Atlas envoie JLo dans l’espace à la poursuite d’un robot caricatural. Le produit fini sent le roussi et suinte les textures baveuses.
Jennifer Lopez dans un blockbuster de science-fiction, qui l’aurait cru ? Le renouveau souffle sur la carrière de la chanteuse, actrice, mannequin, danseuse, femme d’affaires et productrice (tout ça !). La quinquagénaire poursuit sa collaboration avec Netflix, après une première expérience en 2023 dans The mother, un action-thriller. Et la voici aujourd’hui actrice principale et co-productice d’Atlas, un long-métrage de science-fiction réalisé par Brad Peyton (San Andreas, Rampage, Voyage au centre de la Terre 2, …). Film éponyme, il raconte l’histoire d’Atlas Shepherd, brillante analyste et accessoirement la fille de l’inventrice d’un lien neuronal synchronisant les robots et les humains. De cette innovation naît Harlan, un robot très méchant et très puissant, qui terrorise la Terre depuis 28 ans. Et c’est à Atlas qu’il incombe de sauver l’humanité ; elle seule peut venir à bout de la menace.
Jenny from the cosmos
Comment tirer son épingle du jeu, lorsqu’on est une énième œuvre de science-fiction traitant de robots pas très sympas (2001, Blade Runner, Terminator…) ? Atlas surfe sur la vague Neuralink, suscitant de moult remous outre-atlantique. Il s’agit de la nouvelle lubie d’Elon Musk, en train de développer des « liens neuronaux » entre les humains et les ordinateurs, via un implant sous-cutané. Dans le film, le dispositif se clipse derrière l’oreille et permet de se synchroniser avec un exosquelette géant similaire à ceux d’Avatar ou de Pacific Rim. Atlas expose alors, via le personnage de Jennifer Lopez, le dilemme qui se pose actuellement à nous. Refuser la science ou l’embrasser ? Représente-t-elle un danger pour notre vie privée (le robot a accès à toutes nos pensées), ou permet-elle de tendre vers un futur meilleur en combinant la puissance de l’IA à notre créativité ? Le long-métrage expose ce problème en se focalisant sur la relation entre Atlas et son robot exosquelette, Smith.
Lorsque Atlas localise Harlan sur une planète très lointaine, elle embarque immédiatement en sa direction. Hélas, le cyborg les attendait et décime toute l’équipe à l’exception d’Atlas. La misanthrope et technophobe est alors obligée de s’allier avec Smith pour survivre et sauver la Terre. Seulement, leur relation apparait assez convenue et prévisible. Le film n’apporte pas grand-chose aux relations humains – robots. Malgré quelques notes d’humour, Atlas semble s’adresser à une simple synthèse vocale comme Siri ou Alexa. Tandis que les dilemmes évoqués plus haut ne seront pas assez développés, ensevelis sous un scénario convenu. Le film parvient tout de même à se rythmer grâce à une Jennifer Lopez qui traverse toutes les émotions. Certes, parfois en forçant un peu trop le trait.
C3-JLO
Atlas se dote d’un scénario typique de science-fiction. En d’autres termes, il ne faudra pas s’attendre à la moindre surprise. La situation initiale fait platement état d’une menace robotique, en tentant de surfer sur la mode de l’IA. La suite se déroule de manière tout à fait prévisible, alternant entre des combats, des retournements de situation éculés, l’éternel sacrifice d’un personnage secondaire et la consécration pour le personnage principal par l’élimination de l’antagoniste. Et malgré le bon jeu de son acteur Simu Liu, Harlan semble même se muer en caricature. Ses yeux bleus bizarroïdes dignes d’une chirurgie esthétique ratée s’ajoutent à un certain nombre de répliques plus ou moins bidons.
Visuellement, le film fait un peu mieux. Si les scènes de combat ne révolutionnent pas le cinéma par leur audace, elles ont le mérite d’être propres. La caméra se positionne toujours bien, de manière à garder une bonne lisibilité malgré un nombre important de forces en action. Hélas, les effets spéciaux se montrent parfois pâteux et manquent de finesse. La bande-son, quant à elle, a le mérite de se faire discrète, afin d’éviter le naufrage total.
Pâle copie
Atlas montre une Jennifer Lopez s’adaptant relativement bien à un tout nouveau registre. Malheureusement, le film n’offre pas assez de matière pour que sa prestation suffise à tenir en haleine. Le registre de la science-fiction par les implants neuronaux n’est pas assez investi. Pire, il s’embourbe dans un pitch banal et prévisible. Visuellement, sa belle palette de couleur et ses combats rythmés souffrent aussi d’effets spéciaux parfois grossiers.
Atlas est sorti le 24 mai 2024 uniquement sur Netflix.
Avis
Atlas est un film de science-fiction qui ne prend pas de risque. Sous couvert de problématiques d'implants neuronaux, il se contentera de cocher des cases. Il applique la recette du film d'action dans l'espace à la lettre. En résulte un long-métrage pataud et flasque.