Après 6 ans d’absence, Les Gardiens de la Galaxie reviennent enfin sur grand écran pour ce qui est vendu comme leur grand baroud d’honneur, dans des phases Marvel post-Endgame qui peinent à pleinement convaincre le public. Pari réussi ou Ant-Man Bis ?
La production de ce troisième volet ne démarrait pas sous de beaux jours. Pour rappel, suite au déterrement d’un tweet à l’humour scabreux, datant de plus de 10 ans, James Gunn se fit remercier sans sommation par Disney. Une occasion pour lui d’aller travailler chez la concurrence Dc avec son excellent The Suicide Squad avant d’être enfin réembaucher par le studio aux grandes oreilles qui aura retrouvé la raison entre temps. Une déconvenue qui aura résolument marqué le cinéaste puisque Les Gardiens de la Galaxie vol.3 met un point final à un pan de son cinéma (et pas tant à l’équipe…) et ouvre vers une prise de maturité d’un auteur qui semble dorénavant plus sage, dans le bon sens du terme.
En effet, à l’image de son tweet à l’humour d’ado rebelle qui lui aura valu moult tracas, sa filmographie s’affichait comme celle d’un sale gosse, en cherchant constamment le subversif ou en déconstruisant la figure du super-héros dans le cas de l’équipe de loosers galactiques pour Marvel. Dans ce troisième volume, ce n’est plus l’humour (bien qu’il soit encore présent) qui dirige le métrage mais bel et bien l’émotion. Elle tire sa source du parcours des personnages, de leurs conflits internes et externes ou bien d’événements véritablement dramatiques. On se surprend à plusieurs reprises à sentir une certaine humidité chatouiller nos pupilles, et ce Gardiens de la Galaxie vol.3 s’affirme comme le plus émouvant des Marvel. Une dramaturgie qui fait la part belle à une certaine noirceur et violence (on pense notamment à tout ce qui entoure Rocket ou ce qui se passe sur la Contre-Terre), tout à fait surprenante et bienvenue dans le MCU, qui après un Multiverse of Madness, titille une nouvelle fois la limite du PG-13.
Et cela se transmet par le personnage de Rocket, qui devient le véritable protagoniste après deux volumes qui se focalisaient sur Star-Lord. Nous explorons le passé du raton laveur insolent au travers de flashbacks qui sauront toucher notre petit cœur d’amoureux des animaux. En effet, les thématiques du film adoptent un virage totalement inattendu par une critique appuyée de l’exploitation animale, des dérives des expérimentations scientifiques via son bon antagoniste pro-eugénisme, le maître de l’évolution, très bien interprété par Chukwudi Iwuji. Voyant cela, on se demande si on est bien dans le MCU et que l’on ne s’est pas trompé de séance. Mais non, nous sommes au bon endroit et Gunn a pour ambition de nous livrer un récit plein d’humanité et de compassion pour toutes formes de vie. Une parfaite vision transitoire qui mène indubitablement à son futur Superman : Legacy. Et cela nous rassure pour la compréhension de l’homme d’acier.
Rocketman
La réalisation n’est pas en reste puisque le cinéaste se montre être en pleine possession de ses moyens, avec une évolution clair dans sa mise en scène, beaucoup moins stoïque et classique que dans les précédents, au profit de beaux mouvements de steadycam ou à des panoramiques rapides pour accentuer l’absurdité de certaines scènes. Sans parler d’un excellent plan séquence qui n’aura rien à envier à Avengers 1. Mais là où il surprend le plus, c’est encore une fois dans sa direction artistique où seul l’esprit fou du réalisateur peut imaginer de tel visuel, à la fois coloré et dérangeant. On pense notamment à ce laboratoire galactique et entièrement organique qui semble tout droit sorti d’un film de Cronenberg, en moins cracra tout de même.
Malheureusement, malgré l’amour que l’on porte à ce troisième opus, ce n’est pas pour autant un sans faute. On pourra lui reprocher une intrigue générale, lorsque l’on sort purement du développement de personnage et de l’émotion qu’il provoque, quelque peu programmatique et convenue. L’histoire se trouve être avare en rebondissements, surprises et ne marque encore une fois aucune véritable avancée au sein l’univers du MCU, malgré le fait qu’elle mette un certain point final (ou plutôt un point virgule dira-t-on) à cette équipe des Gardiens. Les personnages gravitant autour d’eux sont pour le moins sous-exploités, et vont à l’encontre de ce que nous vendait la fin du volume 2. Stallone et sa team passent en coup de vent ; tandis que la présence d’Adam Warlock va énerver plus d’un fan tellement on sent le personnage comme le seul véritable point du cahier des charges imposé à Gunn, lequel se venge en le tournant en ridicule et en le rendant inutile. La suite du MCU lui rendra sûrement plus hommage.
Donc malgré une intrigue un peu maigrichonne, le véritable intérêt de ce troisième volume se trouve dans la prise de maturité de son récit, qui s’avère plus noir et violent, faisant la part belle aux parcours de ses personnages que l’on aura suivi pendant presque dix ans et à une dimension émotionnelle rarement égalé au sein de la saga. Et pour cela, on peut affirmer que ce film à conjuré la malédiction des troisièmes volets : il est le meilleur de la trilogie !
Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 sortira en salles le 3 mai prochain.
Avis
Ce troisième épisode marque une prise de maturité dans la saga et dans la filmographie de son auteur, qui mise plus sur l'émotion, la noirceur et la psychologie de ses personnages au détriment d'un fil rouge programmatique. Mais qui ne plonge jamais son récit dans l'ennui tant il s'avère émouvant.