Twilight of the Gods est sûrement l’une des séries d’animation Netflix de l’année. Une production signée Zack Snyder qui propose un condensé de mythologie nordique.
Pur bonheur que ce Twilight of the Gods, fabriquée en France par Xilam Animation (Oggy et les cafards… mais surtout J’ai perdu mon corps) et produite par Zack Snyder.
Revisitant la mythologie nordique, la série nous présente Sigrid (dont le nom renvoie à la célèbre Valkyrie), une semi-Géante de Jotunheim dont la famille va être sauvagement décimée par Thor lors de son mariage avec un humain, le roi Leif. Ce mariage sanglant signera à la fois le début d’une vengeance personnelle et l’avènement d’une guerre divine.
Zack Snyder aurait peut-être dû se tourner vers l’animation plus tôt, ses Rebel Moon Partie 1 et Partie 2 ayant été particulièrement décevants. Or, il offre avec cette nouvelle série, co-créée avec Jay Oliva et Eric Carrasco, une première saison particulièrement réussie. Que ce soit du côté du scénario, de la réalisation, de l’animation, de la musique, du montage, ou encore des doublages, Twilight of the Gods se regarde avec délice : chacun des huit épisodes nous ravit – même si, bien sûr, on a nos petits coups de cœur.
Snyder et les Dieux
Renouant avec un récit mythologique, Snyder semble revenir vers les influences à la Frank Miller dès l’épisode pilote (qu’il réalise) : il y a un peu de 300 dans Twilight of the Gods (où violence et sexe sont autant outils dramaturgiques que consubstantiels à l’univers traité) ou même de Rebel Moon (une troupe hétéroclite de guerriers s’alliant face à la tyrannie), saupoudré de Tartakovsky.
Accompagné d’une équipe qui le soutient, Snyder offre une œuvre dans laquelle il s’est pleinement investi, peut-être parce qu’il aborde son thème de prédilection. La présence divine était déjà centrale dans dans son premier grand succès, Watchmen, où Dieu se détourne des hommes ; dans 300, où le roi de Perse se croit l’égal d’un dieu ; ou encore dans Batman V Superman, où le héros est présenté comme le sauveur des hommes et adulé par la population (avec une foule qui se prosterne devant lui). Elle s’exprime dans Twilight of the Gods avec toute son étendue ; les Dieux sont omniprésents et les personnages mortels se rêvent en figures divines…
Trouver son équilibre
Si la série bénéficie d’un soin visuel chatoyant (bon nombre de plans semblent sortis d’une BD) c’est lorsque le tout verse vers la viscéralité pure qu’elle trouve son tempo, rythmée régulièrement par les digressions des personnages pour raconter leur passé. Snyder prend plaisir à multiplier les combats, les giclées de sang et les scènes sensuelles. Le premier épisode est peut-être en cela le plus excessif, avec ses massacres et ses corps nus – comme si Snyder avait voulu séduire son public pour l’amener à regarder la suite – mais cette profusion de sang et de sexe n’est jamais gratuite. En cela, la série parvient à trouver son équilibre sans tomber dans l’outrance.
On prend plaisir à suivre les multiples péripéties que traverse notre tribu hétéroclite car elles sont entrecoupées de scènes plus calmes. Une tradition du récit au coin du feu (à l’instar de l’épisode 6) qui fait, là encore, totalement sens avec la notion de mythe, et dresse une galerie de personnages tous aussi charismatiques les uns que les autres, tout en permettant une respiration avant la bataille finale.
Un univers mythique
Il y aura bien quelques regrets en terme de héros secondaires rapidement sacrifiés, mais compensés par une incarnation que l’on doit à un character design hérité de l’heroic fantasy, et à un excellent casting vocal (à ce titre, Loki est sans doute le personnage le plus fascinant, véritable filou stratège derrière les évènements de cette saison 1). Mais plus encore, c’est dans sa capacité à balancer entre moments de vulnérabilité et combats épiques (les 2 derniers épisodes tendent vers de la bataille à la Tolkien) tout en digérant ses influences nordiques que Twilight of the Gods séduit.
Ces références à la mythologie nordique apparaissent dès le titre qui renvoie directement à l’opéra de Wagner Götterdämmerung, une traduction allemande du mot Ragnarök en norrois, elle-même traduite en anglais par… Twilight of the Gods. Cette référence n’est que la première au milieu d’un récit qui donne un nouveau souffle aux Dieux des Ases et de Vanir, aux royaumes d’Asgard et de Vanaheim, aux Valkyries et à toutes les histoires qui peuplent ces mythes. On retiendra également la musique composée en partie par Hans Zimmer et notamment l’utilisation d’un violon Hardanger, instrument qui contribue à éveiller cet imaginaire nordique.
Si quelques éléments de la mythologie sont survolés en raison du format court et du rythme éclair de la série, il est impossible de bouder son plaisir devant un tel artisanat, et un cliffhanger qui nous tient déjà en haleine dans l’attente d’une saison 2 !
Twilight of the Gods est à découvrir sur Netflix à partir du 19 septembre 2024.
Avis
Twilight of the Gods risque de marquer les esprits et d'entrer rapidement dans le top des séries d'animation Netflix. Produite par Zack Snyder, cette série place son récit de vengeance au cœur de la mythologie nordique. Un condensé d'action et de mythes mêlé à des combats sanguinaires et des séquences bien plus douces. Une magnifique création !