Nous sommes douze ans après la sortie de The Raid. Toute la rédaction est occupée par des fans du film de Gareth Evans… Toute ? Non ! Un irréductible membre résiste encore et encore à ce film d’action. Attention, avis sanglant.
“Déjà culte !” nous annonçait l’affiche de The Raid lors de sa sortie en 2011. Pour les amateurs du genre, le film est nimbé d’une aura de légende tout aussi ambitieuse, mais ses détracteurs sont légion, et on peut les comprendre.
Le métrage s’ouvre sur le seul personnage dont on verra plus que son uniforme : Rama (Iko Uwais) s’entraîne, chez lui, avec détermination. La frappe est rapide, nette, puissante. Il embrasse sa femme enceinte, échange deux phrases mystérieuses avec un vieil homme, puis rejoint ses collègues dans le camion d’intervention dès la scène suivante. Le ton est donné, le film doit avancer vite.
Pas véritablement d’intrigue pour The Raid, juste un plan d’action briefé à toute vitesse dans le véhicule par le lieutenant Jaka (Joe Taslim). On y apprend que notre équipe d’intervention se dirige vers un immeuble d’habitation fortifié, abritant une bonne partie de la pègre locale, et en haut duquel est terré l’infâme Tama (Ray Sahetapy). Malfrat notoire en contrôle de la ville, il est épaulé du violent Mad Dog (Yayan Ruhian) et d’Andi (Donny Alamsyah), réputé pour être le cerveau de son opération. Le huis-clos débute dès que les hommes investissent le bâtiment : ils y étaient en fait attendus de pied ferme… Que le massacre commence.
Serbuan maut : L’invasion de la mort
Le scénario a dès lors donné à peu près tout ce qu’il avait dans le ventre, et le reste du métrage n’est guère plus que choix esthétiques. A la manière d’un jeu vidéo les étages se succèdent, remplis d’adversaires dont le niveau évolue. Pour la plupart, nos malheureux soldats n’ont hélas vu que peu de films d’action ni reçu le moindre entraînement. En enchaînant les erreurs stratégiques plus ridicules les unes que les autres, ils se font très vite décimer sans opposer de vraie résistance, dans un déluge de coups de feu vains.
Très vite, il ne reste que peu d’hommes et les combats à mains nues particulièrement dynamiques viennent rendre un peu d’intérêt au métrage. Les chorégraphies sont assez inégales, en particulier selon leurs protagonistes, mais Iko Uwais est impressionnant en Rama. L’acteur pratique depuis l’âge de dix ans le Penchak-Silat, art martial indonésien très graphique dont il faut reconnaître qu’il se prête agréablement à la chorégraphie de film d’action. Cet art longtemps interdit par les peuples coloniaux était dissimulé dans des mouvements de danse. Joe Taslim (Jaka), judoka célèbre en Asie du Sud-Est, apporte une autre approche stylistique aux combats ; les chorégraphies ont d’ailleurs été pensées pour mélanger les deux arts martiaux.
Ça tape fort !
The Raid est là pour taper fort, et constamment. L’objectif est très vite atteint et relativement bien maintenu, les scènes de violence graphique – et gratuite – se succèdent. Sur le fil, la tension est là mais bascule parfois dans le burlesque tant le détail glauque et maladroit tente de mettre l’accent sur la brutalité de l’action : ici un gros plan sur une chute qui brise une colonne vertébrale, là un finish hémoglobinique quasi-vidéoludique. On sourit autant qu’on serre les dents.
Souffrance en images, image en souffrance
La photographie entretient ce malaise. Le filtre bleu-vert presque permanent, les couloirs mal éclairés et les portes d’entrées en carton-pâte, l’usage généreux de la caméra à l’épaule… Plan après plan, étage après étage, l’image est laide, les mandales pleuvent, et certaines scènes semblent se répéter ad nauseam. A décharge, notons l’instant lumineux de la scène dans le seul appartement de l’immeuble qui n’abrite ni junkie ni criminel (mais que font ses habitants ici, alors ?) dont la colorimétrie est plutôt naturelle, et où nos héros se cachent dans un mur doublé, non sans nous rappeler la fuite d’un certain Neo dans Matrix, douze ans plus tôt.
Le montage, quant à lui, réussit parfois à détourner le spectateur du scénario qui tiendrait pourtant sur un flyer. Notons cette scène qui reprend le cliché éculé du méchant qui gratte le mur avec sa lame en se rapprochant des gentils terrés dans une cabine aux cagoinces : elle est interrompue par une autre scène de combat (plutôt propre, admettons-le, merci Iko Uwais) avant de se terminer en pétard mouillé, notre méchant ayant entendu un coup de feu plus haut. On est plus dans La Cité de la peur que dans Die Hard.
Difficile parfois de savoir pourquoi un film est si bien accueilli par la critique qui l’a vu “déjà culte” comme le promettait l’affiche. Qu’importe, il aura tout de même permis à Dev Patel d’en extraire son essence pour la remixer dans un blockbuster indien encore plus violent.
Où voir le film de Gareth Evans ?
The Raid de Gareth Evans est disponible en streaming sur Amazon Prime Video ou en support physique.
Quel est le résumé de The Raid ?
Au cœur des quartiers pauvres de Jakarta, se trouve une citadelle imprenable dans laquelle se cache le plus dangereux trafiquant du pays. Une équipe de policiers d’élite est envoyée donner l’assaut lors d’un raid secret mené aux premières lueurs du jour. Mais grâce à ses indics, le baron de la drogue est déjà au courant et a eu amplement le temps de se préparer. A l’instant où le groupe d’intervention pénètre dans l’immeuble, le piège se referme : les portes sont condamnées, l’électricité est coupée et une armée d’hommes surentrainés débarque. Piégés dans cet immeuble étouffant, les policiers vont devoir se battre étage après étage pour avoir une chance de survivre.
Qui sont les acteurs principaux de The Raid ?
Iko Uwais (Rama)
Yayan Ruhian (Mad Dog)
Joe Taslim (Jaka)
Ray Sahetapy (Tama)
Donny Alamsyah (Andi)
Quelques détails techniques sur le film
Titre original : Serbuan maut
Réalisateur / Scénariste : Gareth Evans
Montage : Gareth Evans
Photographie : Matt Flannery et Dimas Imam Subhono
Chorégraphie : Iko Uwais et Yayan Ruhian
Production : Ario Sagantoro
Budget : environ 1 100 000 $
Pays de production : Indonésie
Genre : Action
Durée : 101 minutes
Sortie en France : 20 juin 2012
La bande-annonce de The Raid
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Avis
The Raid de Gareth Evans est considéré comme un film culte, pourtant, peu de scènes sont mémorables. Entre son scénario bâclé facilement repérable et les erreurs stratégiques qui se multiplient, l'action n'a plus vraiment de sens, et c'est dommage. Heureusement que certains combats sont là pour relever le niveau, chorégraphiés et interprétés pour la plupart par Iko Uwais (on lui doit... presque tout !). Un film culte qu'on risque d'occulter.
Un commentaire
Gareth EVANS a d’ bord écrit THE RAID 2, mais faute de budget, il réalisé THE RAID en en en faisant un pur film d’action façon baston ; un genre qui se de nombreux adeptes, pour ainsi générer assez de bénéfices pour produire son 1er projet projet.
Déjà : stratégie genre « grosses corones ». Et il a mit un point d’honneur à soigner à la fois la photographie se servant de son manque de budget pour traiter les contrastes et les ombres à son avantage, les plans qui sont justes parfaits car efficaces en déstructurant certains codes protocolaires du cinéma, un montage d’orfèvre (il en est l’auteur), une bande son qui tapisse et sert l’action sans s’imposer, et bien sûr la chorégraphie qui sera encore plus époustouflante dans le 2eme volet, au scénario plus poussé et avec des personnages bien plus charismatiques et puissants.
On doit donner son avis tout en prenant en compte les conditions, les moyens et respecter surtout l’énorme énergie et l’investissement personnel déployés dans une production. Et pour THE RAID : Chapeau bas !