Après Top Gun Maverick, Joseph Kosinski revient avec F1 ! Premier gros film dans l’univers de la Formule 1 officiellement adoubé par la fédération, ce blockbuster aussi impressionnant que calibré place Brad Pitt au volant des bolides les plus rapides au monde.
F1 arrive 3 ans après le giga-succès de Top Gun Maverick ! Le réalisateur Joseph Kosinski (Tron Legacy, Oblivion) et le producteur Jerry Bruckheimer (Pirates des Caraïbes, Lone Ranger, Bad Boys, Jours de Tonnerre) retentent l’expérience du « blockbuster à la 80’s-90’s » avec Apple et Warner Bros. Et avant un inévitable Top Gun 3, on abandonne les jets hors de prix…. pour les voitures hors de prix !

Se déroulant dans l’univers de la F1 (cqfd), le film nous présente une nouvelle écurie nommée APXGP menée par Ruben Cervantes (Javier Bardem). Désireux de créer une dream team pour remporter le Grand Prix, il va aller chercher un jeune surdoué du nom de Joshua Pearce (Damson Idris) et une star déchue de la course automobile : Sonny Hayes (Brad Pitt), un maverick de la conduite censé assurer un rôle de mentor pour assurer leur victoire.
Scénario en longue ligne droite
D’une durée de 2h30, F1 étire ainsi un scénario relativement direct qui déroule un programme à la fois attendu, et également rafraîchissant. Renouant avec l’esprit Bruckheimer des 90’s (voire début 2000), le film nous propose des séquences de course de haute volée, une cool attitude de chaque instant, et la petite amourette classique au service du jeunisme d’un Brad Pitt voulant rejoindre Tom Cruise.
C’est ce qui constituera la force et la faiblesse de ce F1 : les circonvolutions narratives demeurent globalement légères (et ne justifient donc jamais la durée du métrage). De plus, Sonny Hayes demeure un personnage globalement lisse malgré son trauma original lié à un accident de voiture. Le protagoniste doit donc beaucoup au charisme inébranlable d’un Brad Pitt n’assumant qu’à moitié son âge.

S’impliquant dans une amourette fastoche (avec la néanmoins très bonne Kerry Condon qui est à la fois un atout charme mais aussi de médiation entre les personnages) aussi facilement que derrière le volant, Brad Pitt a tout d’une star éternelle dans chaque photogramme de F1. Un petit exploit que l’on doit bien sûr à l’acteur, mais également au sens du cinégénique de Kosinski.
Même le jeune Damson Idris (Snowfall) parvient à tenir la dragée haute à Brad Pitt, alors que leurs personnages d’abord rivaux par pur ego vont devoir collaborer ensemble pour mener à bien le succès de leur écurie. Et même si la trame use de ce leitmotiv répétitif, le tout fonctionne allègrement, alors que F1 évolue dans un cadre tiraillé entre réalisme et spectacle Hollywoodien.
F1 entre réalisme et spectaculaire
Une ambivalence qui donne parfois le meilleur des 2 mondes, à savoir l’intégration de sponsors-pilotes (Verstappen, Hamilton..) issus du monde de la Formule 1, de l’autre un sens du spectaculaire plus proche de l’héritage d’un Rush ou Ford v Ferrari. Pour autant, cet équilibre est aussi parfois rompu, dès lors que les pilotes réels sont cantonnés à des apparitions fastoches sans ligne de dialogue, ou que le film enchaîne les accidents par pur sensationnalisme.
C’est particulièrement probant après le premier gros crash d’un des 2 pilotes : spectaculaire et nourri d’une vraie tension dramaturgique, ce dernier sera rapidement évacué sans grosse incidence physique ou psychologique séquellaire. On rigolera donc devant la dangerosité globale de cette écurie APXGP, évitant toute disqualification par pure suspension d’incrédulité.

Oui, le script de F1 est donc plutôt facile, mais a le mérite de mettre en opposition la recherche de fame face au plaisir pur de la course automobile, la nécessité de catharsis personnelle en vue d’une collaboration fructueuse, et bien sûr le dépassement de soi dans une pure construction narrative consubstantielle avec le milieu sportif investi.
Technicité de haute volée
Mais là où F1 impressionne réellement est dans sa technicité globale : aidé de l’ahurissante photographie de Claudio Miranda (L’Odyssée de Pi, Benjamin Button), le film enchaîne les séquences de course viscérales via des plans tous simplement jamais vus au cinéma. La caméra arnachée à raz d’asphalte, sur les bolides ou près des la tête des acteurs (pilotant eux-mêmes des F2) amènent une capacité de sidération et d’implication physique de chaque instant.

De quoi proposer de vrais moments de cinéma même lorsque la course en elle-même se veut plutôt classique en terme de scénographie. On regrettera d’ailleurs une BO de Hans Zimmer sans réelle identité, même si plutôt efficace lorsque couplée au montage du film, sa soundtrack de stars et un excellent sound design.
In fine, F1 a tout du blockbuster estival classique, voire empêtré dans ses codes. Pour autant, Kosinski fait toujours preuve d’un savoir-faire inattaquable en terme d’artisanat. Dopé par son très bon cast et un esprit 90’s digne d’une madeleine de Proust, on tient là une chouette proposition bien que perfectible dramaturgiquement ! Pas trop mal quoi !
F1 est sorti au cinéma le 25 juin 2025
avis
F1 a tout du blockbuster à l'ancienne et à la gloire de sa star Brad Pitt. Derrière ses intentions nobles restent cependant un scénario classique inutilement étiré qui n'hésite pas à embrasser des codes éculés. Pour autant, le nouveau film de Kosinski fait montre d'une technicité irréprochable, qui aidé de son charismatique casting de talent, propose des séquences de course aussi viscérales que percutantes dans leur visuel. Pas trop mal donc.