Wolf Man revisite le fameux monstre immortalisé par Universal dans une étonnante relecture signée Leigh Whannell (Upgrade, The Invisible Man), bien que plutôt attendue dans son déroulé narratif.
Depuis la débâcle du Dark Universe d’Universal (représenté par le navrant reboot de la Momie), Leigh Whannell semble le seul aux manettes pour ramener les fameux monstres cultes du XXe siècle. En effet, avant Wolf Man, le co-auteur de Saw avait pu taper dans le mille avec le trippant Upgrade cyberpunk et a remis au goût du jour l’homme invisible dans le revival éponyme sorti en 2020.
Whannell aura su prouver qu’avec peu de moyens, il pouvait user d’un concept et l’étirer tel un élastique pour des résultats aussi efficaces que chiadés. D’abord conçu par Derek Cianfrance (I Know This Much is True, Blue Valentine) avec Ryan Gosling, Wolf Man prend là encore une toute nouvelle direction dans la lignée d’Invisible Man !
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Exit le récit de stalker toxique, ici nous sommes en plein drame familial, alors que Blake (Christopher Abbott) découvre que son père est officiellement déclaré mort après avoir été porté disparu des années plus tôt. Devant revenir dans le domaine forestier de son enfance en pleine nature de l’Oregon, ce dernier y emmène sa femme Charlotte (Julia Garner) et leur fille Ginger (Matilda Firth).
Loin de San Francisco, Blake voit cette opportunité comme un moyen de sauver son couple battant de l’aile. Mais sur place, la famille est attaquée par une mystérieuse créature sauvage tapie dans la nuit. Contraints de se barricader dans un lieu sans possibilité d’appeler les secours, ces derniers ne seront pas au bout de leur surprise lorsqu’ils découvriront que Blake lui-même commence à subir une menaçante transformation…
Wolf Man : entre agenda connu et originalité
Mais outre ce pitch laissant entrevoir le pur survival qui se profile à l’horizon, Wolf Man affiche un agenda plus étonnant..et donc plutôt rafraîchissant. En effet, les ennuis ne débuteront qu’après 40 minutes de métrage, alors que Leigh Whannell débute son récit par un long flash-back ultra efficace où le tout jeune Blake évite le trépas avec son père après une rencontre fortuite avec cette fameuse créature carnivore.
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Usage du hors-champ, sound design travaillé, tension au cordeau concourent à efficacement planter le décor et du fusil de Tchekhov. La relation père-fils tendance survivaliste parvient ainsi à donner un vrai bagage au protagoniste incarné par un Christopher Abbott oscillant entre père dévoué et figure surprotectrice étouffant ceux qu’il aime.
Wolf Man prend ainsi du temps à planter le récit, son contexte et une dynamique familiale. Un effort tout à fait louable qui fait des archétypes initiaux des personnages pour lesquels on se soucie immédiatement dès lors que le premier accident intervient. Le réalisateur use d’ailleurs à bon escient de l’insert et du cadre nocturne en quasi temps réel pour dissimuler la menace aux yeux du spectateur.
Art du hors-champ
Un corps décimé, un animal dépecé, des bruits de course ou le regard terrorisé des protagonistes suffisent ainsi à non seulement caractériser la créature comme une vraie menace, mais également à proposer de jolis moments de tension savamment orchestrés. On penserait même à Jurassic Park avec ce véhicule coincé dans les arbres menaçant de chuter !
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Et là où Wolf Man tire également son épingle du jeu tient aussi dans un second acte ralentissant son tempo pour un huis-clos centré sur la transformation. Une métamorphose dans la plus pure tradition, versant un tantinet vers le body horror et offrant un double-regard sur cette dernière : la perception de plus en plus troublée de celui qui la subit, et l’impuissance de ceux qui y assistent.
Loup-garou, vous avez-dit loup-garou ?
De quoi faire monter à nouveau la tension, avant que Wolf Man assume de dévoiler en gros plan son fameux loup-garou : résolument original dans son approche, on aurait sans doute apprécier un design muant plus poussé, loin du caractère The Descent/Morlok un brin facile dans son look intermédiaire. Une affaire de goût sans doute, alors que le scénario empruntera à cet instant de grosses ficelles à base de « scénarium » pour ne pas trop froisser nos personnages principaux.
Wolf Man se mue donc au final en fuite en avant plus programmatique que prévue, comme si Leigh Whannell ne voulait plus réellement proposer d’idées après avoir distribué chaque carte. Les décorums et situations s’enchaînent de manière classiques jusque dans son climax à la dimension émotionnelle attendue. Heureusement la fabrication se veut sans heurts, et le casting parfaitement incarné. Un retour sans grande fourrure donc…. mais en jolie forme !
Wolf Man sort au cinéma le 15 janvier 2025
avis
Même si Leigh Whannell fait de ce Wolf Man une proposition plus programmatique que pou ses précédents films, difficile de ne pas apprécier ce revival s'attardant avant tout à distiller efficacement une tension crescendo. La finalité du récit aura beau rester dans les clous, le réalisateur s'empare de l'Universal Monster culte par un biais dramatique suffisamment singulier pour qu'on s'attarde devant cette proposition résolument sympathique.