Avec Hunger Games – la Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, la franchise passe enfin à l’âge adulte, se délestant de ses défauts pour véritablement renaître de ses cendres et délivrer son meilleur épisode.
Hunger Games – la Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur aura donc pris huit années pour voir le jour. Huit années après Hunger Games – La Révolte, partie 2, conclusion décevante injustement étirée en deux parties, séparée d’un laps de temps nécessaire afin d’apprendre de ses erreurs pour renaître de plus belle. Délestée du duo de scénaristes Peter Craig et Danny Strong, responsables de ces deux derniers opus en demi-teinte, c’est donc l’équipe derrière le (jusque-là) meilleur épisode de la franchise, Hunger Games – L’Embrasement, qui reprend donc du service, avec le duo Michael Arndt à l’écriture et Francis Lawrence à la réalisation. Si ce dernier, à l’inverse de son chevronné comparse (derrière Little Miss Sunshine et Toy Story 3, entres autres) n’avait auparavant jamais brillé pour sa filmographie, malgré quelques énormes succès publics (Constantine, Je suis une légende, De l’eau pour les éléphants et Red Sparrow), son passage au sein de la franchise s’est donc avéré plus que payant.
Ainsi, avant un éventuel Constantine 2, le passage de Francis Lawrence sur les précédents épisodes et les séries prestigieuses See et The Serpent Queen, aura peu à peu redoré son blason, délivrant ici sa meilleure mise en scène et son projet le plus notable avec ce Hunger Games – la Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur. Telle la carrière inversée d’un David Yates qui n’aura ensuite plus jamais retrouvé la superbe de son Harry Potter et Les Reliques de la Mort – Partie 1, malgré son beau travail sur Les Animaux Fantastiques premier du nom, le réalisateur le devient ici vraiment en repassant sur tout ce qui faisait l’identité de la franchise Hunger Games au cinéma pour véritablement la faire passer à l’âge adulte, en gommant à la fois ses défauts les plus notables, et en amorçant un nouveau départ encore plus excitant que ses prédécesseurs.
District réussite
Hunger Games – la Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, tel le roman dont il est adapté, se déroule donc en trois chapitres, s’étirant sur près de deux heures et quarante minutes. Trois actes préfigurant l’ambitieuse ascension de Corolianus Snow, antagoniste porté dans les précédents épisodes par le charismatique Donald Sutherland, cédant ici sa place au « visage angélique revêtant bien des fêlures » de Tom Blyth. Ce dernier, dont la notable dynastie se voit ruinée après la guerre du Capitole, devra ainsi se faire mentor pour la dixième édition des Hunger Games, afin de redorer à la fois son nom et le destin de sa famille tombée en disgrâce. Et ce qui étonne au premier abord, c’est la sécheresse inattendue, qui prend aussitôt aux tripes, de ce cinquième épisode qui marque réellement un passage à l’âge adulte.
Exit les romances adolescentes, les intrigues amoureuses faisant traîner l’histoire et les parfois longues et inutiles préparations avant les très attendus instants de bravoures des jeux. Hunger Games – la Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur ne conserve que l’essentiel, en augmentant la cruauté et la sécheresse de son régime dictatorial, s’ancrant un peu plus dans un climat politique actuel toujours plus violent. Exit les belles tenues, les campagnes de communication et les personnages attachants, ce cinquième opus se fait ainsi volontiers fois plus sec, étendant sa maturité dans l’écriture de ses personnages, qui se font ici à la fois plus doubles et donc diablement plus intéressants. Si quelques carricatures et redites demeurent, tels des vestiges incontournables de la franchise (le personnage de Rachel Zegler, du présentateur de Jason Schwartzman et de la professeure campée par Viola Davis), jamais le scénario de Michael Arndt ne s’en sert pour faire du fan-service, mais pour conserver quelques repères autour de l’ascension d’un personnage beaucoup plus ample.
Trouble jeu
Hunger Games – la Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur ne se contente ainsi jamais uniquement de surfer sur le passé, ni de ne s’avérer n’être qu’une pâle redite de ses prédécesseurs. Parce que le scénario de Michael Arndt va beaucoup plus loin, en creusant en trois chapitres tout ce qui faisait la renommée des œuvres de Suzanne Collins, sans ne jamais rien sacrifier des parcelles foisonnantes de cette ascension d’un personnage qui s’avère, pour le moment, beaucoup plus passionnante et efficace que sa chute. En plus d’explorer plus amplement la vie d’un district, et toute la violence d’une société qui pourrira jusqu’à la plus substantifique moelle un être qui ne peut échapper à sa destinée, Hunger Games – la Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur s’avère ainsi aussi généreux en spectacle qu’en intimité, ne paraissant jamais aussi automatique, et rapidement cantonnée au sur-place, que la destinée d’une certaine Katniss Everdeen.
Un sentiment plus trouble, ne cédant jamais à la facilité d’antagonistes transfigurés en de sympathiques anti-héros dans nombre de franchises (tels Cruella et Saw X ) demeure alors, étoffant à la fois un personnage et une saga qui semble ici renaître de plus belle, délestée de ses batifolages et errements adolescente, malgré l’importance toujours prégnante de son message politique, mais se frottant ici enfin pleinement à l’âge adulte. De l’espoir qui renaît donc du retour d’une franchise, autrefois rapidement étiquetée en intelligente mais rimant avec adolescente, qui revêt ici une ambition à la fois plus grande et définitivement plus mature, d’un jeu qui ne joue pas simplement la redite mais se fait volontiers plus double et surtout plus trouble.
Hunger Games – la Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur est actuellement en salles.
Avis
Hunger Games - la Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur renaît ici véritablement de ses cendres en passant à l'âge adulte. Sans ne jamais rejouer la redite facile et l'outrancier fan-service tentant de renouer avec la gloire passée, ce cinquième opus conserve uniquement le meilleur de la saga, en l'ancrant autour d'un personnage plus trouble qui imprègne cette renaissance d'un goût plus trouble, double et exictant.