Le top films de Charley
Uncut Gems
Le dernier film des frères Safdie (Good Time) est peut-être passé inaperçu, il n’en reste pas moins une vraie leçon de cinéma. Porté par un Adam Sandler sanguin qu’on adore détester (meilleure performance de sa carrière), le film nous plonge dans la jungle urbaine et fiévreuse de New York. Une course-contre-la-montre incroyable de tension autant qu’une spirale infernale, magnifiquement filmée et aux dialogues acérés.
Uncut Gems est bien un diamant brut, une œuvre entropique d’une efficacité et d’une maîtrise incroyables. Lorgnant à la fois vers le thriller que l’étude de personnage ou la peinture d’un monde capitaliste cloisonné, les Safdie rentrent officiellement dans la cour des grands. Un incontournable à ne pas manquer, à condition d’avoir le cœur bien accroché !
Soul
Le dernier né des studios Pixar se révèle être le film parfait de cette fin d’année morose. Somptueux visuellement, inventif artistiquement, riche thématiquement, Soul est une nouvelle pépite du réalisateur Pete Docter. Parvenant à créer un univers visuel parfaitement compréhensible pour n’importe quel type de public, les magiciens de Pixar abordent ici le sens de la vie même, les plaisirs du quotidien, la mort, le don de soi, les regrets, et tout un tas de thématiques existentielles de manière ludique. Si sa durée d’1h30 l’empêche de complètement explorer chacune à 100%, Soul embrasse l’excellence sans un seul bout de gras. Le doublage est parfait, la BO de Trent Reznor & Atticus Ross (The Social Network, Gone Girl, Watchmen) est prodigieuse, et on tient également le film Pixar le plus abouti techniquement. Moins une déclaration d’amour à nos passions qu’une ode à la vie elle-même, Soul est un immanquable du studio à la lampe, et un des plus beaux films de l’année !
1917
Avec 1917, Sam Mendes arrive à orchestrer une leçon de mise en scène : tourner un film de guerre en (faux-) plan-séquence. Un stratagème qui porte ses fruits de la première à la dernière seconde. proposant une immersion constante du spectateur. Au final, on tient là une superbe expérience sensorielle et émotionnelle, fabuleusement éclairée par Roger Deakins (Blade Runner 2049). Même la BO de Thomas Newman est excellente pour supporter ce récit poignant, alternant entre séquences menées tambour battant et scènes oniriques contemplatives. En d’autres termes, 1917 ne se conte pas, il se vit, et c’est une belle déclaration d’amour à la puissance évocatrice du 7e Art !
Le flop films de Charley
Artemis Fowl
Une daube affligeante massacrant une oeuvre qui de base n’était déjà pas forcément incroyable, mais qui au moins avait des persos et un univers singulier. Dans cette adaptation par Kenneth Branagh complètement charcutée et sacrifiée par Disney il ne reste plus rien : narration foutraque, montage abrutissant des « scènes d’action », CGI de 13 ans d’âge, méchant obscur inexistant, personnages désincarnés… Un résultat fini à la truelle donc, dotée d’une voix-off constante et d’une inexistence totale de vrais enjeux autres qu’un obscur MacGuffin dont on se fiche et de protagonistes qu’on apprend pas à connaître. Seul Patrick Doyle tente 2-3 trucs à la BO, noyée dans dans le reste d’une production qui a tout d’un accident.
C’est très très mauvais tout simplement !
Bloodshot
Une belle leçon d’anti-cinéma pour ce qui est de foirer une adaptation de comics. Difficile de rester stoïque face au je m’enfoutisme général d’une entreprise tournée comme une série Z de Steven Seagal.
Rapidement la mise en scène plate ira en symbiose parfaite avec une écriture balourde et ultra prévisible. Les gentils ne sont en fait pas si gentils, et notre bon vieux Vin Diesel à la mine de bovin va devoir pêter la gueule à tout le monde, aux côtés d’une bimbo latina et…. bah voilà c’est tout ! Si vous aimez les héros en marcel adeptes de jeunisme accentué, des scènes d’action pauvrement filmées et les films de super-héros sans passion, Bloodshot est fait pour vous. Pour le reste, on tient du Baboulinet sous Lexomil : une belle daube crétinoïde, paresseuse et vilaine !
Minuit dans l’Univers
& Le Voyage du Dr Dolittle
Cette 3e place sera occupée par 2 films, qui méritent certainement d’être dans le flop 2020. Pour cela une raison très simple : qu’arrive-t-il lorsqu’on alloue un gros budget pour faire du n’importe quoi ?
Minuit dans l’Univers est le dernier film de George Clooney pour Netflix : un drame intimiste autant qu’une mission spatiale au crépuscule de l’Humanité qui se prend les pieds dans le tapis à presque tous les niveaux. D’un récit aux belles promesses, on se tape un film inutilement long, narré sans passion ni réel focus émotionnel. Le néant est atteint dans une conclusion au twist facile et vain. En résumé, seuls les acteurs et quelques bons CGI parviennent à se tirer de cette entreprise soporifique.
Au même niveau, Le Voyage du Dr Dolittle, la superproduction à 175 millions de dollars portée par un Robert Downey Jr perdu (autant que son faux accent british). Une aventure à déconseiller aux plus de 5 ans, dotée de CGI douteux, de gags pour attardés et d’une intrigue aux abonnés absents. Une belle bouse qui débutait l’année 2020, et qui annonçait peut-être déjà l’état de cette année foireuse !