La Tête dans les étoiles repousse les limites, à la fois du néant comique et artistique.
La Tête dans les étoiles n’est que le second long-métrage d’Emmanuel Gillibert, à qui l’on doit le déjà très passable Les Dents, pipi et au lit. Avec ce projet plus ambitieux (sur le papier, du moins), porté par l’humoriste Hakim Jemili (ayant déjà sur Prime Video, participé à la pire saison de LOL – Qui rit, sort !), le réalisateur nous emmène dans l’espace en réalisant une véritable prouesse : ce voyage sera fait à la fois sans moyens, sans aucun sens artistique, sans aucun scénario ni aucune direction d’acteurs. Un véritable challenge, même pour tout esprit déviant, qui y laissera donc, en plus d’une partie de sa cervelle, y brûlera au passage un peu de sa rétine au vu des décors devant se dérouler dans l’ISS, mais rappelant plutôt le local technique d’un immeuble bâti depuis (au moins) une vingtaine d’années.
Les acteurs, pour certains déjà habitués aux horreurs françaises proposées par la plateforme (François-Xavier Demaison était déjà dans le cauchemar Connectés), ont pour les autres parfois l’air outrés, où complètement ailleurs comme Alice Pol où l’excellente Olivia Côte qui après le formidable Les Cyclades, laisse songeur quant aux raisons qui ont pu faire embarquer l’actrice dans cette véritable galère. Parce que même après des échecs artistiques et critiques tels que Brutus VS César, Je te veux, moi non plus, Flashback, Medellin où Miskina, la pauvre, Prime Video semble ici véritablement repousser ses limites en tant que décharge officielle du pire de ce que peut proposer notre pourtant cher cinéma français.
Galère de l’espace
La Tête dans les étoiles tente, comme il le peut, de nous raconter une histoire : à savoir, celle de quasiment tous les projets de Melha Bedia sur la même plateforme. Ali (Hakim Jemili), jeune père trentenaire de banlieue (forcément looser et complètement crétin) travaillant comme livreur chez Delivroom, vit encore chez sa mère et se trouve endetté envers son ex-femme (Nawell Madani) à qui il n’a versé aucune pension alimentaire depuis trois années. Projeté dans une fusée après un deal avec une journaliste, il devra cohabiter tant bien que mal avec trois astronautes. Et rien ne va dans le film d’Emmanuel Gillibert, pourtant co-écrit à six mains avec Adrien Piquet-Gauthier (Classico, autre horreur française proposée sur Prime Video) et Marion Thièry, déjà coscénariste du précédent projet du réalisateur.
Dans ce drôle d’espace temps de comédie dans lequel s’engouffre le métrage, tout s’avère inexistant, de la mise en scène à l’humour en passant par le montage et la direction artistique. Tout sonne faux, affreusement cheap, et sent le fond vert comme seul cache-misère d’un néant hélas bien trop abyssal pour tenter de le dissimuler par un quelconque autre moyen. Il y a ainsi quelque chose de crasse dans La Tête dans les étoiles qui énumère des clichés sur la banlieue en décrivant ses personnages comme d’insupportables crétins déconnectés de la réalité, vision étendue sur tout le reste de sa distribution où l’idiotie règne en maître, des astronautes en tenue de mousse d’un projet dont on se demande qui a bien pu s’engager dedans sans jamais ne se poser aucune question d’ordre artistique.
La Tête dans le cul
La Tête dans les étoiles est ainsi un véritable enfer de comédie. Comme le récent Notre tout petit petit mariage, qui repompait sans vergogne tous les succès récents de Philippe Lacheau avec un opportunisme crasse et débilisant, le film d’Emmanuel Gillibert évolue dans un univers où jamais ne sont sortis des films comme Un ticket pour l’espace où H2G2 : Le Guide du voyageur galactique. Se contentant de filmer un insupportable abruti avec un sac (forcément) rose, tombant sans le faire exprès dans une fusée en plein décollage, éparpillant de la semoule dans une station spatiale, voulant respirer dans un aspirateur à urine, où encore tenter de s’enfuir d’une fusée dans l’espace, tout cela accumulé suscite à la fois l’indignation, le dégoût et une totale incompréhension, à la fois logique et cinématographique.
Qui donc a bien pu approuver une telle galère qui a l’air d’être écrite, pensée, jouée et filmée par des enfants en bas âge ? Quel en était le budget (introuvable, au demeurant), et comment un tel projet à pu être financé par des gens dotés de la capacité de voir et de réfléchir ? Parce que La Tête dans les étoiles a tout d’un véritable cauchemar et coche toutes les cases de ce qu’on ne peut plus, où l’on ne devrait plus pouvoir produire, quel qu’en soit l’époque et le moyen de diffusion. Même si tout pousserait ce projet à être envoyé dans l’espace pour éloigner tout regard humain de ce dernier, il demeurerait un risque que des êtres venus d’ailleurs s’en emparent et prennent cela comme une preuve suffisante pour ne jamais venir visiter une planète Terre complètement dénuée d’intelligence.
La Tête dans les étoiles est disponible sur Prime Video.
Avis
La Tête dans les étoiles est ce qu'a pu proposer de pire Prime Video, malgré un goût certain dans leur catalogue pour les comédies françaises plus que douteuses. Véritable néant comique, artistique, où la débilité règne comme seul maître à bord, il faut à tout prix vous éloigner de ce navet qui mériterait d'être envoyé dans l'espace, afin d'éloigner tout regard humain de ce véritable cauchemar.