Hawaii nous ressert l’énième comédie d’amitié estivale, et malgré son casting, n’apporte absolument rien de neuf à la recette.
Hawaii est le troisième long-métrage de Mélissa Drigeard et également le troisième sur le thème des liens dysfonctionnels. Un sujet exploré via un trio de copines aux destinées sentimentales compliquées dans la comédie romantique Jamais le premier soir, dans Tout nous sourit, où un couple marié se retrouvait en week-end à la campagne avec leurs amants respectifs, puis donc dans ce Hawaii où une bande d’amis se balancera ses quatre vérités à l’occasion d’une fausse alerte missile sur l’île du même nom. L’occasion donc d’ajouter le métrage à la longue (et inépuisable) liste des comédies sur le même sujet, avec en parangon les incontournables Un éléphant ça trompe énormément d’Yves Robert, Vincent, François, Paul… et les autres de Claude Sautet, Mes meilleurs copains de Jean-Marie Poiré mais aussi Les Petits Mouchoirs de Guillaume Canet, dont le succès avec sa suite, Nous Finirons Ensemble, a su relancer une véritable mode.
On ne compte ainsi plus les ̶f̶i̶l̶m̶s̶ ̶d̶e̶ ̶v̶a̶c̶a̶n̶c̶e̶s̶ ̶e̶n̶t̶r̶e̶ ̶c̶o̶p̶a̶i̶n̶s̶ ̶à̶ ̶g̶r̶o̶s̶ ̶b̶u̶d̶g̶e̶t̶s̶ comédies du même ressort, ayant visiblement inspiré nos plus grands auteurs, de Barbecue et sa suite Plancha d’Éric Lavaine, du Champagne! de Nicolas Vannier en passant par le très récent Ma langue au chat de Cécile Telerman. Prenez donc des personnages aisés, à l’aube d’une crise de la quarantaine, voire cinquantaine, se retrouvant dans leur résidence secondaire, où en vacances dans une station balnéaire, contraints à se balancer leurs quatre vérités à la suite d’un quiproquo avant de se réconcilier en accolades sur des balades folk avec discours sur l’amitié en se disant à l’année prochaine, et vous obtiendrez, malheureusement, souvent le même triste résultat. Ainsi, malgré son pitch plus accrocheur (une fausse alerte), Hawaii (une fausse promesse) n’échappe jamais à la règle, se permettant même d’en rajouter une couche.
Alerte zéro originalité
Hawaii fait cependant l’effort d’une direction artistique soignée, surtout par la lumière de Myriam Vinocour, qui offre un tant soit peu d’identité à une comédie qui en manque cruellement. Parce que malgré son prestigieux casting (on ne va pas tous les citer), certains se trouvent souvent scotchés au même rôle (Nicolas Duvauchelle, la brute et William Lebghil, le candide) et peu sont ainsi ceux à tirer leur épingle du jeu. Si l’on retiendra les toujours parfaits Élodie Bouchez et Thomas Scimeca, Pierre Deladonchamps et Eye Haïdara, qui prouve son talent pour la comédie près le très moyen Les Femmes du square, où l’actrice demeurait le seul intérêt notable du projet, tous forment un ensemble plutôt générique, malgré les tentatives scénaristiques de Mélissa Drigeard d’apporter au rôle tenu par Manu Payet, ainsi qu’à tout son film, un versant plus drammatique.
Malgré toutes ses belles promesses (toutes tuées dans l’œuf juste après sa scène d’introduction), Hawaii passera ainsi par tous les lieux communs du genre, en prenant un soin tout particulier à ne particulièrement rien proposer de neuf. Ainsi, malgré une scène de soirée filmée en simili plan-séquence, rien ne viendra laisser de souvenir impérissable de ces vacances que l’on à déjà vue mille fois, en mieux comme en pire ailleurs. Hawaii ne dit ainsi rien de nouveau sur l’amitié, les vacances, et excusent presque certains de ses personnages aisés de l’être et de ne surtout jamais avoir à se justifier de leur comportement parfois complètement insupportable. Avec une tendance particulière pour filmer des scènes sous substance diverses, et avec une haine qui aurait pu être jouissive contre les enfants, cela ne permet pourtant jamais Mélissa Drigeard de proposer un regard plus trash, plus osé, où même plus personnel sur ces sujets.
Film de vacances au repos
Mais voilà, si Hawaii n’aurait pu rester qu’une comédie estivale sur l’amitié noyée sous d’autres propositions du même acabit, le scénario veut aller plus loin que sa sympathique carte postale. Et c’est ainsi ce qui rend cette comédie encore plus insupportable, lorsque Manu Payet, ivre sur la plage, se fait narrateur désespéré d’une vie qui avance malgré tout, de laquelle il ne peut finalement rester de côté, et se passer de ses amis, même si ce sont tous des menteurs avérés. Le film de Mélissa Drigeard, derrière ses airs mélancoliques appuyés, et sonnant surtout cruellement faux, semble ainsi vouloir amener son film vers l’intime, pour finalement retomber sur ses pieds dans un final, une fois de plus, ronflant de banalité.
Si l’on sauvera ainsi ses acteurs, jouant tous pour le collectif et offrant quelques rares jolis moments, on ne saurait que trop recommander aux producteurs et aux scénaristes de proposer autre chose que cet inévitable et insupportable amas de clichés qu’est devenu la comédie de vacances sur l’amitié. Refuge facile pour réunir une brochette d’acteur bankable venus ici à la fois s’amuser et s’énerver dans des carricatures de disputes, on regrette cependant pour Hawaii qu’un casting aussi prestigieux ne se trouve cantonné qu’à rejouer la même tambouille, transfigurant leur présence en un beau gâchis, comme de la promesse plus audacieuse d’une comédie qui s’avère finalement aussi feignante qu’un film de vacances au repos.
Hawaii est actuellement au cinéma.
Avis
Hawaii, malgré sa direction artistique soignée et son casting prestigieux, n'a finalement rien à amener de neuf à l'inépuisable et éreintant prototype de la comédie de vacances sur l'amitié. Trahissant sa promesse en un ronflant film estival au repos, et se prenant les pieds dans le tapis en tentant d'y apporter un côté volontiers plus dramatique, Hawaii n'est finalement rien d'autre qu'une comédie générique vue mille fois en mieux et en pire ailleurs.
2 commentaires
Bonjour, j’avais hâte de découvrir Hawaï qui a été tourné à La Réunion. Je m’attendais à voir un super film avec de l’action & un scénario professionnel compte tenu de l’excellente bande annonce. Hélas, ce long-métrage est à des années lumières de ce qu’on peut appeler un très bon film. C’est plat, très monotone, ennuyant et tout tourne qu’autours des copains dans des pièces sombres (Trop redondant) … leur échange sont carrément nuls, sans intérêt et pas bienveillant. De nombreuses séquences sont inutiles et pas nécessaires, certaines bougent trop ou bien avec de nombreuses scènes de nudités … dont la dernière, vers la fin du film avec l’homme à poil devant deux jeunes enfants assis à la table devant lui. J’imagine le nombre de prise qu’il a fait ce comédien devant ses gamins. Autrement le vrai Hawaï c’est de nombreux paysages spectaculaires avec de la musique Hawaïenne, de grosses vagues, du surf, des gens surtout hyper agréables & positifs. Là, c’est l’histoire très négative qui manque de dynamisme et de réalisme. Je me demande comment Warner & OCS ont pu investir dans un navet de la sorte. Comme quoi, tout est une question de contact dans cette industrie. J’ai une pensée pour les téléfilms qui avec beaucoup moins de budget, font de meilleurs projets. Enfin bravo à l’acteur qui jouait le Lifeguard, le plus crédible de ce film à mon humble avis. En terminant, je n’ai pas l’habitude de laisser un mauvais commentaire et je suis conscient que ce n’est pas facile de faire un film, mais ce qui m’agace, c’est d’avoir l’impression d’avoir perdu mon argent et que des millions d’euros venant de la poche des contribuables finance ce genre de mauvais films. Bien respectueusement.
Stephan Beauregard est d’une nature obsessionnelle et mythomane. Il a détesté le film « Hawaii » sorti récemment. Il l’a tellement détesté qu’il a écrit une critique longue comme mon bras qu’il a posté sur Allociné, Sens critique, Google, YouTube, l’infotoutcourt, un site suisse, un autre site belge dont j’ai oublié le nom… et j’en passe…. Tellement détesté qu’il trouve suspect que d’autres personnes aient aimé. Alors on est en droit de se demander pourquoi tant de haine ? Après tout ce n’est qu’un film… Il se trouve que Stephan Beauregard dont le plus haut fait d’arme en tant que comédien est d’avoir fait une panouille dans Terrible Jungle tourné à La Réunion, n’a pas été pris lors du casting de Hawaii tourné également à la Réunion et que visiblement ça lui reste en travers de la gorge… On peut appeler ça de la malhonnêteté intellectuelle ou de la rancune tenace ou de l’aigreur moisie.. en tous cas ce n’est pas bien beau Stephan.