Coup de théâtre se propose de rejouer le whodunit à la sauce méta. Mais derrière une allure de petit malin, le tout s’avère cependant très poussiéreux et surtout très opportuniste.
Coup de théâtre s’entend ainsi rejouer et relire le genre très apprécié du whodunit. Ressuscité par un seul et même homme, l’influence du A couteaux tirés de Rian Johnson, qui déjouait une à une les attentes inhérentes au genre en le faisant basculer vers une lutte des classes salutaire et réjouissante, semble ici inévitable. Parce que le film de Tom George, pourtant porté aussi porté par un prestigieux casting, s’approche plus des poussiéreuses et grossières approches de Kenneth Branagh et de ses deux horripilantes adaptations d’Agatha Christie. Tout en rejouant cependant une posture de petit malin, qui s’avère finalement aussi vaine que poussiéreuse.
Crimes et gros sabots
Coup de théâtre nous conte ainsi le meurtre d’un réalisateur détestable (Adrian Brody), en plein cœur de la pièce de théâtre dont son film doit être adapté. Nous sommes dans le Londres des années 50, et La Souricière d’Agatha Christie fête sa 100ème représentation, lorsque tous ses protagonistes se trouvent accusés de meurtres par un détective surprenamment (c’est ironique) au bout du rouleau (Sam Rockwell) et d’une jeune recrue très consciencieuse (Saoirse Ronan). Au détour de ce schéma vu mille fois, voire plus encore, Tom George va jusqu’à réutiliser les fameux visuels inhérents au genres, des fameux split-screen à la mise en scène rythmée de jazz.
![Critique Coup de Théâtre](https://linfotoutcourt.com/wp-content/uploads/2022/09/Critique-Coup-de-Theatre-1.jpg)
Pourtant, malgré son côté lourdement méta, (on verra apparaître Agatha Christie herself et les deux protagonistes d’adresseront directement au public), rien n’est cependant à sauver dans cette démonstration paresseuse. L’enquête, comme tous les protagonistes demeurent finalement très fades et malgré son intention de base de relire un genre très codifié, le scénario de Mark Chappell n’évite cependant jamais d’y plonger tête la première pour notre plus grand ennui. Ce n’est pourtant pas faute d’acteurs talentueux, mais si un jouissif Adrian Brody disparaît très vite, Sam Rockwell semble endormi et on ne pourra malheureusement compter que sur la talentueuse Saoirse Ronan pour illuminer un peu ce récit alambiqué.
Coupable mais sans plaisir
Il faudra ainsi s’armer de patience devant ce Coup de théâtre aussi fade que paresseux. Là où Rian Johnson savait jouer de ses décors, comme ce sublime fauteuil émaillé de couteaux, jamais Tom George ne semble inspiré par ces pourtant si beaux lieux, de ceux du théâtre jusqu’au Londres des années 50 pour dynamiter un peu son récit. Et ce n’est pas les intentions grossières du scénario qui viendront sauver l’ensemble, rejouant ici une lutte des classes de pacotille où des pauvres aux riches tout le monde s’avère finalement bête et cupide jusqu’à nous rejouer le pire du théâtre de boulevard. Même l’aspect féministe du film tombe à l’eau, noyé sous les gros sabots d’un récit qui choisit ici plutôt l’énième relecture que la réinterprétation contemporaine.
![Critique Coup de Théâtre](https://linfotoutcourt.com/wp-content/uploads/2022/09/Critique-Coup-de-Theatre.jpg)
Coup de théâtre s’observe ainsi surtout comme une tentative poussiéreuse et finalement très opportuniste de surfer sur le récent regain de popularité d’un genre resté des années cantonné à la désuétude. Comme à une époque où les studios proposaient des projets similaires à ceux des concurrents pour surfer sur la popularité de l’autre, Coup de théâtre ne paraît finalement être qu’un produit d’appel censé capitaliser sur le succès d’autres projets, avec tout le côté mercantile que cela revêt. Rien à signaler donc, aucun coup de théâtre mais plutôt un coup de tiroir-caisse, qui résonne aussi vide que ce long-métrage condamné à errer dans l’oubli.
Coup de théâtre est sorti le 14 septembre 2022.
Avis
Coup de théâtre n'a rien de neuf à proposer qu'une relecture faussement méta mais réellement opportuniste et mercantile d'un genre ayant retrouvé la grâce récemment, dont le film se contente de rejouer la même formule sans aucune appropriation ni prise de risques. Ecrasé par le travail de Rian Johnson, rejoignant plutôt les adaptations foireuses de Kenneth Branagh, Coup de théâtre résonne surtout comme un coup de tiroir-caisse.