Rêvalité consacre 25 ans de – M – en s’encrant, derrière les artifices, devant sa propre enfance.
Rêvalité est le septième album solo de – M – alias Mathieu Chédid. 25 ans de son alter-ego musicien, compositeur et bête de scène, et d’un personnage devenu la simple marque d’une fabrique qui s’éloigne hélas grandement de ses glorieux débuts. Depuis 2012 et le très moyen Îl, où le musicien avait délaissé Cyril Atef et Vincent Segal, en partie responsables de deux très beaux premiers essais, Mathieu Chédid avait délaissé son univers intimiste pour des titres à l’efficacité rhythmique imparable teintés de jeux de mots tournant rapidement à vide. Si l’aventure commune Lamomali avait marqué un temps une brève éclaircie avant le fade Lettre Infinie, Rêvalité enterre malheureusement – M – dans cette même voie facile et naïve.
– M – n’enchante plus
Rêvalité, titre éponyme dévoilant la sortie de l’album avait laissé craindre du pire avant l’horrible Dans ta radio, vrombissant et migraineux, l’artiste signant là l’un de ses pires titres. Si chaque album a été l’occasion d’une réinvention stylistique et musicale de l’alter-ego de Mathieu Chédid nous contant derrière lui sa propre vie, du mégalo et généreux rose de Qui de nous deux (dont cet opus semble un direct successeur), à l’intime noir et blanc de Mister Mystère, le violet flashy de Rêvalité évoquant directement Prince semble perdu entre rêves factices (le bleu) et réalité naïve (le rouge). Ce nouveau – M – flashy empli de références mangas, super-héroïques qui sondait l’intime semble aujourd’hui boursoufflé, et derrière son imagerie clinquante, paraît ici vidé de toute véritable substance.
Entre des pastilles nostalgiques à l’écriture niaise et facile évoquant l’imaginaire de l’enfance (MOGODO, Nombril, Petit Homme) et cinéphile (Fellini) et des tubes funk pensés pour la scène et la ronflante bande FM tournant rapidement à vide (Dans le living, Dans ta radio), Rêvalité semble rejouer le modèle de l’album qui l’a véritablement consacré, Qui de nous deux. Passant des tubes efficaces, clinquants et rodés à des notes plus intimistes, l’album jonglait à merveille entre de véritables tubes (Qui de nous deux, À la belle étoile) vers une seconde moitié sur la corde sensible peuplé de petites pépites poétiques et sensibles (Le Radeau, Peau de fleur, Ton écho). Rêvalité se contente ainsi de nous resservir la même tambouille sans jamais renouer avec la beauté de ses prédécesseurs (Une étoile qui danse, Ce jour-là, Mais tu sais, Home et La langue des oiseaux).
Mauvais rêve
La grande signature de ce nouvel opus s’incarne dans l’arrivée de Gail Ann Dorsey, musicienne accomplie ayant collaboré avec de très grands noms (David Bowie, Lenny Kravitz, Christophe). Alliée de choc sur scène, notamment aux Folies Bergère, où – M – inaugurait son nouvel opus, l’on a bien du mal à discerner une quelconque nouvelle patte sur ce Rêvalité. Si l’on ne doute pas que cet opus sera une nouvelle fois l’occasion pour l’artiste de prouver à quel point il est l’un de nos meilleurs showmans hexagonaux, la machine artistique, elle semble grandement à la peine. Parce que – M – est partout, tout le temps : ces derniers temps, on l’a ainsi vu composer un conte pour enfants familial (Grandes Oreilles Tout Oreilles), signer une bande-originale pour l’aventure intime ROSY, avant de s’occuper de celle du futur Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu de Guillaume Canet, en plus d’y jouer.
Partout, mais nulle part à la fois, tant l’alter-ego de l’artiste semble tourner en rond en de propositions aussi nombreuses qu’oubliables. Le temps de grâce artistique de – M – semble ainsi atteindre de franches limites, tant ce Rêvalité peut facilement être considéré comme son pire album depuis le début de sa carrière, qui fêtera donc ses 25 années, loin des sommets de ses débuts. Entre rêve et réalité, – M – et Mathieu Chédid, l’artiste semble s’être essoufflé, égaré dans une bulle à part, qui, s’il y a un temps lui permettait de sortir du lot, l’enferme aujourd’hui et semble étouffer toute créativité.
Rêvalité est sorti le 3 juin 2022.
Avis
Rêvalité perpétue la descente aux enfers artistique de - M- après des essais aussi faibles qu'oubliables. Qu'il semble loin le temps des formidables premiers albums face à cette énième machinerie boursoufflée et dénuée de toute substance. On a ainsi du mal à cerner le compositeur intimiste et génial derrière ce septième opus consacrant 25 années de carrière de la plus vaine des manières.
Un commentaire
C’est triste mais je suis d’accord…
Je viens de chercher « critique » sur l’album en me demandant si j’étais la seule à ne pas aimer… Et à trouver que c’est de la soupe…
Moi qui suis fan depuis 1999… Qui n’attendait qu’une chose que mes enfants soient grands pour les emmener avec moi le voir sur scène lui qui a rocker mes 3 grossesses… Et là trois albums de suite qui le déçoivent… Lamomali a été un souffle d’air, mais le soufflé était retombé avec lettre infinie et celui-ci je ne l’ai écouté que 3 fois et je sature déjà alors que j’ai écouté des centaines de fois tous les premiers…
Du coup mes enfants, même et surtout le dernier ne veut pas venir avec moi… Moi qui vais enfin pouvoir le voir sur scène puisqu’il passe pour la première fois de ma vie à moins de 100km de chez moi…
J’espère qu’il chantera des anciennes chansons, sinon j’ai pris une place assise c’est dire!!!…