The Fall Guy se présente comme le blockbuster lançant les hostilités estivales : cette réadaptation libre de L’Homme qui tombait à pic place Ryan Gosling en cascadeur sur le retour. Un cocktail d’action et de comédie avec ses propres problèmes rythmiques, mais où David Leitch (Atomic Blonde, Bullet Train) dévoile une touchante ode aux casse-cous Hollywoodiens !
Ce n’est peut-être pas évident en voyant The Fall Guy, mais David Leitch (Deadpool 2, Atomic Blonde, Fast & Furious Hobbs & Shaw ou bien le très sympathique Bullet Train) adapte la série TV « L’homme qui tombe à pic » avec cette fois-ci Ryan Gosling (La La Land, Barbie) à la place de Lee Majors. Si le résultat diffère grandement de son matériau-source, c’est avant tout l’occasion pour Leitch de parler de sa profession première : les cascadeurs !
En effet, The Fall Guy débute de manière bien efficace, notamment via un plan-séquence sur un lieu de tournage introduisant chacun des personnages principaux de l’intrigue. L’occasion de découvrir Colt Seavers (Ryan Gosling), cascadeur old school qui va être mis sur le banc de touche après un terrible accident.
Plusieurs mois plus tard, le revoilà en tant que doublure de la superstar Tom Ryder (Aaron Taylor-Johnson) à Syndey, pour le premier film de son grand amour Jody Moreno (Emily Blunt). Tentant de renouer la flamme avec son ex, Colt va néanmoins devoir enquêter sur la disparition louche de Ryder. Le début d’une aventure plus musclée qu’il n’y parait !
Cascade avec accrocs
Tout comme le précédent film de Leitch (Bullet Train), The Fall Guy allie comédie et action pour un mélange en jolie osmose initialement. Malheureusement (et c’est le principal heurt du métrage), l’intrigue mettra près d’une bonne heure pour trouver son rythme de croisière. La faute à un récit balbutiant dans son amorce laissant place à des codes de comédie romantique envahissants.
Point de discrimination contre les rom-coms, mais cela devient un gros problème lorsque la quasi entièreté de la dramaturgie repose sur une romance niveau maternelle, où les deux stars du film roucoulent sourire en coin en se faisant faussement la gueule. The Fall Guy semble ainsi dérouler un programme attendu, comme parasité par le star-power et un humour tantôt efficient (notamment via les seconds rôles), tantôt balourds dans son étalage de vannes.
Mais alors que Colt enquête sur la disparition de la star qu’il double, il faudra attendre une trépidante scène d’action montée sur du Phil Collins, où tout le postulat de base transparaît à travers la mise ne scène : un héros en plein cascade « pour de vrai » sur un remorqueur lancé à toute berzingue, opérant sa rédemption au détriment de son love interest laissée seule en karaoké.
Quand la sincérité domine
Dès cet instant, The Fall Guy commence à trouver sa voix, son rythme et ses enjeux. La roue libre et la dramaturgie balbutiante préalable deviennent plus congruentes avec le jeu solide de ses comédiens (apparition de la toujours sympathique Stephanie Hsu..bien que sous-employée) tandis que le propos sous-jacent de l’intrigue amène le film vers des recoins surprenamment touchants.
Le cascadeur (éternel personnage central de l’industrie constamment dans l’ombre) devient ainsi héros véritable au sens propre comme au figuré. Réclamant sa place et sa légitimité (The Fall Guy se permet même quelques gags pour tirer à boulets rouges sur les costards-cravates d’Hollywood), on sent David Leitch aussi sincère qu’authentique dans sa déclaration d’amour à la profession, jusque dans un climax plutôt galvanisant où l’art de la cascade devient autant échappatoire qu’outil nécessaire face aux dérives de l’industrie.
Des cascades impactantes de surcroît (un nouveau World Record de tonneaux est déjà inscrit au Guinness depuis Casino Royale), offrant à The Fall Guy des allures de spectacle décomplexé régulièrement fun, dominé par un Ryan Gosling encore une fois excellent en loser magnifique semblant tout droit sorti d’une production Joel Silver des 90’s (on ne l’a pas vu aussi à l’aise dans le registre comique depuis l’excellent The Nice Guys).
Même si le reste du casting (Aaron Taylor-Johnson, Hannah Waddingham, Brian Tyree Henry) offre un capital sympathie certain, son acteur principal demeure sans nul doute l’atout majeur de The Fall Guy, qui malgré ses imperfections, se révèle in fine une comédie d’action efficace et plutôt touchante. On en demandait pas tant !
The Fall Guy sortira au cinéma le 1er mai 2024
avis
Si The Fall Guy ne bénéficie pas de l'efficacité de son précédent film, David Leitch parvient à mi-parcours à supplanter une intrigue brinquebalante et une romance poussive par une déclaration d'amour aussi sincère que surprenamment touchante à la profession de cascadeurs. Ces derniers deviennent alors les véritables sauveurs d'Hollywood, incarnés parla présence irrésistible d'un Ryan Gosling s'amusant comme un fou en loser au grand cœur. Un virage bienvenu, pour un résultat certes imparfait, mais finalement sympathique !