Le pilote de Titans (notre critique), prometteur malgré une ambiance « plus noire tu meurs », présageait d’une saison efficace malgré quelques baisses de rythme, nous laissant un peu sur notre faim.
Émancipé de Batman, Dick « Robin » Grayson se retrouve à diriger une équipe hétéroclite de jeunes super-héros et à protéger l’une d’elle, Raven, d’une secte démoniaque. Le show de DC Universe laisse la place au développement de ses personnages qui, comme nous, apprennent à se connaître et à mesurer l’étendu de leurs capacités, mais surtout de leurs cicatrices psychologiques. Bienvenu chez DC.
Le point fort de Titans, sans compter l’univers riche qui se dégage de ce premier aperçu, réside avant tout dans son atmosphère et son ton sombre, sans concession. On n’est pas là pour rigoler et les cadavres s’empilent tandis que les bastons font grincer des dents avec un montage racé et des chorégraphies maitrisées, lesquelles finissent d’asseoir un genre thriller-policier bien mené même si trop timide. Avec des effets-spéciaux particulièrement réussis, on est content de voir le producteur Berlanti sortir de ses « trop gentilles » séries CW. La caméra laisse le champ libre aux acrobaties et aux pouvoirs de chacun en forçant le trait des traumatismes enfantins pour appuyer ce simulacre de dystopie.
Titans, darkness my old friend…
Sauf qu’à trop étendre les rapports humains de ses protagonistes, Titans verse forcément dans le faux rythme, lequel s’en ressent d’autant plus avec l’air désabusé accompagnant chaque diatribe des jeunes héros. Ça et un jeu pas toujours au top – surtout concernant Teagan Croft et son Beast Boy de copain – trop caricatural et cliché ou encore enclavé dans le comique de service. Les réparties semblent pénibles à sortir, comme si trop de névroses empêchaient les dialogues d’être énoncés clairement.
De même, on espérait que la dite équipe des Teen Titans serait réunie et définie d’ici la fin de la saison, mais c’était sans compter sur les détours narratifs télévisuels. Entre les allers retours scénaristiques, les flashbacks et les explications dispensables, on termine ces 11 épisodes avec une sensation de manque et l’impression de ne pas avoir avancé d’un iota, si ce n’est avec l’introduction du gros méchant et celle de la Young Justice. On tourne en rond sans savoir où on va, sauf dans le final qui, même s’il est expédié, reste l’un des épisodes phares du show, because he’s Batman.
Don’t fuck with Batman !
Murmuré dans Elseworlds, fantasmé dans Gotham, Titans réussi pour la première fois à introduire le plus grand détective du monde en plein cadre lors d’un épisode final tombé de nulle part. Une ode au Chevalier Noir dont on ne voit jamais le visage, en contre-jour, mais qui vient donner un avant goût de la faune criminelle locale. Les références et clins d’œil disséminés plus tôt trouvent enfin raison d’être et viendront mettre les poils à tout fan qui se respecte. Enfin, jusqu’à ce que le cliffhanger de fin de saison ne vienne se foutre de nous…
Titans n’est pas la révolution qu’on attendait, mais a le mérite de développer ses personnages lors d’une première saison qui fait office d’introduction. Il serait temps de foncer dans le tas et de nous offrir enfin un Teen Titans efficace lors de leur retour.