Cette année Taika Waititi s’est lancé dans l’aventure du remake du film de Terry Gilliam, Bandits Bandits, sorti en 1981. Avec un casting composé de Lisa Kudrow (Penelope) Kal-El Tuck (Kévin) Tadhg Murphy (Alto) etc, la série, disponible sur Apple TV +, essaie de suivre le chemin de son illustre prédécesseur et prend plutôt l’allure d’un encyclopédie du voyage dans le temps pour les nuls.
En 1981, Kevin est réveillé par six nains, sortis tout droit de son placard. En 2024, Kevin est, lui, réveillé par une troupe de six bras cassés qui se disent être des bandits. Ces bandits ont en commun d’être traqué par l’Être Suprême, et tous cherchent à protéger une étrange carte qui permet de voyager à travers l’Histoire…
Un remake au goût du jour
Bandits Bandits , est sans conteste une histoire qui s’adapte parfaitement au format sériel. C’est en effet une mine d’or pour étendre le scénario : un épisode correspond à une époque historique. Jusque-là, rien de très surprenant. Pour les amateurs du film de 1981, le Bandits Bandits de 2024 reprend les premières grandes scènes marquantes, de l’ouverture de l’armoire de Kevin jusqu’à l’apparition de l’Être Suprême. Ce pilote de la série parvient même à toucher du doigts une sorte de kitch nostalgique, donnant le sentiment de regarder une série vieillotte, aux effets spéciaux un peu trop visible. On a donc un premier épisode qui semble bien ficelé et qui se fait la promesse d’une belle aventure.
Le remake de Taika Waititi fait intelligemment de nombreux clins d‘yeux au film. Mais il est clair que les mentalités ont changées, et la série s’efforce tant bien que mal de faire ressentir cette évolution. Les femmes ont en effet une place bien plus importante. Ce qui est n’est pas très difficile comparé au film de 1981 presque 100% masculin. Penelope qui se veut leader, mais pas trop non plus, du groupe des bandits est la présence féminine par excellence. Entre la petite sœur, puis l’antagoniste féminine qui poursuit inlassablement le groupe et enfin les nombreuses reines que croise la troupe, les femmes ont une présence tangible dans cette version de 2024.
Une esthétique vibrante en couleur
Si le film de Terry Gilliam est, pour un regard contemporain, marqué par un grain de l’image parfois un peu vieillot, ce qui en fait tout son charme, la série tire sa force autre part. En effet, le changement d’époque est toujours parfaitement amené et c’est là qu’est saisie l’attention du spectateur. On a envie de voir quelle sera la prochaine ère abordée. Aussi, Bandits Bandits en 2024 mise plus sur sa capacité à offrir un spectacle technique. En cela, les décors sont variés et on voyage, non sans un certain plaisir avec les personnages.
Toutes ces époques que l’on traverse avec les bandits sont marquées par une colorimétrie très forte. Ce qui est très agréable à regarder, soyons honnête. Un coup d’œil suffit pour se rendre compte du travail porté sur certains détails des costumes ou simplement des lieux. De fait, on a l’impression d’évoluer dans un univers qui semble, par moment, essayer de rivaliser avec un esthétique qu’on pourrait retrouver chez Wes Anderson ou Damien Chazelle.
Un humour dont on se passerait bien
Cependant, cette colorimétrie et ce faste des décors se transforment vite en cachette de la bêtise des personnages. En effet, la série se teinte d’un humour lourd et grotesque qui en devient lassant. Les personnages sont totalement ineptes et Bandits Bandits ne fait que jouer sur un détail qui aurait pu se conclure dès le premier épisode. On nous rabâche en effet les oreilles sur les mêmes micros-éléments, parfois totalement inutiles, du caractère des personnages.
Ainsi, certaines scènes en deviennent tout simplement ridicule par leur redondance. C’est là le principal problème. La série se destine sans conteste à un public plus jeune que celui du film. Certains passages inquiétants dans la version de 1981 sont ici maquillés par un humour patachon et lourdingue. Autrement dit, pour les amoureux du film, il est fort à parier que le remake de 2024 n’apporte pas grand-chose et en deviennent plus susceptible de fragiliser le souvenir laissé par la version de Gilliam.
La série Bandits Bandits ne se hisse donc pas à la hauteur des attentes pour un public familier de la version de 1981. En 2024, le scénario s’abime dans un ridicule dont l’histoire n’avait pas besoin et se fait théâtre d’un récit burlesque et franchement idiot.
Bandits Bandits est diffusé sur Apple TV + depuis le 24 juillet 2024.
Avis
Le remake de Bandits Bandits ne réussit pas son pari en se destinant à un public sensiblement différent de celui de 1981. Le sérieux du premier se maquille sous une lourdeur humoristique qui en devient plus qu’écœurante et qui rend malheureusement assez poussif le visionnage de la série.