Rêvalité, septième album studio solo de – M -, vient tout juste de sortir. L’occasion parfaite, après 25 années de carrière, de faire un bilan.
Rêvalité est le septième opus de – M – qui consacre ici 25 années de carrière. Recordman des Victoires de la Musique avec 13 récompenses, véritable bête de scène et gros vendeur de disque, – M- est aujourd’hui partout. S’étant imposé dans la composition de musiques de films avec celles du Monstre à Paris et César de la meilleure musique originale en 2007 pour Ne le dis à personne, compositeur pour de grands interprètes tels que Vanessa Paradis et Johnny Hallyday, on le retrouvera prochainement derrière la bande-originale et devant la caméra de Guillaume Canet pour Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu. Une carrière imposante qui ne semble s’essouffler qu’au niveau de la qualité des albums, que l’on a donc choisi de vous classer du pire au meilleur. Nous avons donc automatiquement exclu le pourtant superbe Lamomali, étant un album collectif.
7. Rêvalité (2022)
Rêvalité, titre éponyme dévoilant la sortie de l’album avait laissé craindre du pire avant l’horrible Dans ta radio, vrombissant et migraineux, l’artiste signant là l’un de ses pires titres. Ce nouveau – M – flashy empli de références mangas, super-héroïques qui sondait l’intime semble aujourd’hui boursoufflé, et derrière son imagerie clinquante, paraît ici vidé de toute véritable substance. Entre des pastilles nostalgiques à l’écriture niaise et facile évoquant l’imaginaire de l’enfance (MOGODO, Nombril, Petit Homme) et cinéphile (Fellini) et des tubes funk pensés pour la scène et la ronflante bande FM tournant rapidement à vide (Dans le living, Dans ta radio), Rêvalité semble rejouer le modèle de l’album qui l’a véritablement consacré, Qui de nous deux. Entre rêve et réalité, – M – et Mathieu Chédid, l’artiste semble s’être essoufflé, égaré dans une bulle à part, qui, s’il y a un temps lui permettait de sortir du lot, l’enferme aujourd’hui et semble étouffer toute créativité.
6. Lettre infinie ( 2019)
Réunion d’anciens collaborateurs des premiers géniaux albums et tournée (Cyril Atef, Vincent Ségal) et de nouveaux géniaux dont Thomas Bangalter, Lettre infinie s’avère être une déception de plus après l’inégal îl. Séparé entre productions électriques sucrées aux riffs datés faussement funky (Logique est ton écho, Grand petit con, L’alchimiste et Adieu mon amour) et morceaux acoustiques naïfs (L.O.I.C.A, Une seule corde, Billie) Lettre infinie semble marquer l’essoufflement de l’artiste, qui au fil des titres dévoile une sempiternelle redite qui ne fonctionne plus. De ces multiples jeux de mots qui se répètent et semblent désormais pointer le vide (Massai/M’assaille, Thérapie/Terre Happy et j’en passe) – M – , pourtant inspiré par une paternité nouvelle, du passé, et des souvenirs de grands disparus qu’il a côtoyé (L’aérien L’autre paradis, hommage au fils du couple Michel Berger/France Gall) semble désormais tourner en rond et cette Lettre Infinie s’avère être celle d’un -M- qui se répète malheureusement jusqu’à l’overdose.
5. îl (2012)
De la manière dont Mister Mystère rompait net avec qui de nous deux, îl revient à un – M – plus rock et coloré, loin du noir et blanc introspectif et torturé de l’opus précédent. Lunettes jaunes fluorescentes, le gros tube Mojo, vide mais à l’efficacité imparable (La Grosse Bombe s’avère bien plus adapté), ainsi que des compositions plus électroniques, laissent ainsi plus dubitatifs. Après un excellent début (Elle, meilleur titre de l’album) et quelques titres rappelant le – M – génial des débuts (Le Film, Laisse aller, Oualé), îl oscille maladroitement entre sucreries grossières (Faites-moi souffrir, La maison de Sarai), tube daté à la Gipsy Kings (Baïa) et morceaux suspendus loin de l’intimité des débuts, surjouant une fois de plus de jeux de mots (La Vie Tue, Machine). îl assume donc moins bien l’équilibre que qui de nous deux, surjouant l’efficacité pour des titres surtout taillés pour la scène.
4. Mister Mystère (2009)
Après les sommets fulgurants du rose de qui de nous deux, Mister Mystère voit – M – revenir sur la corde intime et sensible. Séparé de sa coiffure et porté par une pochette tout de noir et blanc, la poésie semble ainsi au cœur de ce quatrième opus (Destroy et Tanagra, écrit par Brigitte Fontaine), annoncé par le titre plus intime Le Roi des Ombres. Semblant loin du succès tonitruant de qui de nous deux, Mathieu Chédid annonce un retour à l’essentiel (Phébus), mélancolique (Ca sonne faux, Semaine, Tout sauf toi, Délivre), proposant de pure merveilles dans un second CD intitulé Lettre à Tanagra. Plus introspectif et poétique, on y découvre en 4 titres le véritable cœur de cet opus, plus noir et plus introspectif que jamais.
3. Je Dis Aime (1999)
Il y a dans Je Dis Aime la sensation d’une prolongation plus maîtrisée du Baptême. Comme si le Labo de – M- s’était enrichi de nouvelles machines, et également en maturité, l’entreprise perd ainsi parfois en sensibilité ce qu’elle gagne en efficacité de tubes imparables (Je Dis Aime, Onde Sensuelle). Si – M – n’a ainsi rien perdu de son humour et de son regard rigolard sur la société et la société de consommation (Le complexe du Corn-Flakes, Le festival de connes, Mama Sam) il y règne cependant toujours la belle mélancolie qui faisait le sel du Baptême (Faut oublier, Qui est le plus fragile, Le commun des motels). Aventureux, avec la reprise de Close to Me des Cure, – M- semble tranquillement mais sûrement continuer sa belle ascension.
2. qui de nous deux (2003)
Avec qui de nous deux, – M – passe véritablement la vitesse supérieure. Outre l’énorme succès du titre éponyme, qui de nous deux est peut-être l’album le plus fulgurant de son auteur. Parce que Mathieu Chédid dégaine ici avec fougue une horde de tubes imparables et efficaces (Mon ego, La bonne étoile, Qui de nous deux, Ma mélodie, Quand je vais chez elle, Psycho-bug) tout en assumant, aussi de front, la part plus sombre et intime de son personnage de scène. On trouve ainsi dans la seconde moitié de qui de nous deux de véritables perles (annoncées par Je me démasque, l’un de ses meilleurs titres), sensibles (La corde sensible, Ton écho) et toujours connectées à la nature (Le radeau, Peau de fleur). Des sommets des charts à la sensibilité à fleur de peau, tout est là, et qui de nous deux assume à merveille ces deux sommets de plein fouet.
1. Le Baptême (1997)
Le Baptême, sous ses airs modestes, contient déjà en creux tout l’univers de – M -. Sensation d’univers à part, bricolé de pédales magiques, ce Baptême, enregistré à domicile et à la campagne s’avère aussi efficace que juste et sensible. La nature y est ainsi en fil conducteur, avec la belle ballade inaugurale qu’est La Fleur, mais ce qui intéresse surtout le jeune Mathieu Chédid, c’est surtout la nature humaine. Des addictions (Manque de q, Je suis une cigarette), les modes ridicules qui passent (Pick Pocket, Matchistador), Le Baptême s’avère véritablement touchant et sensible lorsqu’il parle du temps qui passe (Nostalgic du cool, Le rose pourpre du cœur, Le temps mue, Souvenir du futur). Une incursion modeste qui fleure bon le bricolage, l’inventivité et la modestie que l’on retrouve dans le superbe instrumental Céline attendue, portant ici toute les couleurs de l’album en le clôturant avec maestria. Un baptême musical magistral.
Un commentaire
Classement bidon…