et sa séquence culte de Vador défouraillant du rebelle). Un travail respectueux et appliqué, surtout vu le peu de temps accordé à la conception de la la musique. Néanmoins, c’est lorsque Giacchino n’est plus « contraint » de rester dans les pas de Williams que la musique de Rogue One s’élève, pour lui donner une belle identité ainsi que l’émotion adéquate (« Jyn Erso & Hope Suite« , « Your Father Would Be Proud« ). Du très beau boulot, mais ne soyons point surpris, la saga Star Wars bénéficie toujours d’un vrai soin pour caresser nos esgourdes !
De Marvel à The Batman : plongée super-héroïque
Giacchino aura pu s’aventurer sur le terrain prisé du genre super-héroïque, notamment en composant la nouvelle fanfare Marvel Studios. Après une petite incursion carrée mais anonyme chez Doctor Strange (« Strange Days Ahead« et ses sonorités à la Star Trek), on le retrouve chez l’homme-araignée pour la trilogie Spider-Man (de Homecoming à No Way Home). Reprenant le thème de la série animée en guise d’intro, on lui doit également une fanfare héroïque épousant les débuts modestes de Peter Parker, avant de s’élever dans le 3e opus (« Liberty Parlance« ). Un opus inter-générationnel qui permettra là encore plus d’émotion (« Forget me Knots« ) et d’usage de chœurs triomphaux pour un nouveau départ (« Arachnoverse« ).
Si ses précédents incursions dans le genre super-héroïque en live-action ce seront révélées plaisantes mais loin d’être inoubliables, c’est avec la chauve-souris que Michael Giacchino va s’élever. Pourtant, le Croisé capé bénéficie déjà de grands thèmes marquants par Danny Elfman et Hans Zimmer, mais le compositeur va pouvoir également apporter sa pierre à l’édifice. Avec The Batman, nous sommes à la croisée du film noir, du vigilante-sploitation et de l’héritage de la série animée
L’occasion de retrouver Matt Reeves et son affection pour les sons lancinants (le thème du Riddler et « It’s Raining Vengeance » semblent sortis d’un film d’horreur ou de Let Me In). Le thème de Catwoman a beau être suave et cristallin (le côté femme fatale y est largement retranscrit), il suffit d’entendre le thème principal du film (entre mélancolie, héroïsme et pure triomphe) pour que The Batman s’inscrive comme un incontournable de la discographie de Michael Giacchino !
In fine, Michael Giacchino ce sera imposé comme un héritier des grands Goldsmith, Silvestri ou Williams. Suivant leurs pas dans des franchises cultes du cinéma,il aura néanmoins su imposer sa patte et apporter sa pierre à l’édifice. Cependant, on lui doit également des musiques majeures dans des projets plus originaux et singuliers : c’est le sujet de notre Partie 3 consacrée au compositeur !