Sorti aux Etats-Unis le 16 décembre 1988 (et en France le 15 mars 1989), Rain Man a aujourd’hui 30 ans !
Retour sur Rain Man
De quoi ça parle ?
C’est l’histoire d’un gars, Charlie Babbitt, au bord de la faillite, qui à la mort de son père pense que l’héritage va tout régler. Malheureusement pour lui, la quasi-totalité de cet héritage est versé à un anonyme. Furieux, il décide d’aller à sa rencontre et fait la connaissance de ce mystérieux bénéficiaire qui n’est autre que son frère Raymond. Atteint d’autisme savant, ce dernier ne peut utiliser l’argent légué, Charlie décide alors de l’embarquer avec lui dans un road trip forcé, direction la Californie, pour obtenir sa part du patrimoine paternel. Au cours de leur périple, il sera contraint à la patience et devra, pour une fois, faire attention à quelqu’un d’autre que lui.
Côté équipe et casting
A la réalisation, on retrouve Barry Levinson (Sleepers et Good morning, Vietnam), qui collabore pour ce film avec les très célèbres Tom Cruise (Minority Report et les Mission impossible), Dustin Hoffman (Le Lauréat et Sleepers), et dans une moindre mesure, l’actrice Valeria Golino en second rôle.
A noter aussi, que c’est le célèbre Hans Zimmer (Interstellar, Inception, The Dark Knight Rises, Le Roi lion, 12 years a slave) qui a composé la musique de Rain Man.
Quelques chiffres
Avec un budget estimé à 25 millions de dollars, Rain Man a fait plus 354 millions de recettes à l’échelle mondiale. Il faut compter un gain de 172 millions aux Etats-Unis et 182 millions à l’étranger.
En France, c’est le plus gros succès de Barry Levinson. Le film a attiré près de 6,4 millions de Français à sa sortie en 1989.
Plusieurs nominations et récompenses
Nommé à 14 reprises notamment au festival du film international de Berlin (Berlinale), aux Césars, aux BAFTA, aux Golden Globes et aux Oscars, Rain Man a reçu 7 récompenses :
- Berlinale (1989) : Ours d’Or
- Golden Globes (1989) : Meilleur film dramatique, Meilleur acteur dans un drame (Dustin Hoffman)
- Oscars (1989) : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur (Dustin Hoffman), Meilleur scénario orignal.
Ce qu’on pouvait lire dans la presse
Washington Post, le 16 décembre 1988 par Hal Hinson
Les acteurs travaillent dur pour établir un rapport qui ne vient jamais. Tom Cruise nous livre une performance passable et ne nous donne qu’un aperçu de Charlie. […] Cependant c’est l’échec de la performance d’Hoffman qui nuit à l’image du film. Il travaille ici avec sa minutie habituelle mais n’arrive pas à fusionner avec son personnage. En le regardant, on se sent perdu. […] Je pense que le film va être un échec […]. C’est un feel-good movie déguisé qui, en essayant de rompre avec toute sentimentalité, semble tenter de s’échapper à lui-même.
Time, le 19 décembre 1988, par Richard Corliss and Richard Schickel
Barry Levinson a choisi d’examiner l’une des formes de maladie mentale les plus difficiles et les plus énigmatiques. [De fait,] Rain Man refuse tout simplement de fonctionner avec sentiment. Ce rejet honnête de sentiment est admirable en un sens, mais Rain Man est dans la retenue et aucune connexion ne se crée. On nous empêche d’entrer plutôt que de nous attirer. [On peut parler] d’une comédie frustrante qui a ses moments terriblement drôles.
Chicago Sun-Times, le 16 décembre 1988 par Roger Ebert
Tout change dans le film, à l’exception de Raymond. […] Si la fiction a un lien étroit avec le changement, comment faire un film sur un homme qui ne peut changer car sa vie est ancrée dans une routine ? Seulement une poignée d’acteurs pourrait réussir ce challenge, et moins encore nous plonger et même nous divertir avec leur performance, mais Hoffman prouve à nouveau qu’il est fait pour répondre en tant qu’acteur à des défis impossibles.
L’avis des spectateurs
Approuvé à 89% sur Rotten Tomatoes, Rain Man obtient la note de 8/10 sur IMDb et de 4,2/5 sur Allociné.
Notre critique aujourd’hui
Entre constance et évolution
Ce n’est pas pour rien si Dustin Hoffman a reçu l’Oscar et le Golden Globe du meilleur acteur. Il avait le lourd défi d’interpréter un autiste savant, et il faut bien avouer que ce défi est largement réussi. La constance de son rôle est certes désarmante, mais elle reste du point de vue du jeu remarquablement bluffante.
L’empathie ressentie par le spectateur passe finalement par le personnage de Charlie, qui apprend à connaître son frère et son fonctionnement. Si Raymond ne peut pas changer, lui le peut. De ce point de vue, Ray peut être vu comme un simple adjuvant faisant évoluer le personnage principal, puisque c’est au contact de son frère que Charlie devient une meilleure personne.
La force de Rain Man repose dans cette opposition entre les deux personnages. Ray, en restant dans sa routine, pousse Charlie à sortir de la sienne. Il n’a alors pas d’autres choix que de faire attention à son frère à partir du moment où il décide de le sortir de sa clinique psychiatrique. Nous voyons ainsi naître une réelle complicité entre les deux protagonistes et ce malgré les troubles dont souffre le personnage interprété par Dustin Hoffman.
Réaliste et drôle
Mais pas de quoi crier au feel-good movie, le film est assez juste. La fin n’est d’ailleurs pas le happy-end que tout le monde pourrait espérer, mais prouve à nouveau la volonté de réalisme voulue à l’écriture du scénario.
L’invariabilité de Dustin Hoffman sert d’ailleurs cette réalité. Oui, le spectateur est frustré de ne pas voir un débordement de sentiment du côté de Raymond et de ne pas voir d’évolution majeure dans son comportement, mais le film n’aurait pas été le même sans ça.
Cette frustration que cristallise le personnage de Ray est d’ailleurs l’occasion de scènes assez hilarantes qui fonctionnent beaucoup sur le comique de répétition. Notre préférée, l’épisode du caleçon : Ray est en boucle sur ses sous-vêtements qui doivent absolument venir du Kmart de Cincinnati, peu importe les explications rationnelles que lui expose son frère. A bout, le personnage joué par Tom Cruise finit par lui décroche un « Ta gueule » avant de s’arrêter en plein milieu de la route et de sortir de la voiture en étant hors de lui, pendant que son frère continue de le bassiner avec ses sous-vêtements.
Il nous reste cependant un petit regret, puisqu’on en sait très peu sur la relation avec le père. Ok, on a compris que ce n’était le meilleur père du monde, mais on aurait aimé avoir plus de détails : pourquoi avait-il l’air d’être un bon père avec Ray et pas avec Charlie ? Pourquoi la mort de la mère a tout changé ? C’est ce genre d’explications qui aurait permis au personnage de Charlie une profondeur plus importante, une intrigue plus dense et donc encore plus intéressante. On reste finalement trop en surface de cette relation qui unit pourtant les deux protagonistes.
Le petit plus pour briller en société
Un film n’est rien sans ses anecdotes…
Raymond aurait pu être interprété par Jack Nicholson ou Robert De Niro, mais ils ont tous les deux décliné le rôle. De son côté, Dustin Hoffman devait initialement jouer le rôle de Charlie.
Une scène de Rain Man a été coupée au montage pour une version diffusée dans les avions de ligne de certaines compagnies aériennes. Il s’agit de la scène dans laquelle Raymond angoisse à l’idée de prendre l’avion et énumère des statistiques sur les risques d’accidents non négligeables lors d’un vol.
La scène du pet dans la cabine téléphonique a été improvisée. Alors que la caméra tournait, Dustin Hoffman ne s’est pas retenu et Tom Cruise a improvisé à partir de là. Pour l’acteur jouant Ray, c’est une des scènes préférées de sa carrière.
… et ses citations
Rain Man n’a pas de grandes citations, mais quelques phrases resteront après le visionnage :
- Raymond Babbitt : « I’m an excellent driver. » (Je suis un excellent conducteur.)
- Raymond Babbitt : « Charlie Babbitt made a joke. » (Charlie Babbitt a fait une blague.)
Rain Man est disponible en DVD, Blu-ray et VOD.
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