La dernière adaptation de Tom Clancy, Sans Aucun Remords, vient d’atterrir sur Amazon Prime Video, proposant un thriller brutal mais très classique.
Après une mission suspecte, la famille de l’agent des forces spéciales John Kelly est assassinée. S’en suivra une traque vengeresse dont les ramificiations peindront évidemment un complot politique. Souvent là pour épauler Jack Ryan, Sans aucun remords nous propose l’origin story de John « Clark » Kelly. Diffusé en ces temps de pandémie sur Prime Video, voilà un film d’action qui fait le boulot, sans bavure, mais loin de révolutionner le genre non plus.
Modernisé et adapté à la louche du roman éponyme par Taylor Sheridan et Will Staples, Sans aucun remords décide d’éclipser le protagoniste de la série littéraire de Tom Clancy, Jack Ryan, pour développer l’histoire spécifique d’un personnage depuis toujours dans l’ombre de l’analyste. Ainsi, en quête d’action légitimée, c’est logiquement que le héros aguerri, campé précédemment par Willem Dafoe en 1994 dans Danger Immédiat et Lieve Schreiber en 2002 dans la Somme de toutes les peurs, propulse cette fois Michael B. Jordan sous le feu de l’ennemi et des projecteurs.
La somme de tous les clichés
Avec Sheridan à l’écriture, on espérait un truc assez dingue, mais le bonhomme, entre deux projets alléchants, nous fait le minimum syndical en reposant son intrigue sur les poncifs de l’espionnage, à savoir le sacro-saint conflit opposant l’Est et l’Ouest, la bonne guerre froide des familles. En même temps, difficile d’adapter, même de loin, un roman de Tom Clancy sans toucher aux conflits idéologiques et à la place du drapeau américain dans la politique internationale.
C’est donc un festival des recettes du genre qui nous est proposé. Au Moyen-Orient, les ramifications de la mission laissent entrevoir des combines accusant la Russie. Des conflits gangrénés par des ennemis à l’extérieur mais également à l’intérieur du gouvernement américain essayent de gommer les aspérités faciles d’un scénario qui n’a pourtant rien de bien original. Des traitres, des patriotes, tout ce qui fait la sève des romans de Tom Clancy est galvanisé dans Sans aucun remords qui ne peut même pas s’appuyer sur des rebondissements surprenants pour se sortir de cette galère. On voit tout venir et de loin, surtout quand les personnages s’enlisent dans des archétypes et des traits de caractère bien connus de ce genre de production.
Danger immédiat
Pourtant, difficile de ne pas prendre du plaisir et se laisser emporter par le film de Stefano Sollima. Le réalisateur italien connu pour Suburra et la suite de Sicario, Day of the Soldado, fait de ce Sans aucun remords un pur revenge movie efficace. S’il ne brille pas d’un scénario bien trop convenu pour nous épater, le film s’offre de superbes moments d’action, notamment lors d’une séquence introductive énervée ou des scènes de nuit parfaitement lisibles, et on peut remercier le frenchie Philippe Rousselot pour cette prouesse. Loin d’être épileptique, le film distille passages violents et tensions narratives (vite fait) sans verser dans l’actionner charcuté à la salle de montage. C’est bien et c’est propre.
Des scènes brutales et un ton acéré pour mettre Michael B. Jordan au coeur de l’action, au centre de la caméra, qu’il vole à chacune de ses répliques agressives. Débordant de charisme, les muscles aussi luisant que la crosse d’un beretta, le nouveau John Clark est bel et bien là pour renvoyer Jack Ryan derrière son bureau. L’acteur de Creed roule des mécaniques, crame la tronche des ripoux tout en flinguant à tout va sous le feu ennemi, et il le fait bien. A tel point que les rôles de Jamie Bell ou de Guy Pearce n’auront jamais autant mérité leur statut de personnage secondaire.
En bref Sans aucun remords est un film qui se regarde bien, un thriller musclé promettant une nouvelle franchise portée par un Michael B. Jordan en grande forme. On espère cependant que les suites seront moins convenues et clichées que ce premier opus.