Après Uncharted, Playstation et Sony mettent les bouchées doubles pour exploiter leurs licences vidéoludiques au cinéma. Gran Turismo, la célèbre franchise de simulateur de course automobile, a donc droit à cet honneur, dans un film réalisé par Neill Blomkamp (District 9, Chappie). Le résultat laisse finalement de marbre malgré son histoire basée sur des réels, et une fabrication de bonne tenue.
« Gran Turismo n’est pas un jeu, c’est le plus grand simulateur de course automobile jamais conçu ». C’est sur ce dicton répété au moins 3 fois dans le film que le projet peut-être visualisé, passé son côté « histoire vraie ». En effet, n’importe quel gamer a déjà entendu parler de Gran Turismo depuis plus de 20 ans, franchise phare de Playstation (face à Forza chez Microsoft).
Difficile donc de légitimer une adaptation filmique (Need for Speed avait d’ailleurs tenté ce périlleux exercice par le passé), mais miracle, un joueur de GT a réussi à devenir pilote professionnel en 2011 ! Via un coup de com’ savamment orchestré, une compétition mondiale de Gran Turismo a pu être gagnée par 5 joueurs, ayant ensuite rejoint la GT Academy dans une compétition impliquant cette-fois de vraies voitures et de vrais circuits.
Jann Mardenborough a donc pu obtenir un contrat avec Nissan (et est toujours pilote à l’heure actuelle). Gran Turismo entend donc conter cette histoire dans la plus pure tradition du mythe américain à la « self-made man ». Mais derrière ce vernis de conte de fée moderne, difficile de passer outre la démarche mercantile et promotionnelle derrière !
En circuit fermé
Surtout lorsque le métrage fait l’éloge régulière de Gran Turismo ou de Nissan à tour de bras lors de la première heure. Même Orlando Bloom peine à exister dans son personnage de directeur marketing. Le tout n’est également pas aidé par une facture visuelle crypto-documentaire sans aspérité, et la caractérisation également lisse au possible du protagoniste joué par Archie Madekwe (See).
Conflits avec papa (un Djimon Hounsou toujours impliqué) car « les jeux vidéos ça va pas t’emmener vers un avenir » vs « mais je veux devenir pilote il n’y a que ça que j’aime »,amourette expédiée sans aucune emphase, autres personnages tertiaires inexistants.. les rails narratifs commencent à franchement se voir avant que la surprise arrive : un réalisateur est (à peu près) présent !
On connaissait Neill Blomkamp avant tout pour ses films de SF personnels (et diablement réussis) comme District 9 et Chappie, avant que ce dernier ne tombe finalement dans un certain oubli, faute de projets à financer. Le voir s’attaquer à Gran Turismo en tant que yes man fait donc forcément de la peine, mais le cinéaste sud-africain amène ici une vraie technicité à l’ensemble des séquences sur le bitume.
Véhicule avec du kilométrage
Malgré sa trame cousue de fil fluorescent, une certaine efficacité est ainsi à noter dans sa recette qui recycle tout ce qu’on connait des films sportifs, jusque dans la figure du vieux briscard traumatisé qui va coacher notre héros à la dure (un très bon David Harbour). La mise en scène reste plus timorée et moins flamboyante que ce à quoi le réalisateur nous avait habitué (le tout manque de nervosité et d’adrénaline), mais arrive par petites touches à apporter un certain dynamisme. Le tout devient plus incarné passé la première heure, alors que les enjeux sportifs deviennent plus importants.
Gran Turismo trouve ainsi son point d’orgue dans un climax prenant aux 24h du Mans, faisant la part belle à des prises de vues en drone pertinentes, un montage incisif, un très bon sound design, et même quelques petites idées (la voiture tel un mecha pour le joueur). Pas de quoi complètement justifier cette grande entreprise (ni la rendre inoubliable), mais de quoi offrir un visionnage relativement satisfaisant à l’arrivée (malgré la grisaille visuelle ambiante). Pour le reste, on va gentiment se revoir Ford v Ferrari, Rush ou même Jours de Tonnerre !
Gran Turismo sortira au cinéma le 9 août 2023
avis
Avec Gran Turismo, on tient tout ce qu'il y a de plus classique et usé dans le genre du film sportif automobile. Passé une mise en place laborieuse, Neill Blomkamp semble mieux s'intéresser à ses personnages et leurs enjeux, tout en donnant une certaine énergie aux séquences de course. En résulte un visionnage qui n'est pas déplaisant, mais qui ne laissera aucune réelle marque.