Carême est une série Apple TV+ réalisée par Martin Bourboulon (Les Trois Mousquetaires), revisitant la vie d’Antonin Carême, célèbre pâtissier ayant vécu sous l’ère Bonaparte. Espionnage, romance, gastronomie… que vaut donc cette nouvelle série française ?
Après Le Comte de Monte Cristo, on a l’impression que le patrimoine culturel français a encore de beaux jours devant lui. Carême est pourtant un projet conceptualisé par des américains, adaptant librement le livre Cooking for Kings: The Life of Antonin Carême pour le compte de la plate-forme Apple TV+ ! Et comme le titre du matériau-source l’indique, ce projet a comme protagoniste le premier grand chef de la haute gastronomie française !

Mise en scène par Martin Bourboulon (Eiffel, Les Trois Mousquetaires), Carême nous place ainsi dans le Paris du début du XIXe siècle alors sous pouvoir Bonapartiste. Antonin Carême est un orphelin recueilli par Sylvain Bailli, un pâtissier injustement arrêté pour complot envers l’Ordre établi. Antonin va ainsi s’allier contre son gré à Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, le ministre des Relations publiques dont le but secret est de gravir les échelons du pouvoir face au Consulat.
Cuisinier au talent hors du commun, Carême devient à la fois pâtissier en chef pour Napoléon, et espion au service de Talleyrand. La série va ainsi nous emmener tout au long de ses 8 épisodes dans une intrigue englobant politique, trahisons, amours et scènes de cuisine, rythmées par la BO de Guillaume Roussel.
Petits oignons
Et même si le postulat de Carême tend vers la fiction romanesque, il faut avouer que que le plaisir d’avoir affaire à une revisite de l’Histoire de France est initialement présent dans un double-épisode introductif enchaînant les scénettes obligées du genre (dîners mondains et orgies sous opium en prime). L’action à beau se dérouler quasi exclusivement en huis-clos, un effort salvateur est fait en terme d’immersion globale pour plonger le spectateur dans les Tuileries ou le Palais Royal.

Mais il suffira de jeter un œil aux costumes (de belle qualité cependant) pour comprendre que Carême a le postérieur entre 2 chaises : embrasser le bagage historique et moderniser le tout à sauce streaming 2025 ! Dès lors, le show piloté par Bourboulon (qui avait eu le même postulat pour son adaptation de Dumas) souffle le chaud et le froid en terme de pur projet créatif.
Première force et pas des moindres : le casting ! Mené par Benjamin Voisin (la révélation d’Été 85, Illusions perdues ou Jouer avec le feu), ce dernier confirme son talent et sa versatilité en véritable chien fou mû par un désir de vengeance, mais également épicurien notoire. Le comédien capte de par son jeu évoluant avec une aisance rare entre chaque facette d’Antonin Carême, pourvoyeur à lui seul des émotions qui manquent à l’ensemble de sa narration.
Carême, ou le mi-cuit qualitatif
La série est à son meilleur lorsqu’elle se concentre sur la passion même du personnage, via des séquences en cuisine ludiques prônant l’effort collectif et la créativité. Une des meilleures séquences de cette saison 1 tient d’ailleurs dans une compétition culinaire, touchant à la substantifique moelle du sujet global de Carême.

Pour le reste, la dimension espionnage semble parfois montée au chausse-pieds (on est pas chez Malotru), où une dissonance ludo-narrative prime à coups de cuisiniers devenant l’instrument et le fer du lance des puissants de France. C’est d’autant plus flagrant lorsque Carême se la joue feuilleton à midinettes, balançant quelques scènes de fesse aussi chastes que possible, sacrifiant au passage l’excellente Lyna Khoudri sur l’autel du second rôle trouble, sans consistance et bien ingrat.
Heureusement, Carême réussit la relation d’équilibre amitié-haine avec Talleyrand, via un Jérémie Renier charismatique au possible : un mentor multipliant les zones d’ombre, et autant pourvoyeur de machinations que Micha Lescot en Fouché, le chef de la police aussi sadique que trucculent). Lorsque ce trio est à l’écran, on pardonne aisément à Carême ses sous-intrigues disparate et inconstantes en qualité. Et même si la réalisation globale est propre (mais sans point de vue de mise en scène non plus), ou que l’épisode 8 se conclue sur un faux-cliffhanger, difficile de voir en quoi le concept mérite d’autres recettes !
Carême Saison 1 débute le 30 avril sur Apple TV+
avis
Carême a divers ingrédients de qualité pour constituer son mariage entre drame historique, histoire de vengeance, romance charnelle, intrigue d'espionnage et déclaration d'amour aux productions culinaires d'une grande figure de la cuisine française. Pourtant, la série pilotée par Martin Bourboulon ne parvient pas réellement à donner de la cohésion à sa recette globale, oscillant entre série plaisante via les moyens affichés et son casting de talent... et pur produit streaming sacrifiant ses intentions et personnages.