Nimona est le film d’animation Netflix de l’année, et le projet revient de loin ! Initialement développé par Blue Sky Studios (L’Âge de Glace, Rio) avant sa fermeture, les réalisateurs de Les Incognitos ont réussi à mener à bien cette histoire adaptée du roman graphique de ND Stevenson. En résulte une aventure aussi réjouissante que touchante, portée par un très bon duo de personnages principaux !
Nimona revient de loin ! Initialement en projet chez feu Blue Sky Studios et développé par Patrick Osborne (Feast, Pearl), le film fut tout simplement balancé aux oubliettes après le rachat de la Fox par Disney en 2019 et la fermeture de Blue Sky en 2021. Mais miracle : Annapurna et le studio DNEG Animation (Entergalactic) ont été là pour prêter main forte aux équipes désireuses de porter Nimona jusque dans les écrans du monde entier. Affublé du duo Troy Quane & Nick Bruno (Les Incognitos) en tant que réalisateurs, le résultat est à la hauteur des attentes, tandis que le métrage débarque sur Netflix !
Tout comme son matériau de base (avec quelques différences en terme de caractérisation de personnages ou de tournure du récit), Nimona se déroule dans un univers de science-fantasy (mêlant donc science-fiction et fantasy). Après un conflit légendaire contre les forces du Mal, la reine Gorleth a pu constituer un corps de guerriers pour instaurer une paix millénaire. C’est ainsi que 1000 ans plus tard, la technologie a fait irruption dans le quotidien du royaume, sans toutefois changer cette tradition.
Nous découvrons Ballister Blackheart, chevalier issu d’un milieu roturier, qui s’apprête à être promu défenseur en chef de la Cité par la Reine Valerin. Malheureusement, cette dernière va être assassinée lors du fameux sacre, et tous les indices pointent vers Ballister en tant que commanditaire. Contraint à fuir et à être traqué par son ex-compagnon Ambrosius Goldenloin, Ballister va faire la rencontre de la mystérieuse Nimona…une jeune fille ayant l’étrange faculté de pouvoir se métamorphoser en n’importe quelle forme de vie !
Le chevalier et la polymorphe
Un postulat de buddy movie pour une aventure menée tambour battant…et Nimona tient ses promesses du début à la fin ! Le tout se veut fun, rythmé, ludique et même drôle à plus d’un titre. Et à ce titre, le personnage éponyme est sans conteste une des grandes qualités du métrage : on tient ici une « héroïne » badass, au caractère carnassier et à l’identité punk assumée, contrastant avec son caractère jovial prononcé.
Chloe Moretz incarne d’ailleurs à merveille ce personnage « gender fluid » via un doublage d’extrême qualité. Un personnage qui sous ses apparats d’humour noir et sa volonté de tout détruire sur son passage, cache in fine une fragilité bienvenue, admirablement explorée à intervalles réguliers dans le récit. Car si Nimona se veut régulièrement fun et léger, les enjeux globaux restent pris au sérieux avec leur dose d’émotion.
Une émotion savamment dosée lorsque la dramaturgie s’attarde sur le passé touchant de Nimona, ou bien le tiraillement d’un Ballister impeccablement doublé par Riz Ahmed. 2 individus qui n’auraient jamais dû se rencontrer, au tempérament diamétralement opposé, mais dont le lien au fil du récit supporte le thématique globale du film. Qui sont les monstres désormais ? Sommes-nous contraints de rentrer dans un moule idéologique ?
Empreinte visuelle avec du style
Des questionnements centraux dans Nimona, alors que l’univers dépeint montre un régime normé privilégiant la dynastie, et aux méthodes parfois proches du totalitarisme. Un aspect qui aurait pu être nettement mieux mis en avant ceci dit, alors que Quane & Bruno diluent parfois leur gravitas dans des séquences d’action joviales heureusement très bien découpées.
Nimona a par ailleurs un style graphique détonnant au premier abord, où l’épure a aussi sa place, mais dont le cachet et l’aspect singulier l’emportent, saupoudrées d’une direction artistique inspirée ! Entre look médiéval et cyberpunk, le résultat est totalement rafraichissant au sein du genre (surtout pour de l’animation grand public).
L’animation va même sur quelques sentiers plus surprenants (de manière trop rare ?) pour varier sa narration, mais on tient aisément une belle alternative à ce que font Disney, Pixar ou Dreamworks ! Si les personnages sont tous bien implantés dans l’univers visuel global (jusque dans une créature finale semblant tout droit sortir d’un Ori), là encore on regrettera une figure antagoniste beaucoup plus classique dans son développement.
Nimona : une histoire de rejetés
Heureusement, les enjeux globaux de l’intrigue et la condition de nos deux héros suffit à créer de réels enjeux vecteurs d’obstacles. Le métrage se permet même d’être le premier blockbuster d’animation à avoir une romance gay centrale, sans jamais l’afficher comme un tract ou la placarder artificiellement. Enfin, les diverses transformations de Nimona (gorille, souris, baleine, rhinocéros…) suffisent à engendrer des séquences inspirées : on aurait cependant aimé plus de folie avec cette capacité de métamorphe.
De menues scories qui n’entachent en rien la belle réussite que représente Nimona, un récit d’aventure qui se regarde sans aucun déplaisir de par son univers rafraîchissant, sa direction artistique singulière, ses personnages attachants (Ballister est un chevalier avec un bras bionique, on peut difficilement faire plus charismatique), une BO trépidante signée Christophe Beck (La Reine des Neiges, Ant-Man) et ses thématiques émancipatoires bien digérées. Encore une réussite en animation chez Netflix donc !
Nimona sortira sur Netflix le 30 juin 2023
avis
Avec Nimona, le projet miraculé renaît tel un beau phénix. C'est drôle, rythmé, original dans son univers visuel, et relativement novateur dans ses représentations pour un film d'animation, on tient là une belle réussite qui mérite aisément de poursuivre les aventures de Ballister et Nimona !