La Salle des profs, réalisé par İlker Catak, est nommé dans la catégorie meilleur film international aux Oscars 2024. Si le film ne semble pas de prime abord être dans le répertoire des Oscars, le long-métrage génère sa propre onde de choc et s’enveloppe dans l’étoffe qui font les grands films.
Le long-métrage La Salle des profs, réalisé par İlker Çatak intrigue depuis sa sortie. Loué par la critique, le film s’exporte depuis à l’étranger et attire même les regards de l’académie des Oscars.
Prendre une décision… et perdre le contrôle
La Salle des profs, c’est comment faire un bon film avec une histoire simple. Carla, une prof principale, assiste impuissante à un interrogatoire de ses élèves. Des vols ont été commis à plusieurs reprises dans le lycée, y compris dans la salle des profs. Ces actes mettent sous tension étudiants et professeurs. Carla décide un jour, d’allumer la webcam de son ordinateur et de le laisser là.
On en dira pas plus sur cette histoire pour en garder le suspens. C’est soufflant de retrouver ce sentiment d’authenticité qui prend à ce point aux tripes. Oui, tout peut déraper, et aller bien plus loin que ce que l’on croit. Et c’est parfaitement bien amené dans le film. Cependant, il y a tout de même un point à souligner, c’est que la fin nous laisse sur notre faim.
Un métronome glaçant
İlker Çatak parvient à nous transmettre cette étrange sensation que tout nous échappe et devient hors de contrôle. L’atmosphère du film est étouffante dès l’ouverture et la musique y contribue largement. Tic. Tac. Tic. Tac. Un seul son, mais un son électrisant. On ne comprend pas tout de suite ce qui se passe, et c’est cette incompréhension qui nous saisit à la gorge. La musique suggère quelque chose qu’on ne sait pas encore.
La mise en scène ajoute encore à cet étouffement. Les gros plans sur le visage de Carla, personnage principal, crée un espace contigu dans lequel on a l’impression de ne jamais réussir à sortir totalement. Sur ce dernier point, l’actrice Léonie Benesch crève l’écran. On comprend dans son regard ce combat entre réussir à garder la face et une angoisse submergeante. L’ambiance générale du long-métrage est aussi très intimiste. Une impression accentuée par des décors simples et surtout le cadre carré.
Un huis clos au casting pas suffisamment convaincant
Si peu de choses se passent à l’écran, toute la violence est dans les mots. Mais justement c’est aussi un peu ça le problème. Certaines scènes manquent de force. Dans les jeunes acteurs qui partagent l’écran avec Léonie Benesch (Leonard Stettnisch par exemple) certains ne parviennent pas à prendre le ton qui correspond à l’histoire. Les dialogues pourraient leur donner cette profondeur qui leur fait défaut, mais il manque quelque chose dans le jeu des enfants. Et c’est peut-être dans le regard que ça se joue. Si le corps suggère quelque chose, le regard ne suit pourtant pas.
Et dans une atmosphère à ce point contrôlée, ça ne va pas. La Salle des profs est à la limite du huis clos étouffant, le genre de long-métrage dont seule la porte de sortie permet de respirer. Mais qui dit huis-clos, dit casting irréprochable pour réussir à captiver l’attention jusqu’à la fin. Et c’est un point faible du film. Les adultes sont sidérants mais les enfants manquent de conviction.
La Salle des profs est un film à voir pour comprendre la force d’un scénario. L’actrice principale est écrasante dans cette histoire qui lui échappe. On a le cœur qui bat avec elle, on est pendu à ses lèvres dès les premiers instants du film.
La salle des profs est en salle depuis le 6 mars.
Avis
On connait tous ce sentiment d’avoir la poitrine prise par l’angoisse. Cette impression d’être vidé de son sang et qu'une main froide serre notre cœur. Pour nos lecteurs anxieux, c’est une sensation bien trop familière. Pour les autres, La Salle des profs donne un bon aperçu de cette écrasante angoisse dans un long-métrage à aller voir.