Disponible aujourd’hui sur Netflix, la saison 1 de Terminator Zero entend bien redynamiser une franchise que l’on pensait désormais aux oubliettes. Mais la magie Hollywoodienne est passée maître dans le recyclage en masse : Skynet est de retour en anime, pour un résultat (sans grosses surprises) bien décevant ! Hasta la vista, baby !
Débutée il y a 40 ans tel un film one-shot, la franchise Terminator aura constamment cherché une manière de perpétuer l’héritage des chef-d’œuvres de James Cameron, immortalisés à jamais par la figure stoïque d’Arnold Schwarzenegger. Pourtant, cela fait déjà 20 ans que les robots-tueur de Skynet (l’IA ayant déclenché l’Apocalypse et le début d’une guerre sans fin avec l’espèce humaine) reviennent dans divers projets plus ou moins oubliables.
Parfois on retiendra l’ultime séquence d’une suite ne prenant aucun risque (Terminator 3), d’autres fois on saluera le changement tonal ou de temporalité (Terminator Renaissance), la volonté d’un ultime baroud d’honneur tout en rejetant la sacralisation du passé (Terminator Dark Fate), ou alors on regrettera amèrement d’avoir posé les yeux sur un crachat cinématographique sans âme (Terminator Genisys).
Même un essai pas forcément déshonorant en série TV (The Sarah Connor Chronicles) n’aura pas su s’émanciper de l’aura des 2 films originaux ! Mais tandis que la franchise n’est plus bankable (à l’instar du Chêne autrichien), Netflix commande un reboot sous la forme d’un anime américano-japonais produit par Masashi Kudô (Bleach) et le studio Production IG (Ghost in the Shell).
Terminators à la chaîne
Une idée loin d’être déconnante, permettant une forme et une lecture différente de l’univers tout en élargissant ses possibles. Terminator Zero est d’ailleurs intriguant dans son canevas originel, replaçant l’action en août 1997. Après une introduction dans le futur apocalyptique de 2022, la série place des pions familiers de la saga : un T-800 est envoyé dans le passé au Japon pour éliminer un scientifique menaçant l’hégémonie de Skynet, une combattante humaine (Eiko) est quand à elle chargée de contrer le Terminator, avec au milieu le fameux chercheur (Malcolm Lee) entretenant un lien étroit avec une IA nommée Kokoro !
Un mash-up remix des fondamentaux en somme, sauf que très vite Terminator Zero déçoit sur un plan purement primaire : son efficacité et sa tension ! Même en connaissant les passages obligés de la saga, la série étire un programme constamment attendu. Terminator stoïque et invincible, fusillade violente en commissariat, combattant humain arrêté et même faux-twist temporel s’entremêlent dans un mélange au mieux potable (grâce à une animation carrée du studio mais sans réel panache ou patine singulière), au pire insipide.
Pourtant, des œuvres récentes comme Alien Romulus (ou même Dark Fate et Renaissance) ont été des preuves qu’un programme pouvait être tordu de l’intérieur, afin d’accoucher d’un résultat sensiblement différent (avec plus ou moins de succès certes). Mais non, le créateur Mattson Tomlin (co-scénariste de The Batman et réalisateur de Project Power) prouve encore une fois que le manque d’idées ce n’est pas bien, mais que les bonnes idées mal appliquées ce n’est pas bien du tout non plus !
Pas de Ghost dans le Shell
En effet, malgré une saison 1 de 4h, Terminator Zero n’amène strictement rien de neuf, tout en dévitalisant la sève de l’œuvre originelle. Pourtant, via un poignée d’épisodes finaux, cette Saison 1 touche du doigt quelques éléments pertinents : la notion de flux et de paradoxe temporel régulièrement perturbés par le voyage dans le temps (une notion quasi-méta, à mesure que des auteurs s’aventurent à rebooter la franchise), et un dialogue humain-IA moins binaire qu’auparavant.
Une vision bienvenue plus actuelle (et même orientale) de la machine en temps qu’organisme doué de complexité et de réflexion, mais là encore mal fagotée par des dialogues sur-explicatifs et anti-roboratifs. Du sous Ex Machina (et même I, Robot), effroyablement étirés (tout un art de tourner autour du pot à coup de questions ouvertes paraphrasées type « peut-être que l’Homme est mauvais », « et si tout était écrit ? » ou « je peux tout changer ») et enchaînant les poncifs du genre.
Terminator Zero : quand Skynet mange au râteliers
Bref, Terminator Zero s’identifiera donc comme un mélange sans sucres, sans réel goût ni âme, à l’image de la collision identitaire bicéphale du show : voulant draguer l’Occident de par son concept et ses codes, mais aussi l’Orient via son regard doucement romantique avec l’IA. Des influences qui ne seront que peu congruentes : du Terminator certes graphique mais jamais prenant (ou choquant), de l’animation japonaise propre mais jamais chiadée, des personnages immédiatement caractérisés mais jamais incarnés, des moments de bravoure appliqués mais jamais inspirés..
Des éléments aussi simples que le caractère terrifiant d’un Terminator se retrouve ainsi bafoué avec l’antagoniste le plus fade de toute la série (que des humains peuvent mettre à mal au corps-à-corps), et les protagonistes humains manquent définitivement d’épaisseur ou de chaleur pour que l’on s’intéresse à eux.
Il y avait pourtant matière à faire avec un setting original (et le Jugement dernier en toile de fond, exploité pour la première fois de manière concomitante à l’intrigue). Mais Terminator Zero ne sera au final qu’une resucée sans risques, complexifiant inutilement les éléments de la saga (à l’image d’un Genysis) sans jamais se focaliser sur la substantifique moelle de son concept. Un loupé de plus dans une saga qui prouve à nouveau qu’elle n’aurait peut-être pas dû se décliner…
Terminator Zero est disponible sur Netflix depuis le 29 août 2024
avis
Terminator Zero est comme son nom l'indique : une dévitalisation des éléments consubstantiels de la franchise, en plus d'une absence de singularité. Dépourvue de tension ou d'efficacité primordiale, cette nouvelle incursion de la guerre entre humains et machines touche parfois du doigt des concepts intrigants hérités de l'animation japonaise (le rapports humains et IA), sans jamais proposer quoi que ce soit de neuf ou d'incarné. Une amère déception donc !